Nombre de commentateurs ont fait de l’assemblée du synode qui vient d’avoir lieu un événement à nul autre pareil. Force est pourtant de constater que, sans nier la nouveauté du processus engagé par le pape François ainsi que de ses modalités concrètes de mise en œuvre, la messe célébrée le dimanche 29 octobre dernier l’était en conclusion de la XVIe assemblée générale ordinaire du synode des évêques. Cela signifie que ce synode des évêques n’était pas le synode des évêques : c’était un synode, ni plus ni moins que les quinze autres qui l’ont précédé, pour ne prendre en compte que les assemblées ordinaires. Le synode des évêques est un organe institué par le pape Paul VI en 1965, et auquel il est fait référence dans le décret du Concile Vatican II relatif à la charge pastorale des évêques (Christus Dominus, n. 5). Il s’agit donc d’une institution bien établie, qui ne monopolise pas, du reste, l’intégralité de ce qu’on entend par « synode » dans l’Église, puisqu’existent aussi des synodes au niveau diocésain. Chaque synode des évêques a son thème propre. Sous le pontificat du pape François, les synodes des évêques ont porté sur la famille, sur les jeunes, sur l’Amazonie, et sur la synodalité.
La synodalité, mais encore ? Les deux termes de « synode » et de « synodalité » sont très proches, évidemment, mais se distinguent l’un l’autre. Comme l’explique un document de 2018 de la Commission théologique internationale (n. 5) : « Dans la littérature théologique, canonique et pastorale des dernières décennies est apparu l’usage d’un néologisme, le substantif “synodalité”, corrélatif de l’adjectif “synodal” ; tous les deux dérivent du mot “synode”. On parle ainsi de la synodalité comme “dimension constitutive” de l’Église, ou tout simplement de “l’Église synodale” ». L’idée sous-jacente à ce nouveau terme est en elle-même assez simple : est-ce que ce que l’Église fait quand elle tient des synodes ne correspondrait pas à aspect de sa vie qui pourrait être étendu à d’autres réalités que les seuls synodes ? Le terme même de « synode » signifiant en grec « chemin commun », est-ce que l’Église ne devrait pas entrer dans une compréhension plus approfondie de ce « chemin commun », qui serait de nature à lui permettre de mieux répondre aux défis d’aujourd’hui ?
Dès sa première exhortation, qui est un texte-programme, le pape François écrivait, faisant référence à l’importance institutionnelle des synodes en Orient : « dans le dialogue avec les frères orthodoxes, nous les catholiques, nous avons la possibilité d’apprendre quelque chose de plus sur le sens de la collégialité épiscopale et sur l’expérience de la synodalité » (Evangelii gaudium, 2013, n. 246). Or c’est précisément cette possibilité que le pape François souhaite que l’Église emprunte aujourd’hui, afin de développer en elle le sens de la communion par la participation de tous et au service de sa mission, selon l’intitulé de l’assemblée qui vient de se terminer : « Pour une Église synodale : communion, participation et mission ».
Il revient désormais à chacun de s’approprier, à quelque niveau de la vie de l’Église qu’il prenne part, cette conviction de foi du pape François (Discours du 17 octobre 2015) : « Le monde dans lequel nous vivons, et que nous sommes appelés à aimer et à servir même dans ses contradictions, exige de l’Église le renforcement des synergies dans tous les domaines de sa mission. Le chemin de la synodalité est justement celui que Dieu attend de l’Église du troisième millénaire ».
Don Jean-Rémi Lanavère