Trois ans au séminaire : des années fondatrices
30 mai 2023
Trois ans de séminaire à Évron, trois ans pour lentement discerner dans la liberté que l’on est appelé ailleurs. Témoignage de Nicolas, ancien séminariste, avec quelques années de recul.
30 mai 2023
Trois ans de séminaire à Évron, trois ans pour lentement discerner dans la liberté que l’on est appelé ailleurs. Témoignage de Nicolas, ancien séminariste, avec quelques années de recul.
« Je regarde ces années de séminaire avec beaucoup de gratitude à l’égard de la CSM, mais aussi de nostalgie d’avoir vécu ce temps de discernement à l’écart du monde. Ces années ont été charnières entre ma vie de tout jeune converti, à peine deux ans avant mon entrée en propédeutique, et ma vie actuelle de jeune marié enraciné dans une foi adulte. Ce temps du séminaire m’a permis de capitaliser et d’enraciner profondément ma foi naissante.
De manière générale, cette formation reçue à la CSM pendant mes années de séminaire m’a énormément apporté. Tout d’abord, le sens de l’Eglise : il s’agit d’un subtil mélange entre une loyauté, une obéissance inconditionnelle à l’Eglise, allant de pair avec un esprit critique décomplexé et assumé. Ensuite, la volonté de former des prêtres qui soient des hommes complets et donc équilibrés. Enfin, la vie communautaire intense qui permet d’expérimenter la charité fraternelle sans faux semblants.
Sur le plan humain, la formation m’a nourri à travers trois piliers. La vie fraternelle bien sûr, qui a été le creuset de tout le travail sur la connaissance de soi que j’ai pu faire durant ces trois années. Le suivi des formateurs également, qui ont incarné l’autorité bienveillante qui m’a permis de prendre confiance en moi, et d’aimer l’autorité. Enfin, l’accompagnement par une psychologue pour interpréter et comprendre tout ce qui se jouait dans la vie fraternelle du séminaire.
Sur le plan intellectuel j’ai aussi beaucoup reçu. Je n’avais aucun bagage en philosophie ni théologie. J’ai beaucoup apprécié la qualité de l’enseignement, la structure organique des cours qui m’a permis de faire des liens entre les différentes notions étudiées. Le fruit de cette formation intellectuelle me permet aujourd’hui de posséder les outils philosophiques de base pour discerner.
Sur le plan spirituel, ces années ont été fondatrices à la manière dont l’enfance fonde l’univers d’une personne : j’ai été imprégné, à force de fréquenter la chapelle pour les offices, les oraisons, la messe, …, par cet esprit de prière qui est l’âme de la vie au séminaire. J’ai également pris goût à la beauté et à la profondeur spirituelle du grégorien et de la belle liturgie, à la prière quotidienne silencieuse que j’ai gardée depuis mon départ du séminaire comme mon héritage de ces trois années.
Peu de temps après ma conversion, j’avais rencontré la Communauté Saint-Martin et ressenti l’appel à être prêtre chez eux, sans avoir baigné longtemps dans leur proximité. Au séminaire, la communauté m’a toujours donné une liberté de discernement, à la fois en partageant leur amour du sacerdoce avec force de conviction, mais aussi en me laissant toujours seul décisionnaire dans les choix à poser pour avancer dans le discernement. Ceci a été particulièrement vrai au moment de mon départ. A l’époque le supérieur du séminaire m’a beaucoup écouté, laissé le temps de réfléchir et lorsque m’a décision a été prise, m’a accompagné dans mon choix.
La liberté que la communauté m’a donnée pour discerner au long de ces trois années a été un cadre sécurisant afin d’éviter de perdre pied dans les moment difficiles, et une remise en question régulière afin de ne pas trop m’installer. Un équilibre subtil a trouvé qui, pour mon cas, a porté ses fruits. »