Les sociétés occidentales au sein desquelles nous vivons ne sont plus, pour la plupart, chrétiennes. Cependant, la culture chrétienne les a durablement marquées et nous en retrouvons les traces dans les événements municipaux et commerciaux qui jalonnent l’année civile : illuminations de Noël et marché de Noël, fêtes patronales des villes et villages à l’occasion desquelles ont lieu des brocantes ou des foires, vente des œufs en chocolat de Pâques et la fameuse chasse aux œufs, vacances de la Toussaint et célébrations autour de la mémoire des défunts.
Ces échéances sont autant d’occasion à saisir pour les pasteurs et leur paroisse afin d’inviter à nouveau la foi au sein d’événement qui, par la force de l’habitude, rassembleront un nombre important d’habitants de la ville. Ainsi, les grands temps de l’année liturgiques qui ont encore un écho culturel dans la vie de nos communes et de nos associations, sont des occasions missionnaires à saisir pour annoncer de manière nouvelle l’unique foi au Christ. Néanmoins, pour que l’écho soit réel, il faut trouver les bonnes touches sur lesquelles jouer.
Tout d’abord, il est bon de ne pas minimiser l’aspect fédérateur de ces événements. Le tissu social étant morcelé, c’est à la faveur de tels événements forts de la vie de la commune (par exemple une fête de Noël) que tous se réjouissent de pouvoir se retrouver et se réunir. L’Église peut alors apparaître à tous comme le véritable « sacrement de l’unité du genre humain ». Il y a là une occasion à ne pas manquer ; en proposant aux élus ou aux organisateurs une animation clef-en-main et entièrement assumée par l’Église (un grand spectacle de Noël, la mise en scène de la venue de saint Nicolas), les chrétiens offrent une opportunité de taille aux services municipaux ou associatifs (parfois un peu démunis). On n’hésitera pas, d’ailleurs, à solliciter les mêmes réseaux de communication que les événements laïcs : des panneaux d’affichage municipaux, des campagnes commerciales via les étuis de baguettes de pain, le soutien des commerces, etc.
Ensuite, il n’y a pas à craindre de mélanger les genres ; c’est ce qui permet à chaque terroir de s’identifier à l’animation proposée par la paroisse. La dynamique de l’Incarnation, propre au christianisme, assume tout à fait cette inculturation. Une Pastorale des santons de Provence a sa place en Provence ; mais pour d’autres localités, il pourra en être autrement. Ainsi, l’organisation d’événements missionnaires en lien avec le temps liturgique ne peut se cantonner à une simple exposition cultuelle de la foi chrétienne. Mêler de manière volontairement floue le culturel et le cultuel est un moyen opportun d’associer le plus grand nombre à la démarche (par exemple, dans une crèche d’Israël faire apparaître de manière improbable un cochon vivant de l’élevage porcin voisin, permettre au maire en poste d’accueillir saint Nicolas à son arrivée dans la ville, etc.) et de toucher le plus grand nombre.
Enfin, il est particulièrement important de ne pas se limiter dans les moyens mis-en-œuvre, il en va de la crédibilité de l’Église qui est supposée avoir une foi à déplacer les montagnes. Les bénévoles aiment s’investir, mais ils le font avec d’autant plus de goût que le projet est audacieux. Aussi, plus l’événement sera ambitieux, plus il concernera un nombre important de personnes, c’est évident ; mais aussi plus il rendra crédible son organisation auprès des autorités civiles ou associatives auxquelles il se greffe.
don Louis Boiron
23 avril 2024