Savons-nous vivre notre Semaine Sainte ?
Extrait du Sub Signo Martini – Au fil de la liturgie
« La Semaine Sainte ne peut donc pas être une parenthèse sacrée dans le contexte d’une vie mue exclusivement par des intérêts humains ; elle doit être une occasion de pénétrer dans la profondeur de l’amour de Dieu, pour pouvoir ainsi, par notre parole et par nos œuvres, le montrer aux hommes. » (Saint Josémaria Escriva)
Pendant la Semaine Sainte, l’Église célèbre les mystères du salut accomplis par le Christ durant les derniers jours de sa vie terrestre, à partir de son entrée messianique à Jérusalem. La Tradition rappelle que « ce saint Triduum est celui de la crucifixion, de l’ensevelissement et de la résurrection du Christ ». Forts de notre longue marche quadragésimale vécue comme une ascension, poussés et accompagnés par l’Esprit de notre Baptême et de notre Confirmation, nous abordons ces heures de la vie du Christ comme le sommet de notre année liturgique, temps privilégié de grâces et de bienfaits accordés par le Seigneur.
Jeudi Saint, fête de l’Eucharistie et du sacerdoce
La dernière Cène de Jésus « contient » l’acte historique de la Croix qu’elle anticipe et dont la Messe sera l’action rituelle éternellement renouvelée. Par chaque Eucharistie nous sommes ainsi mystérieusement présents au dernier repas du Christ, au pied de sa croix et à l’entrée du tombeau vide. Ce mystère est si grand que nous n’aurons pas assez d’une vie pour le pénétrer et en jouir par le développement spirituel de notre vie. C’est pourquoi le Jeudi Saint est le jour par excellence où l’Église nous invite à renouveler notre ferveur eucharistique. Sans oublier, surtout en cette Année sacerdotale, de remercier le Seigneur pour le don qu’il fait à son Église du sacerdoce qui rend possible la permanence de la Présence réelle, sacrifiée et rédemptrice.
Vendredi Saint, l’Office du mémorial de la Passion
Depuis les premiers siècles, l’Église nourrit abondamment les fidèles d’intenses célébrations pendant les jours saints. Un certain nombre de pieux exercices (processions, Via Crucis, Via Matris, adoration…) aident les fidèles à mieux apprécier les actions liturgiques. S’il fallait choisir, l’action liturgique devra toujours conserver la priorité : le Vendredi Saint, la participation à l’office de la Passion prime fondamentalement sur le chemin de croix ou sur la neuvaine de la Miséricorde.
Cet Office se caractérise par une Liturgie de la Parole particulièrement longue puisqu’on y proclame le récit de la Passion selon saint Jean. C’est une invitation faite par l’Église à ses enfants d’entrer dans les sentiments du Christ Jésus. Cette compassion ne joue pas sur le même registre émotif que celui du Chemin de Croix. Elle prend forme dans une réception renouvelée de l’Histoire de l’Alliance, proposée par Dieu aux hommes, dont la prophétie du Serviteur Souffrant représente comme le sommet de la Promesse.
Elle s’achève par la communion aux Présanctifiés, c’est à dire les pains d’autel consacrés la veille. En effet, et aussi paradoxal que cela paraisse, l’Église a toujours fait abstinence de la célébration eucharistique en ce jour où elle fait mémoire du Sacrifice de son Époux. Cependant elle ne souhaite pas priver ses enfants du viatique nécessaire pour se conformer en ce saint jour à l’Amour sacrifié. C’est donc par la communion que chaque fidèle renouvelle son engagement à mourir avec Lui pour ressusciter avec Lui dans une vie nouvelle.
En s’unissant ainsi à Jésus s’offrant pour le monde, le fidèle fait sienne toutes les intentions de la grande Prière Universelle qui embrasse effectivement toutes les intentions que le Christ avait dans son Sacré-Cœur. En effet, « Jésus a aimé beaucoup plus encore qu’il n’a souffert» (Saint Alphonse de Liguori).