9 octobre 2024
Alors que s’ouvre à Rome la dernière session de l’Assemblée générale du synode sur la synodalité « Pour une Église synodale : communion, participation et mission », la revue théologique de la Communauté Saint-Martin – Charitas – consacre son dernier numéro au synode comme « chemin de discernement spirituel ».
Entretien avec don Bertrand Lesoing, directeur éditorial de la revue.
Comprendre les enjeux du synode avec la revue Charitas
Alors que s’ouvre à Rome la dernière session de l’Assemblée générale du synode sur la synodalité « Pour une Église synodale : communion, participation et mission », la revue théologique de la Communauté Saint-Martin – Charitas – consacre son dernier numéro au synode comme « chemin de discernement spirituel ». Entretien avec don Bertrand Lesoing, directeur éditorial de la revue.
Depuis quelques années, on parle beaucoup de synode dans l’Église. De quoi s’agit-il exactement ?
On peut effectivement avoir l’impression que le terme « synode » et ses dérivés – synodalité, synodal… – ont en quelques années envahi tout le champ ecclésial. Mais ce serait sans doute une erreur de considérer cela comme une simple mode passagère. Le terme « synode » – comme la réalité qu’il recouvre – sont anciens et expriment la nature profonde de l’Église qui est ce « cheminement ensemble », où tous les membres du peuple de Dieu, ministres ordonnéset laïcs, hommes et femmes, religieux et religieuses, jeunes et vieux, chrétiens de longue ou fraîche date, marchent ensemble à la rencontre du Seigneur Jésus. Comme le notait le pape François, il s’agit d’« un concept facile à exprimer en paroles, mais pas si facile à mettre en pratique ». Le synode sur la synodalité, ouvert en 2021, entend donc raviver cette dimension synodale de toute l’Église. Il a été marqué par de nombreuses consultations à tous les échelons : local, diocésain, national, continental et universel. La session de cet automne vientau terme d’un long processus.
Cette session d’automne sera-t-elle la conclusion de ce processus ?
Pas vraiment car le synode, surtout celui que nous sommes en train de vivre, n’est pas qu’unévénement ponctuel. Il est plutôt la manifestation d’un dynamisme de communion qui concerne l’Église tout entière. Aussi, la fécondité de ce synode ne se situera probablement pas dans les décisions emblématiques qu’il prendra ou non – décisions espérées par certains, redoutées par d’autres. Elle se mesurera plutôt à l’impulsion donnée à l’ensemble de l’Église.
Pourquoi avoir choisi pour titre de ce numéro de la revue Charitas « Le synode, chemin de discernement spirituel » ?
Cette expression est tirée d’une homélie du pape François en octobre 2021, lors de l’ouverture du synode. Le pape y fixait une feuille de route spirituelle qui pouvait se résumer en trois verbes : rencontrer, écouter, discerner. Il concluait son propos en parlant du synode commed’un « chemin de discernement spirituel, de discernement ecclésial, qui se fait dans l’adoration, dans la prière, au contact de la Parole de Dieu ».
On voit par-là que le synode ne se réduit nullement à un parlement ecclésial ou à un lieu de confrontations d’idées. Dire cela, ce n’est pas ignorer les tensions, parfois mêmes les fractures, qui traversent le catholicisme contemporain mais c’est se rappeler que le synode est d’abord un événement de grâce permettant à l’Église de se mettre à l’écoute de l’Esprit Saintpour toujours mieux témoigner et annoncer l’Évangile.
Comment s’opère concrètement ce discernement ?
La méthode employée, qui a été reprise dans plusieurs assemblées diocésaines ou paroissiales,est celle de la conversation dans l’Esprit. Beaucoup de chrétiens engagés ont pu ces derniers mois faire l’expérience de cette méthode. Il s’agit d’une manière de se mettre à l’écoute de chacun, de laisser un moment d’intériorisation pour laisser descendre la parole entendue et de discerner ensemble les motions de l’Esprit. La conversation dans l’Esprit s’enracine dans la longue tradition de l’Église, celle des chapitres des congrégations religieuses ou du discernement ignatien. Elle permet d’écouter ceux que l’on a habitude de moins écouter, de dépasser certains points de vue partiels ou des préconceptions idéologiques, d’entrer dans un discernement à la fois spirituel et communautaire, donc ecclésial.
Pour finir, pourriez-vous présenter en quelques mots la revue Charitas ?
Il s’agit d’une revue de formation, publiée deux fois par an par l’École de théologie de la Communauté Saint-Martin. Chaque numéro comporte un dossier thématique, avec parfois quelques articles supplémentaires sur des sujets variés. Les auteurs sont principalement – mais pas exclusivement ! – des membres de la Communauté Saint-Martin. La revue est envoyée à tous ceux qui en font la demande.
Charitas 19 : Le synode, chemin de discernement spirituel, La revue Charitas
avec les contributions de Don Philippe Seys, Don Jean Parlanti, M. François Moog, Don Emmanuel Rousselin, Mgr Matthieu Rougé, P. Alain Mattheeuws s.j., Mme Lucie Lafleur.