18 octobre 2024
Don Léonard, prêtre formateur
« En ce début d’année, commençons par nous asseoir, car effectivement, le projet est ambitieux : être disciples au quotidien, au travail, en famille, avec nos amis et nos ennemis. »
La première récollection de l’année à Evron se déroule ce week-end. Don Léonard, formateur au séminaire, nous donne les raisons de commencer l’année du bon côté.
Dans l’Évangile selon saint Luc, nous trouvons le verset suivant, au chapitre 14 : « Quel est celui d’entre vous qui, voulant bâtir une tour, ne commence par s’asseoir pour calculer la dépense et voir s’il a de quoi aller jusqu’au bout ? » Celui qui ne fait pas ainsi, dit Jésus, court le risque d’être moqué pour son imprudence. Il a commencé sans pouvoir achever. Or, il s’agit dans ce passage de commencer une œuvre précise : devenir disciples.
Vivre comme disciples du Christ, c’est-à-dire vivre pleinement et donc quotidiennement comme chrétiens, nous paraît parfois vertigineux. C’est trop rapide, c’est trop haut, je suis trop faible… L’inverse de la devise des Jeux Olympiques.
La vie de disciple est athlétique à l’excès et les saints se dressent devant nous comme des colosses fabuleux. C’est qu’à l’heure d’Instagram où l’on s’expose déjà riche et heureux, de Pinterest où l’on possède numériquement ce que l’on n’aura jamais réellement, d’Amazon où l’on se fait livrer presque avant d’avoir commandé, à l’heure de l’immédiateté, nous oublions trop souvent l’intermédiaire. Paradoxalement, alors que triomphent les médias, nous souhaitons l’immédiat.
Or, il faut en convenir, les saints n’auront jamais de compte Instagram puisqu’ils seront morts à l’heure de leur canonisation. Alors à quoi bon ? Constatant souvent que noussommes de piètres « athlètes de Dieu » (contrairement à Jean-Paul II), que nous avons peur de « mourir les armes à la main » (contrairement à Thérèse de l’Enfant-Jésus), que nous avons tous les défauts du monde (contrairement à tous les saints), nous nous résignons parfois
En ce début d’année, commençons par nous asseoir, car effectivement, le projet est ambitieux : être disciples au quotidien, au travail, en famille, avec nos amis et nos ennemis.
Or, pour être disciple, Jésus est clair, il faut renoncer à tout, le préférer à sa famille, à sa propre vie, porter sa croix pour marcher à sa suite. Voilà les fondations qui permettent de bâtir la tour. Concrètement, quelle année voulons-nous avoir ? Quels engagements ? Quelles amitiés faire grandir ? Quelle fidélité accroître ? Quel renouveau ? Quelle conversion ? Quelle grâce à demander ? Quels projets mener ? Quels désirs profonds accueillir ? Autant de question qu’il faut poser devant Dieu pour participer au Royaume. Voilà ce qu’il faut envisager.
Prenons donc le temps de la prudence, de l’évaluation du risque, de la mise en perspective. Une récollection ou une petite retraite est un moyen opportun pour prendre ce temps, pour mettre en perspective. L’objectif est le Ciel. Le moyen est la Charité. Les œuvres en sont le témoignage. Nous partons en guerre contre le Diable et ses anges, souvent plus sobrement contre nous-mêmes. Nous envisageons de bâtir avec tous une tour haute et belle, accueillante, pleine de bonté, de miséricorde, de fraternité…
Nous souhaitons que son Règne vienne encore davantage puisqu’il est commencé.
Le Christ nous a montré l’exemple en prenant du temps : trente ans de patience à Nazareth pour trois ans de prédications, de guérisons, de commencements visibles du Royaume ? Au jugement de notre monde chronométré, il serait lent. Mais puisque nous confessons qu’il est le Christ, « Le Verbe fait Chair » (Jn 1,14, celui dont le Psaume dit : « Il parla et ce qu’il dit exista » (Ps 32,9), puisque nous confessons qu’il est Dieu et que Dieu a pris du temps, n’ayons pas peur de le prendre nous-même.
Pour les urgences, si vous êtes debout, n’hésitez pas à vous asseoir et à prier. Si vous êtes assis, il suffit de fermer les yeux.