Mobilité des prêtres #1 :

un consentement à la volonté de Dieu est source de joie.

lundi 26 octobre 2020

A la Communauté Saint-Martin, la mobilité des prêtres fait partie de notre identité. Ainsi, pour permettre à chacun de remplir au mieux la mission qui lui est confiée, il faut accepter de se laisser envoyer ou déplacer en fonction des besoins des diocèses et de la communauté. Notre mobilité est au service d’un plan d’ensemble, au service des missions variées qui nous sont confiées par les évêques, comme le rappelle don Guillaume, récemment nommé à Dijon après plusieurs années passées à Nogent-le-Roi.

 

Les paroissiens vivent parfois difficilement les changements, ils s’attachent à leurs prêtres. C’est vrai aussi dans l’autre sens, les prêtres s’attachent à leurs paroissiens ! Il n’y a pas seulement là-dedans quelque chose d’humain, de l’affectivité mal placée, de la nostalgie psychologique. Il y a dans l’attachement d’une communauté à son pasteur, et d’un pasteur à sa communauté, quelque chose de divin par la charité. Nous sommes liés dans le Seigneur. Si la vie divine, la vie sacramentelle est profonde, la vie fraternelle qu’elle engendre l’est tout autant. Si « nous devenons », en communiant aux sacrements, « ce que nous recevons », c’est à dire le Corps du Christ, comme on le chante avec des paroles de saint Augustin, alors ça ne peut pas nous être indifférent de passer d’une communauté paroissiale à une autre… Heureusement que nos liens sont gardés par le Christ pour l’éternité !

Je quitte une paroisse où j’ai vu tant de dévouement et de courage dans un contexte rural parfois aride (et des bénédictions de Dieu en proportion) pour arriver dans une paroisse urbaine où beaucoup de choses paraissent plus faciles. On peut être tenté d’avoir le sentiment de « lâcher » des gens. Mais il faut résister à cette pensée : ce serait vrai si on choisissait sa mission, mais ce n’est pas le cas. Lors de mon installation comme curé tout récemment, je ne m’attendais pas à être si ému – bouleversé – par la présence de fidèles de ma précédente paroisse venus prier avec nous ce jour-là. Avec la joie de prendre d’autres fonctions pour une nouvelle aventure, j’avais aussi devant moi dans l’assemblée des frères et des amis laissés en arrière, avec tant des souvenirs d’événements partagés dans le Seigneur : des conversions et des baptêmes d’adultes, des confessions, l’accompagnement d’une personne mourante et de sa famille, des confidences, des projets missionnaires… J’avoue sans rougir que je n’étais pas le dernier à avoir les yeux humides.

Le Seigneur nous apprend à la fois à nous attacher les uns aux autres sincèrement, et à obéir aux exigences de la mission qui nous éloigne. On ne peut renoncer à s’attacher aux gens sous prétexte qu’on doit partir un jour, ni à obéir à un changement de mission sous prétexte qu’on s’est attaché à des fidèles ou à des frères ! J’ai remarqué combien les paroissiens d’ici et de là-bas se sont vite accueillis et compris lorsqu’ils se sont rencontrés au moment de l’installation : ils ont tout de suite compris qu’ils étaient dans le même bateau et ont reconnu chez les autres le sacrifice qu’ils venaient de faire eux-mêmes en consentant au départ de leur pasteur. Chaque consentement donné à la volonté de Dieu est source de joie, et cela aussi, les fidèles comme les prêtres en font l’expérience.