Les pretres sont-ils encore necessaires ?
La situation actuelle en France nous oblige à nous poser cette question cruciale : Les prêtres sont-ils nécessaires à la vie de l’Église ? L’Église en a-t-elle vraiment besoin ?
La question de fond est de savoir ce qu’est un prêtre. L’action de l’Église continue aujourd’hui l’action sacerdotale du Christ. Avant toute chose, il s’agit de la façon dont l’amour se répand dans le monde entier, par la manière dont tous les baptisés exercent leur sacerdoce commun. Ils sont appelés à jouer à leur manière, en union avec Jésus et dans l’Esprit, le rôle de médiateurs entre le Père et les hommes. Ce sont, par exemple, les sœurs de Mère Teresa qui s’arrêtent auprès de celui que plus personne ne regarde et qui est en train de mourir sur un trottoir, en lui disant : « Il y a de l’amour pour toi dans le cœur du Père », ou plus simplement les laïcs qui essayent de vivre du double commandement de l’amour de Dieu et du prochain.
Entre Dieu et les hommes
Mais le sacerdoce ministériel est d’une autre essence. Les prêtres sont comme une présence du Christ qui agrège à son corps par le baptême, du Christ qui enseigne et nourrit ses disciples ou qui pardonne les péchés. On disait avant des prêtres qu’ils agissaient in persona Christi. J’ai vu que le Pape avait utilisé récemment l’expression « Icône du Christ ». Ainsi, depuis le début de son pontificat, Jean-Paul II n’a pas cessé, en ce temps de crise de l’identité du prêtre qui semble durer, de redonner toute sa dimension au sacerdoce ministériel.
Par conséquent, avant de s’interroger sur la mission des prêtres, c’est à la source même de leur identité qu’il faut revenir. Celle-ci s’enracine dans la relation que le prêtre entretient avec le Christ Tête et Pasteur. De même que Jésus, pour fonder et faire vivre son Église, a appelé à lui, au cours de sa mission terrestre, plusieurs disciples à qui il confia une mission spécifique en lien avec sa propre mission, à leur tour les apôtres s’acquitteront progressivement de leur mission en appelant sous diverses formes d’autres hommes, comme évêques, prêtres et diacres, pour accomplir la mission reçue du Christ ressuscité qui les a envoyés à tous les hommes de tous les temps. Ainsi, dans l’Église et pour l’Église, les prêtres représentent sacramentellement Jésus-Christ, Tête et Pasteur, ils proclament authentiquement la Parole, ils répètent ses gestes de pardon et d’offre du salut, surtout par le Baptême, la Pénitence et l’Eucharistie, ils exercent sa sollicitude pleine d’amour, jusqu’au don total de soi-même pour le troupeau qui leur est confié. En un mot, alors que le Christ est l’unique Médiateur entre Dieu et les hommes, le prêtre, en tant qu’il agit au nom du Christ, participe en quelque sorte à la médiation entre Dieu et l’homme.
Dans une telle perspective, nous comprenons davantage le lien qui existe entre l’Église et le sacerdoce. Ainsi les prêtres, en même temps que la Parole de Dieu et les signes sacramentels dont ils sont les serviteurs, appartiennent aux éléments constitutifs de l’Église. Ils appartiennent à la structure même de l’Église. Par conséquent, la vitalité et l’avenir même de l’Église, et donc des membres qui la constituent, dépendent en partie des prêtres qui la servent.
Ces quelques considérations, nécessairement trop rapides, ont cependant l’intérêt de nous éclairer sur le mystère du sacerdoce, purifiant ainsi notre regard quelquefois trop humain et fonctionnel sur les prêtres que nous côtoyons. Au lieu de nous lamenter sur la situation de l’Église et sur la raréfaction des prêtres, réjouissons-nous d’abord des prêtres que Dieu nous donne et donnons-leur l’occasion d’être pleinement prêtres en les « utilisant ». Le prêtre doit être un homme« mangé », à l’image de l’Eucharistie qu’il célèbre tous les jours. C’est ainsi que les vocations refleurirons dans l’Église pour le bien de tous.