Les apostolats au séminaire

14 septembre 2024

François, séminariste

“Ce qui m’a particulièrement frappé au début de cette année est l’ignorance presque totale des jeunes à propos de la religion chrétienne, quand bien même ils la côtoient souvent depuis leur naissance. Pour certains, il s’agit du premier contact sérieux avec l’Église et peut-être le seul de leur vie, d’où l’enjeu de ce cours.”

Un des jours que les séminaristes attendent avec le plus d’impatience en début d’année, est sans nul doute celui de la répartition des charges du séminaire. Chacun se voit attribuer ses services pour l’année et les différentes responsabilités qu’il devra exercer pendant un an. À cette occasion, nous recevons également notre “apostolat” d’année, notre service auprès des paroissiens et habitants d’Evron : qui au catéchisme, qui au patronage, qui aux visites des malades ou des personnes âgées à l’EHPAD. Cet apostolat est à la fois un avant-goût et une préparation concrète à notre ministère futur, une école de gratuité où nous apprenons à prendre du temps dans nos études pour nous mettre au service, ainsi qu’une bonne occasion de rester en lien avec le monde qui nous entoure.

Cette année, j’ai la joie d’être envoyé au collège Saint-Martin à Montsûrs pour y dispenser un cours de culture chrétienne aux 6èmes et 5èmes. Le programme est réparti sur deux ans : d’abord une découverte de l’histoire sainte, comment Dieu s’est fait connaître à son peuple, puis nous étudions la vie de différents témoins de Dieu : les saints. L’année est également rythmée par l’année liturgique : nous faisons découvrir aux élèves la vie de l’Église tout entière avec ses grandes fêtes comme Noël ou Pâques, mais aussi la vie de leur diocèse, Laval en l’occurrence, en leur montrant par exemple la retransmission de l’ordination épiscopale de Monseigneur Dupont en leur expliquant ce qui se passe, les différents symboles…

Ce qui m’a particulièrement frappé au début de cette année est l’ignorance presque totale des jeunes à propos de la religion chrétienne, quand bien même ils la côtoient souvent depuis leur naissance. Pour certains, il s’agit du premier contact sérieux avec l’Église et peut-être le seul de leur vie, d’où l’enjeu de ce cours. D’un point de vue scolaire, la culture française est profondément chrétienne et avoir un minimum de connaissance est fondamental pour déchiffrer les symboles et le sens du monde qui les entoure. D’un point de vue existentiel, la question de Dieu qui a marqué tant de personnes à travers les siècles et qui fait vivre des milliards d’êtres humains aujourd’hui ne peut être mise de côté. Question de Dieu qui dénote tant avec l’atmosphère matérialiste qu’offre notre société.

Notre rôle est aussi de témoigner tout simplement de ce que nous sommes : des séminaristes. Avoir comme enseignant quelqu’un qui se prépare à devenir prêtre n’est pas banal pour eux et cette réalité les interroge profondément. Nous essayons d’être plus qu’un “prof” et de passer du temps avec eux en dehors du cadre scolaire en organisant par exemple un grand jeu pour les élèves une fois dans l’année. Une manière de briser la glace et de leur faire découvrir la foi chrétienne de manière ludique.

Notre travail n’est pas sans rappeler celui des missionnaires des premiers siècles qui annonçaient et expliquaient la foi chrétienne à des personnes qui n’en avaient jamais entendu parler. Une différence de taille existe pourtant : il faut parfois vaincre certains préjugés ou fausses idées sur le christianisme, son histoire, et même sa réalité actuelle qui est encore une fois largement ignorée par les élèves. Il s’agit de leur montrer l’intelligence de la foi en la sortant d’une conception fantastique qui l’assimile à une belle histoire et sortir l’Église d’une image nébuleuse, presque ésotérique, souvent véhiculée par beaucoup de films aujourd’hui, malheureusement… Une grande joie est de constater la curiosité et l’intérêt des élèves comme en témoignent leurs nombreuses questions. La foi interroge et il est si important d’être présent pour leur répondre du mieux possible : c’est bien l’objectif de ce service.