Tout se passe sous la mouvance de l’Esprit…
Plus exactement Marie est là pour nous préparer à accueillir l’Esprit-Saint qui façonnera en nous Jésus en nous conformant à Lui comme l’Esprit-Saint a façonné Jésus en Le conformant à sa chair mariale et virginale.
Tout se passe sous la mouvance de l’Esprit, tout se passe sous la mouvance de la Lumière, tout se passe dans un mystère d’amour et donc d’intimité, de paix, de calme, contrairement à l’esprit qui peut présider à nos précipitations des derniers instants qui sont bien entendu légitimes puisque nous recevons la famille, nous faisons les cadeaux, nous préparons la crèche, l’arbre de Noël…
Aussi devons-nous faire attention que ce ne soit pas au détriment de ces heures dernières qui doivent être des heures de paix, des heures de tendresse, d’intimité dans lesquelles et par lesquelles le Saint-Esprit va préparer la chambre nuptiale du cœur de chacun pour y recevoir l’Enfant pour y accoucher spirituellement de l’Enfant-Jésus.
Faisons attention de ne pas gâcher ces derniers moments en pensant que de manière magique c’est à l’instant T à minuit (« Minuit, chrétiens ! »), que nous serons sanctifiés. S’il n’y a pas eu de préparation, s’il n’y a pas eu comme ces neuf mois de gestation de Marie durant lesquels elle a porté Jésus dans le silence amoureux de sa relation particulière à l’Esprit-Saint, ce n’est pas à minuit ce 24 Décembre que nous recevrons la grâce ! Faisons tous bien attention à préserver, je dirais cette ambiance nuptiale.
Marie est l’intendante du oui de l’humanité !
Non seulement Marie est le modèle des vertus nécessaires pour tous ceux qui veulent comme elle porter et donner Jésus au monde, mais Marie a, avec chacun de nous, un lien particulier. Elle est l’intendante du oui de l’humanité.
L’humanité est comme toute ramassée en elle, humanité en attente du Salut : la vieille humanité pécheresse, celle qui est vieille parce qu’elle est de l’Ancienne Alliance, mais celle aussi qui est vieille du péché, et actuellement encore parce qu’elle est un peu dans les ténèbres et dans l’obscurité du non-évangile, du manque d’amour, du manque de paix, du manque de justice…
Toute cette humanité en attente de Salut, chacun de nous en attente d’une grâce supplémentaire, en attente d’une insertion plus profonde dans le mystère du Christ et dans le mystère de Son Évangile, dans le mystère du Père et dans le mystère de l’Esprit, toute cette humanité en attente du Salut est ramassée mystérieusement… Et aujourd’hui, en 2022, nous rejoignons Isaïe, Jean-Baptiste et les prophètes, Abraham et Moïse, jusqu’à Adam et Ève, tous en attente du Salut !
Tous nous sommes ramassés en Marie, puisque de son fiat dépend le Salut de tous les hommes. Nous aurons remarqué la Collecte : « Tu nous as fait connaître par l’ange l’Incarnation de ton Fils bien-aimé. » Tu nous as… Alors que c’est à Marie que l’ange s’adresse : « Réjouis-toi Marie pleine de grâce… » Tu nous as fait connaître à nous chrétiens de 2022 comme à nous du peuple hébreu, du roi David, du roi Salomon, du peuple des patriarches, Tu nous as fait connaître l’Incarnation de Ton Fils bien-aimé ! C’est vraiment en notre nom que Marie dit oui ! Comme dit saint Bernard : « Consens et nous serons aussitôt libérés et nous serons tout aussitôt délivrés ! »
« Ne crains pas de prendre Marie chez-toi ! »
C’est donc selon ces deux raisons que nous devons en ces dernières heures, regarder Marie parce qu’elle est notre modèle de la réceptivité de la Présence Réelle, comme elle nous recevons la Présence Réelle à l’Eucharistie et parce qu’elle est la genitrix, parce qu’elle est celle qui nous représente devant Gabriel et donc devant Dieu.
Alors nous devons faire comme Joseph, comme nous le rappelle l’Évangile : nous devons prendre Marie chez nous jusqu’à ce moment inouï de la Nativité, même si nous faisons notre ménage et nos cadeaux et nos ultimes préparatifs…
Nous devons prendre Marie dans notre cœur ! Souvenons-nous de l’Évangile : « Ne crains pas de prendre Marie chez-toi… » Or nous craignons de prendre Marie chez nous parce que nous avons autre chose à faire : préparer la bûche de Noël, courir les magasins, se pomponner, bien sûr… Ne craignons pas cependant et malgré cela de faire une petite place à Marie pour prendre Marie chez nous, pour nous permettre pendant ces ultimes heures de préparation au mystère de Noël de vivre à sa manière, de vivre selon sa modalité, avec elle et donc comme elle !
« Crois, consens et fais-toi tout accueil ! »
Et quelle est la modalité de vie de Marie ?
« Crois, consens et fais-toi tout accueil ! » dit encore Saint Bernard, le grand chantre médiéval de Marie. Oui, l’attitude première de Marie, c’est la Foi !
« Crois, consens et fais-toi tout accueil ! » C’est ce qui nous est demandé de faire. Ouvrons nos cœurs à la foi pour ouvrir nos âmes à Jésus-Christ ! Regardons Marie tout en étant préoccupés par notre maisonnée, notre famille, nos enfants, nos amis ou nos grands-parents que nous allons recevoir dans la joie, dans la paix, dans le bonheur de se retrouver quelques jours ensemble !
Ayez toujours un œil regardant vers Marie : « Crois, consens et fais-toi tout accueil ! » Pour accueillir, avant même Jésus-Christ présent dans l’hostie, les nôtres qui sont une autre présence de Jésus-Christ, ainsi que les pauvres qui en sont une présence plus visible, plus concrète, quelquefois plus exigeante…
« Qu’il me soit fait selon ta parole ! »
Demandons dans l’Eucharistie de cet ultime dimanche avant Noël, demandons à Jésus de nous donner la foi de Sa mère : « Qu’il me soit fait selon ta parole ! »
Une foi rapide, limpide, transparente, sans ombre, sans doute, toute donnée ! Demandons-Lui de nous donner la foi de Sa mère pour que cette foi de Marie, reçue dans l’Eucharistie d’aujourd’hui en notre cœur, nous permette d’accueillir, dans l’Eucharistie de Noël, Jésus naissant en notre cœur avec toutes les grâces qui accompagneront cette réception.
Oui, pour recevoir Jésus à Noël il faut recevoir Jésus tout de suite, immédiatement, et Lui demander de nous incorporer à Marie, de nous faire marial, de nous donner la foi de Sa mère, plus encore : de nous donner la virginité de l’esprit. La foi, vous me direz, nous l’avons puisque nous méditons sur ce 4ème Dimanche ! C’est vrai, nous sommes chrétiens, nous sommes croyants comme on dit, mais avons-nous la virginité de l’esprit ? C’est-à-dire avons-nous la fidélité de l’adhésion ?
C’est cela qu’exprime la virginité de Marie : c’est la fidélité. Avons-nous cet automatisme, ce réflexe du ‘oui’ à chaque instant ? Nous allons reprendre notre activité de préparation de Noël avec tout ce que cela exige de travail… Mais serons-nous, à chacune de ces préoccupations, répondant par un oui exprimant pleinement l’esprit de service, la disponibilité, accompagnant ce oui d’un sourire d’accueil et de gentillesse ?
La virginité de l’esprit est cette fidélité de l’adhésion qui fait que nos oui sont constants et rapides, et de plus en plus rapides et de plus en plus réflexes, avec le réflexe de l’Évangile comme le sportif qui pratique sa discipline de manière automatique ! Non pas irréfléchie, mais spontanée !
Stabat Mater…
Et c’est seulement cette rapidité, cette fidélité dans mon oui de tout instant de toute minute, chaque jour, qu’à ce moment-là je peux édifier ma vie comme étant le lieu où le Christ réside, le lieu d’où le Christ bénit ma famille, le lieu d’où le Christ aime mes proches, le lieu d’où le Christ enseigne mes ouailles…
Il ne s’agit pas de produire un acte de foi de-ci de-là, de temps à autre, un petit acte de foi pour se rappeler au bon souvenir de Dieu ! Non ! Il faut être comme Marie, de la crèche à la croix, dans cette fidélité de l’adhésion à son Fils qui lui permettra de rester debout le jour du Vendredi Saint Stabat Mater…
Il faut demander cette virginité de l’esprit, cette fidélité de l’adhésion ! C’est pour cela que cette Eucharistie du quatrième dimanche nous est offerte : pour nous enraciner dans la foi, pour que nous puissions à Noël, à ce moment-là, consentir à la venue du Messie, nous réjouir de la venue du Sauveur et nous faire tout accueil pour Le recevoir en notre cœur !