Et enfin il y a un troisième avènement qui est un avènement futur : Jésus viendra dans la gloire, non plus comme homme dans la faiblesse de sa chair, mais dans la gloire de Sa Royauté que nous avons célébrée dimanche dernier avec le Christ-Roi qui nous préparait à la gloire de Sa Parousie et du Jugement : « …afin que nous entrions en possession de son Royaume lorsqu’il viendra dans le jugement. »
Donc il y a trois avènements, trois manières, trois temps, par lesquels nous allons recevoir, accueillir, rencontrer le Fils de Dieu.
Un avènement présent à tout instant : celui de la grâce. Un avènement passé il y a quelque 2000 ans : celui de la faiblesse de l’Incarnation et un avènement futur dont nous ne connaissons ni le jour ni l’heure, « pas même le Fils de l’homme », qui est l’avènement de la Gloire et du Jugement. Ceci est un grand mystère de la foi dans le rapport religieux de l’homme à Dieu à travers l’unique médiateur qu’est Jésus-Christ !
Jésus est venu pour nous faire entrer dans la maison du Père.
Et si ces trois avènements sont liés c’est parce que l’avènement de la grâce est la rencontre que chacun fait dans notre monde présent depuis que le monde est, pour passer de l’avènement de l’Histoire c’est-à-dire de l’Incarnation à l’avènement eschatologique c’est à dire le Jugement.
C’est pour cela que le Christ est venu : « Je suis venu pour sauver le monde… Je suis venu pour que le monde ait la vie… Et la vie éternelle c’est qu’ils te connaissent toi le Père. » Jésus est venu pour nous faire entrer dans la maison du Père.
Et donc lorsque nous allons célébrer la mémoire de l’avènement historique de l’Incarnation, ce que nous appelons Noël, célébration, liturgique comme familiale, joyeuse de la naissance de Dieu sur la terre, nous devons prendre conscience que cet évènement est orienté et nous oriente vers l’avènement eschatologique, l’avènement futur du Fils de Dieu qui viendra lors du Jugement à l’achèvement du monde.
Lorsque je célèbre Noël, je suis orienté du même coup vers cet avènement futur qui est l’achèvement du monde. Or, nous le savons, c’est lorsque je meurs que pour moi le monde est achevé…
Et je ne peux atteindre cet avènement final, ce jugement de Dieu que par l’avènement intermédiaire et secret qui est l’avènement de la grâce : « Nul ne va au Père que par moi… Sans moi vous ne pouvez rien faire. »
Attendre le Sauveur avec les Justes…
C’est pour cela que le premier dimanche de l’Avent est un dimanche des plus solennels dans l’Année liturgique. Et il faut le vivre avec toute cette solennité.
Aujourd’hui nous commençons à préparer la célébration de l’Incarnation ; nous commençons ces quatre semaines qui vont servir à préparer notre cœur et purifier notre âme, à nous mettre dans l’esprit des Justes de l’Ancien Testament de Jean-Baptiste, de Marie, de Zacharie, d’Élisabeth, qui attendaient la venue du Sauveur et la justification du monde. D’où ce temps de quatre semaines pour attendre la venue du Sauveur avec ces Justes de l’Ancienne Alliance.
Et en même temps, puisque cet évènement de Noël nous oriente vers l’avènement eschatologique de la Parousie, aujourd’hui commence une nouvelle Année Liturgique, nouvelle démarche annuelle de vie chrétienne, nouveau cycle de sanctification pour poursuivre la préparation de cette venue finale du Seigneur dont nous ne savons ni le jour ni l’heure : « Vous ne savez pas quand le Maître viendra ! »
Rencontrer le Christ chaque jour pour Le recevoir à Son Retour glorieux
Donc aujourd’hui commence ce que l’on appelle l’Année liturgique, cycle annuel qui n’est rien d’autre que le cycle créateur des quatre saisons, cycle de notre univers, de notre agriculture comme de notre vie d’homme et de femme.
Ce cycle annuel est vivant des célébrations de l’histoire de Jésus à commencer par la célébration de Noël. Il est fait pour nous faire rencontrer le Christ chaque jour, dans la grâce de Son mystère, par la prière, par chaque eucharistie, par chaque réconciliation…
Il est fait pour nous préparer, pour nous faire marcher, pour nous rapprocher comme dit saint Paul dans sa lecture, pour nous rapprocher du jour du Seigneur que nous espérons.
Lorsque nous sommes en état de grâce, lorsque nous sommes réceptacle de Jésus, lorsque nous sommes accueillant le Christ dans notre âme nous goûtons la joie de la charité c’est à dire de cette communion à Dieu.
Mais nous la goûtons à travers la foi, à travers cette adhésion dans l’invisible, à travers ce pas fait au-delà du gouffre de la raison qui nous fait toucher, par la confiance, le mystère de Dieu. Ce bonheur que nous palpons, ce bonheur dont déjà nous vivons dans l’état de grâce lorsque nous sommes en communion avec l’Évangile, nous espérons qu’il soit un jour pour nous éternel, total, dans le face à face… C’est pourquoi nous espérons le retour de Jésus !
Espérons-nous le retour de Jésus ?
Mais espérons-nous vraiment le retour de Jésus ? Nous devons nourrir cette espérance en faisant l’introspection évangélique de notre cœur pour sentir comme nous sommes bien avec le Christ à l’instar de Pierre à la Transfiguration : « Maître il est bon de demeurer ici avec toi, nous allons dresser trois tentes. Ils ne savaient pas ce qu’ils disaient… » Parce que justement ils étaient encore dans ce pèlerinage terrestre ! Et pourtant Pierre aspirait à cette communion parfaite, à ce face à face avec le Fils de Dieu transfiguré, illuminé devant eux…
Nous, lorsque nous arrivons par la grâce de Jésus à toucher du doigt la vie de charité de Dieu, lorsque nous sommes dans l’état évangélique -ne serait-ce qu’un quart de seconde !-, nous espérons que cet état puisse un jour s’éterniser, totalement pour nous : « Viens Seigneur Jésus ! » C’est là l’espérance de notre vie chrétienne.
Cette Année liturgique qui commence aujourd’hui est pour nous une manière de prendre conscience plus profondément que notre vie est orientée et que nous devons orienter notre vie par notre baptême vécu, nous devons orienter notre vie vers ce retour, vers cette Parousie, vers ce jugement, vers cette plénitude de la vie.
« Je suis la voie, la vérité et la vie. »
Nous voyons donc que la dimension terrestre, humaine, historique de Noël est largement dépassée. Elle va nous servir à stimuler notre réflexion : pourquoi le Christ est-Il venu ? Pourquoi allons-nous célébrer Noël dans quatre semaines ? Parce que le Christ nous appelle à Le rejoindre dans la maison du Père ! À tous ceux qui L’ont reçu lors de Son Incarnation (à tous ceux qui Le reçoivent par leur vie baptismale) « il donne pouvoir de devenir par la grâce enfant de Dieu » et donc de marcher vers la maison du Père !
Nous ne pouvons pas vivre notre premier dimanche d’Avent comme n’importe quel dimanche : il est presque aussi important que le dimanche de Pâques !
C’est aujourd’hui que tout commence et nous devons nous poser les questions fondamentales. Nous devons nous remettre devant les données fondamentales de notre vie.
Qui suis-je ? Qui sommes-nous ? Un homme, une femme, un chrétien c’est-à-dire quelqu’un qui croit que le Christ est venu dans la chair…
Où vais-je ? Où allez-vous ? Au-delà de notre train-train quotidien, où allons-nous ? Nous allons vers le Royaume, vers la maison du Père, à la fois comme le fils aîné de la parabole et, plus souvent encore, comme le fils prodigue.
Et comment y allons-nous ? En marchant sur la route du Christ qui s’appelle l’Évangile -Sa Parole- et par la grâce du Christ -Jésus-Christ Lui- même présent dans les sacrements et nous aidant à accomplir cette Parole !
Posés en face de l’Incarnation pour l’Eschatologie !
Voilà quels sont les trois points que nous devons méditer aujourd’hui. Voilà ce que nous devons regarder. Nous devons nous situer face à ces trois questions et ces trois réponses.
Est-ce que j’ai conscience d’être un chrétien, quelqu’un qui croit en l’Incarnation ? Est-ce que j’ai conscience que je suis appelé à rejoindre la maison du Père dans la plénitude de la charité, de la filiation et donc de la vision ? Est-ce que j’ai conscience que je dois rejoindre cette maison du Père par Jésus, avec Lui et en Lui comme nous le disons à chaque messe, par Ses sacrements, Sa Parole, et donc par Son Église dans laquelle l’Esprit Saint diffuse Sa charité ?!
Alors nous nous rendons compte qu’aujourd’hui c’est le moment de relativiser nos petits problèmes personnels, nos susceptibilités, nos vexations, nos angoisses, nos tristesses, nos embarras intérieurs… Nous sommes aujourd’hui posés en face de l’Incarnation pour l’Eschatologie. Sachant que de l’une à l’autre il y a un fil tendu, une route qui s’appelle la grâce, donnée par les sacrements pour vivre l’Évangile, la Parole, le Verbe même, dans Son entier, Lui qui nous est présent par Son Église !
Nous commençons aujourd’hui à nous mettre sur cette route pour nous approcher un peu plus de Dieu, à travers l’Avent et le Noël 2022, non seulement charnellement parce qu’on vieillit et donc on se rapproche du ciel, mais surtout intérieurement en sainteté, ce qui nous intègre un peu plus dans la Maison du Père.
C’est le temps que Dieu me donne pour me convertir et me rapprocher de Lui. Donc il faut prendre cette Année Liturgique et ce dimanche qui l’ouvre très au sérieux.
Nous verrons dimanche prochain quels sont les moyens pratiques que Jean-Baptiste nous donnera pour suivre l’Évangile avec la grâce. Aujourd’hui contentons-nous de cette vérité : par la grâce c’est-à-dire en Jésus et dans Son Église, nous allons passer encore une fois d’un Noël à une Eschatologie.
Belle nouvelle Année Liturgique à vous tous !