Il est du monde de l’éternité de Dieu c’est-à-dire qu’Il capte en un instant l’avant, le temps, l’après…
Il est avec le Père, comme Il est avec l’Esprit, le Point d’éternité qui illumine toute la ligne du temps.
Oui, voilà que naît parmi les hommes Celui qui « était au commencement », ce qui veut dire qu’Il est au principe de toute chose, Créateur de toute chose. Celui de qui sort tout être et celui de qui sort tout l’être -c’est la Création de la Genèse !- Celui-là sort du sein d’une femme !
Celui qui est la Vie prend vie ! Celui qui donne la vie à toute chose, « car rien de ce qui est n’a été fait sans lui » reçoit la vie de l’humble vierge de Nazareth : quel mystère !
Car si le Verbe a fait toute chose, si le Verbe est à l’origine de toute chose, Il est donc bien dans l’intérieur de chacun de nous ce bouillonnement de vie, de création, « le mouvement, l’agir et l’être » dira Paul, Lumière qui guide ma vie, qui anime mon agir, qui au-dedans de moi est l’Âme de mon âme : « la vie est la lumière des hommes. »
« Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous ! »
Et donc lorsque nous croyons à ce Verbe, lorsque nous collons à Sa Personne, nous ne faisons rien d’autre que retrouver nos racines intérieures les plus profondes, les plus intimes !
Voilà la véritable introspection : retrouver le principe de ma vie, bien au-delà ou bien en deçà de l’introspection psychologique ou psychanalytique qui va chercher l’inconscient ou le subconscient. Remarquons que ces analyses ont aussi leur valeur, leur légitimité, mais elles restent au niveau du contingent sans atteindre le Nécessaire.
Allons donc plus loin ! Descendons plus profondément en apnée, là… Cherchons la racine profonde derrière laquelle il n’y a rien parce qu’elle est l’ultime raison de notre être ! Greffons-nous-y et donc grandissons pour porter un fruit qui demeure !
Mais comment croire en Celui qu’on ne connaît pas ? Comment coller à Celui qu’on ne voit pas ? Comment adhérer à ce Verbe, à cette racine créatrice, à cette Vie infinie, infiniment puissante depuis toute éternité, pour tous les hommes, pour toutes les femmes, sous tous les cieux, comment y adhérer si je ne Le vois pas ?
Et voilà que « le Verbe s’est fait chair et qu’il a habité parmi nous… », pour que, comme dit Saint Jean dans sa première épître, nous puissions Le voir, Le toucher, Le palper, Le vérifier comme Thomas à la Résurrection : « Mon Seigneur et mon Dieu. »
« À ceux qui l’ont reçu… »
Le mystère de l’Incarnation c’est le mystère de la révélation de l’homme à l’homme ! Le Verbe vient me dire que, parce qu’Il réside dans mon cœur comme l’épanchement de l’Amour de Son Père, moi pauvre bonhomme, je suis l’épanchement ultime de l’Amour du Père dans le monde !
Voilà le mystère de l’Incarnation du Verbe, de Sa mise en chair. Voilà pourquoi Il s’est fait chair Celui de qui toute chair est faite.
Et en proportion de notre foi, en proportion de notre humilité, de l’acceptation que chacun, au fond de son cœur, fait de la double dépendance de son existence, le Verbe nous fait entrer dans Sa Lumière.
Il nous fait vivre cet enfantement c’est-à-dire qu’Il nous fait partager au même titre que Lui l’héritage de Son Père !
« À ceux qui l’ont reçu… » : à ceux qui devant cet éblouissement restent dans l’extase, sans partir, sans tourner chemin, sans vaquer à leurs occupations.
À ceux qui acceptent d’exister par Quelqu’un et d’exister par l’amour de Quelqu’un, de n’être pas à eux-mêmes leur propre raison d’être, d’exister parce qu’il y a Dieu et d’exister parce qu’il y a l’Amour de Dieu qui est un Amour de Père et qui a voulu les mettre au monde par l’intermédiaire des causes secondes que sont leurs grands-parents et leurs parents, à tous ceux-là Dieu le Fils donne le pouvoir de devenir enfants de Dieu !
À ceux qui acceptent de vivre de cette révélation (voilà qui est le Verbe : principe de toute chose, vie de ta vie, racine de ton être, lumière de ton âme, épanchement de l’Amour du Père, résidant dans ton cœur, faisant de toi si tu l’acceptes le fils du Père…) le Fils donne le pouvoir de partager l’héritage du Fils unique, de partager la maison du Père, de partager la connaissance du Père, de partager l’Amour du Père, de partager Sa tendresse paternelle, de partager l’œuvre du Père : la création comme la Rédemption du monde !
L’Eucharistie de Noël me fait rejoindre Jésus avec la proximité de Marie !
Voilà le mystère de la lumière. Maintenant, comment y entrer ?
Ce mystère de l’encharnellement de Dieu, c’est le mystère que Marie, Joseph, les bergers, chacun en proportion de sa disponibilité intérieure c’est-à-dire de sa réceptivité, de son attente, a contemplé. Voilà que ces personnages, Marie l’Immaculée, Joseph le Juste et les braves bergers, chacun avec leur foi ont vu avec éblouissement, par une grâce toute spéciale qui vient de la proximité physique, unique dans l’histoire du monde cet encharnellement de Dieu dans la crèche.
Ce n’est pas pour rien qu’il y a une Histoire ! C’est pour toucher l’humanité : Marie la première des rachetés, Joseph qui fut donné comme père et les humbles bergers…
Oui, il y a une grâce de proximité : nous le sentons bien déjà nous lorsque nous touchons un Saint, lorsque nous rencontrons un homme, une femme hors du commun ! Nous sommes comme irradiés, vivifiés, pacifiés …
Il y a cette grâce de proximité historiquement unique qui a permis à la Vierge, au charpentier et aux bergers de contempler avec éblouissement la Lumière, de comprendre, chacun aux proportions de sa personne bien entendu et de son intelligence donnée par Dieu (comme un don du Verbe encore une fois), de contempler ce mystère que saint Jean nous décrit.
Et le cadeau des cadeaux, la grâce des grâces c’est qu’aujourd’hui par l’Eucharistie, par cette Eucharistie bien spécifique du jour de Noël, nous sommes projetés avec Marie, Joseph et les bergers, comme nous serons projetés au jour du Vendredi Saint au pied de la croix. Nous sommes projetés dans la même proximité non plus historique mais mystique, théologique ou liturgique, peu importe le mot, nous sommes projetés dans la même proximité et nous est donnée la même grâce du regard, de l’éblouissement et de la contemplation !
Voilà comment nous pouvons vivre ce verset de l’Alléluia. Voilà comment nous pouvons nous aussi. 2000 ans après, avec autant de sûreté, de certitude, de vérité, entrer dans le mystère de la Lumière et de l’éblouissement de l’Enfant-Jésus, de ce Verbe qui était au commencement près de Dieu et qui vient dans le temps et pour l’éternité près des hommes.
TRES SAINT ET JOYEUX NOËL A VOUS TOUS !