Lectio divina
Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.
« AU NOM DU PÈRE ET DU FILS ET DU SAINT ESPRIT ! »
Lectio divina du dimanche de la Trinité – 11 juin 2017
Avec la fin du temps pascal, se termine le temps liturgique qui nous a fait vivre, depuis l’Avent, les mystères de la vie de Jésus. Commence ensuite le temps dit « ordinaire », le temps en vert, anciennement appelé, avec plus de justesse, le « temps après la Pentecôte. » Avec plus de justesse, car cette dénomination nous renvoie au mystère de l’Église et nous fait donc comprendre que ce temps ordinaire est, en réalité, un temps exceptionnel. C’est le temps qui nous est laissé, jusqu’au premier dimanche de l’Avent prochain, pour que nous mettions en application, dans notre vie, les mystères de Jésus que nous venons de célébrer dans la première partie de l’Année Liturgique. C’est le temps de l’Église par excellence !
Le pourquoi et le comment…
Entre ces deux temps liturgiques -temps de Jésus et temps de L’Église-, il y a deux dimanches charnières. Dimanche prochain sera le dimanche de la Fête-Dieu. Nous y célèbrerons l’Eucharistie, notre Nourriture donnée par le Christ pour nous fortifier dans notre démarche d’application de Ses mystères en notre vie. Mais auparavant, il y a ce dimanche où nous célébrons la Sainte Trinité, Liturgie de première importance car elle nous invite à comprendre le sens de cette démarche chrétienne.
« Suis-moi ! »
Revenons à cette vie de Jésus qui nous a été présentée de l’Avent à l’Ascension à travers le rythme des fêtes liturgiques. À travers elles, nous avons pu contempler Sa naissance, Sa vie publique, Sa passion et Sa mort et enfin Sa Résurrection.
Cette vie de Jésus signifie deux choses. Elle signifie d’abord ce qui, de la part de l’homme, plaît à Dieu-Trinité. Elle exprime ce que Dieu attend de l’homme : Jésus est l’Homme nouveau, Il est l’homme établi dans la perfection.
Jésus est le Fils. En vivant devant nous Sa prière, Son adoration, Son Amour du Père, Sa charité vis à vis des hommes Ses frères, en assumant une certaine souffrance, Jésus nous dévoile ce que Dieu attend de tout homme qui est Son frère et Son cohéritier du Père, pour reprendre l’expression forte de Paul.
La vie de Jésus, c’est la sainteté trinitaire traduite en humanité
La vie de Jésus signifie une autre chose encore plus profonde. Jésus-Christ, étant le Verbe incarné, la deuxième personne de la Trinité, c’est la sainteté trinitaire dans toute Sa perfection et Sa plénitude qui transparaît dans Sa vie !
La vie de Jésus, c’est la sainteté trinitaire traduite en humanité. C’est la sainteté divine en comportement humain, sensible, palpable : « Qui me voit, voit le Père ! » Qui voit vivre Jésus, voit ce qu’est la Vie trinitaire, la sainteté et la joie trinitaire, l’Amour, la paix trinitaire. Il le voit comme un homme peut voir. Soit avec les yeux, comme les apôtres ; soit à travers la foi dans l’Évangile, comme nous chrétiens du temps de l’Église.
Le baptisé qui suit Jésus, qui cherche à s’imprégner de Ses vertus, qui se conforme à l’agir du Christ, cet homme-là entre, de ce fait même dans la Vie trinitaire ! Le chrétien qui imite le Christ, est tout différent de l’homme engagé par un maître et qui effectue au mieux son service afin d’être définitivement engagé. Nous avons une vue trop matérialiste de la vie chrétienne : nous prenons la vie pour une sorte d’épreuve, de période de probation à la fin de laquelle il nous serait éventuellement possible d’entrer dans la Vie éternelle. À titre de récompense, en somme…
Mais Dieu n’est pas un examinateur ! Il n’est pas venu pour juger. Jésus le rappelle Lui-même à plusieurs reprises. Lorsque je me laisse configurer à Jésus, j’entre dans la Vie trinitaire. Je suis conformé à l’Être substantiel, et donc à l’agir de Dieu ! Souvenons-nous de ce que disait Jésus : « Serviteur bon et fidèle, entre dans la joie de ton maître », dans la joie trinitaire…
« Qu’ils soient un en nous »
Il faut insister sur ce point fondamental de notre foi : lorsque je me conforme à Jésus, expression sensible et visible de la Vie trinitaire, je me mets dans la mouvance de la sainteté trinitaire. J’y entre comme fils. Parce que le Fils, par nature, a donné aux hommes de pouvoir devenir enfants de Dieu nous rappelle Jean dans le Prologue.
Je suis alors l’homme du Christ, l’homme christique ; celui qui, comme Jésus, désire la gloire du Père. Mieux : comme le Christ, je viens alors du Père et m’en retourne à Lui. Homme christique, je ne fais plus qu’un avec le Père. Comme le Verbe. C’est ce que dit le Seigneur au chapitre 17 de Jean : « Qu’ils soient un en nous, comme nous sommes un, toi en moi et moi en toi. »
Dès ici-bas, le chrétien, par son adhésion à Jésus (qui se produit durant le temps liturgique ordinaire), entre comme fils dans la Vie trinitaire. Avec les droits d’un fils. Il entre en relation avec le Père, dans l’Esprit Saint. Comme le Verbe. Jésus ne dira-t-Il pas : « Je vous aime comme le Père m’a aimé… Le Père vous aime parce que vous m’avez aimé. » Avec l’unique Esprit Saint qui est justement cet unique Amour de Dieu…
« O mon Dieu, Trinité que j’adore… » (Ste Elisabeth de la Trinité)
Comme nous le voyons, la Vie trinitaire n’est pas seulement un dogme que l’on serait obligé d’accepter. La Vie trinitaire, nous sommes présentés à elle par notre baptême : « Je te baptise, au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. » La Trinité, c’est une relation de Vie, une relation vivante, une relation vivifiante.
Retenons la conclusion de la lecture de saint Paul proposée par la Liturgie de cette fête et remarquons-en bien les termes. L’Apôtre ne dit pas : « Croyez au Père, au Fils… »
Il dit : « Que la grâce de Jésus… » La grâce, c’est la Vie, c’est le dynamisme de Dieu…
« Que l’amour de Dieu le Père… » L’Amour aussi est Vie : c’est la dynamique du cœur de Dieu…
« Que la communion de l’Esprit Saint… (qui est dynamisme et tension) soit toujours avec vous », en vous !
Je ne suis pas face à la Trinité. Depuis mon baptême, je suis immergé en Elle. Et il ne tient qu’à moi, par les grâces de l’Année Liturgique, par les grâces de mes communions, de mes confessions, de faire que cette relation soit toujours plus solide, que mes liens avec le Père, le Fils et l’Esprit soient toujours plus forts, jusqu’à devenir irréversibles. C’est tout et c’est TOUT… C’est tout simplement merveilleux !
Mgr Jean-Marie Le Gall
Aumônier catholique
Hôpital d’Instruction des Armées de Percy, Clamart.
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