LA SURNATURE EST AUSSI SOCIALE QUE LA NATURE !
Passons à la deuxième solidarité. Ce n’est plus la solidarité avec Jésus-Christ, mais la solidarité pour les hommes.
Nous ne sommes pas saints seuls, à commencer par le Christ qui est Saint pour le Père et pour les hommes. L’homme est créé social donc pour vivre en société. La grâce rachète l’homme dans une société.
La surnature est aussi sociale que la nature : on ne se sauve pas tout seul. La meilleure preuve est dans la description de la Jérusalem Céleste -la Cité de Dieu avec la multitude des 144 000 dont parle Jean.
D’ailleurs lorsque Jésus parle de la Sainteté, Il parle du Royaume. Et qui dit Royaume dit société, dit responsabilité des uns vis-à-vis des autres, des uns pour les autres, comme Jésus est mort propter nos, pour nous.
Nous avons donc nous aussi une responsabilité de solidarité pour les hommes.
LE ROYAUME ACCOMPLIT L’HOMME !
Regardons les paraboles du Royaume.
Le Royaume est comparable à un grain de moutarde qui va tant grandir qu’il va protéger les oiseaux c’est–à–dire les hommes. Le Royaume, déjà établi sur la terre dans la sainteté de chacun, est une réalité qui protège l’homme qu’il soit dans le Royaume ou qu’il s’en approche…
Regardons aussi la parabole du levain dans la pâte : le Royaume est comme le levain que l’on met dans la pâte. Et c’est ce levain qui va faire lever la pâte, va faire en sorte que la pâte va devenir du pain, quelque chose de bon, quelque chose de nourrissant, quelque chose d’essentiel… Le Royaume accomplit l’homme, ceux qui sont dans le Royaume, mais aussi tous les autres hommes parce que le Christ révèle l’homme à l’homme et que l’Église par Sa lumière touche tous ceux qui de près ou de loin entendent parler du Royaume. C’est la solidarité pour les hommes !
Et enfin cette parabole du trésor (ou de la perle) découvert par quelqu’un qui vendra tout pour le posséder. Cela nous montre que le Royaume peut être donc possédé dans son entier par chacun ! Chacun a la totalité du trésor. Nous ne nous partageons pas Jésus-Christ, ni le trésor de l’Église, chacun possède le Christ, comme chacun communie, par l’Eucharistie, au Christ entier !
LE ROYAUME DONNE LA JOIE DES BÉATITUDES
Ce sont pour ces trois raisons, le levain qui accomplit l’homme, le grain de moutarde qui le protège, le trésor qui enrichit chacun, qui provoquent la joie de ceux qui s’approchent du Royaume, cette joie des Béatitudes que nous arrivons quelquefois à goûter dans notre vie chrétienne… Oui, nous avons la chance de pouvoir vivre quelques secondes, quelques minutes l’une ou l’autre de ces béatitudes ; nous sentons intérieurement l’écho avec le Bienheureux qu’est Jésus-Christ et nous nous rendons compte qu’effectivement nous avons posé dans la joie un acte de paix, de justice, de pauvreté d’esprit, etc…
C’est cette joie -goûtée en solidarité avec le Christ-Jésus- que nous voulons transmettre par solidarité pour l’homme.
« SOYEZ SAINTS COMME MOI JE SUIS SAINT » !
Et cette loi des Béatitudes va nous amener à contempler la dernière, mais la plus transcendante et la plus importante des solidarités, celle qui nous fait être comme Dieu.
On est saint avec le Christ qui est Saint ; on est saint pour les autres et pas seulement pour nous ; mais surtout on est saint comme le Saint. L‘Unique : « Soyez Saints comme moi Je Suis Saint. »
Depuis l’Ancien Testament, Dieu nous exprime Son désir pour chacun de nous : être saint comme Dieu lui-même est Saint ! « Soyez Saints comme moi Je Suis Saint » est un appel que nous ne pouvons entendre que dans la foi bien entendu. Comment pourrions-nous prétendre être saint comme Dieu ?! Et pourtant c’est la réalité car rien n’est impossible à Dieu !
Les Béatitudes, c’est cette route qui mène le peuple des hommes dont nous faisons partie vers le peuple des Saints que nous sommes appelés à devenir. Les Béatitudes c’est la route qui part de la terre pour aller au Ciel. C’est donc la route sur laquelle déjà ici-bas se forme dans le cœur de chacun le Ciel c’est–à–dire l’être de Dieu.
« MÊME SI UNE MÈRE OUBLIAIT SON PETIT, MOI JE NE T’OUBLIERAIS PAS ! »
Et la sainteté, peu à peu, nous fait vivre cette solidarité, cet ‘être-comme-Dieu’. Cette sainteté, c’est bien entendu d’abord la sainteté originelle, reçue au baptême qui nous fait, comme le rappelle Saint Jean, « enfant de Dieu et vraiment nous le sommes. » Dès le Baptême, nous sommes à l’image de Dieu, nous avons déjà cette solidarité avec Dieu comme l’enfant est solidaire de son père et comme le père est solidaire de son enfant et ne peut le renier ! « Mêmesi une mère oubliait son petit, moi je ne t’oublierais pas ! » dit Dieu par le psaume.
L’autre sainteté, la plus importante parce que nous la forgeons librement avec la grâce de Dieu tout au long de nos jours, c’est la sainteté du Baptême vécu. Elle existe en nous lorsque nous accomplissons et réalisons en nous ce que nous avons contemplé du Mystère de Dieu dans la foi. La sainteté, c’est cela : réaliser en moi ce que, dans ma prière, j’ai pu contempler de Dieu.
Alors nous arrivons au sublime, à la fine pointe du mystère de la sainteté. C’est que chacun, dans ce qu’il est de plus limité, arrive à être transformé et à devenir une image unique de Dieu. Image limitée certes : chacun ne représente qu’une infime partie du Mystère de Dieu. C’est pour cela que la sainteté est multiple : « Il y a de nombreuses demeures dans la maison du Père » et aucun des saints ne se ressemble ! Mais chacun, dans la mesure où il a vécu cette solidarité -être saint comme Dieu est Saint– représente une image unique au monde qui correspond à sa personne unie à Dieu !
Demandons en cette fête de Toussaint la grâce de mieux vivre ces trois solidarités de Sainteté : être saint, oui avec Jésus-Christ ; être saint, oui pour les hommes ; être saint, oui comme Dieu !
Demandons alors la grâce de ne pas oublier l’humilité puisque notre sainteté s’enracine en celle de Jésus, de ne pas oublier la charité puisque notre sainteté est faite aussi pour les autres, et ne pas oublier la prière puisque notre sainteté, c’est réaliser en nous celle de Dieu !