« LA TOUSSAINT : TOUS LES SAINTS, TOUS SAINTS ! »

« Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait ! »

Quelle folie pour Dieu que de nous demander cette ressemblance !

Non pas une ressemblance de forme – nous ne serons jamais des purs esprits ! – mais une similitude avec l’essence de Sa vie divine comme Jésus le rappellera : « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait. »

Et pourtant cette folie a déjà été réalisée : le Christ, vrai homme ; Marie, femme véritable… Sans parler de cette multitude d’élus dont parle l’Apocalypse, ceux que nous connaissons par le martyrologe de notre Eglise, mais aussi les innombrables saints inconnus qui nous prouvent non seulement l’universalité du Salut, mais aussi cette seule pureté de cœur que Dieu exige pour accéder ! Comment ne pas admettre alors que, malgré son invisibilité, la sainteté est une réalité présente dans le monde parce qu’elle est accomplie par, ou plutôt dans, les hommes et avec eux ?!

« Configurés au Christ mort et ressuscité… »

Cette réflexion sur la multitude des élus dans lesquels la sainteté est réalisée par l’Homme Nouveau qu’est le Christ, nous fait comprendre que la sainteté nous concerne aussi ! N’avons-nous pas été baptisés, configurés au Christ mort et ressuscité, monté à la droite de Dieu, signe de Sa sainteté reconnue par le Père ?

Ce n’est pas seulement dans le mystère de Sa mort mais dans celui de Sa Résurrection et de Son Ascension que nous sommes configurés. La sainteté est donc déjà en nous puisque Jésus, trônant à la droite de Son Père est en nous depuis notre baptême…

Par le baptême, nous sommes enfants de Dieu, participants à cette enfance du Christ, cette enfance éternelle de Dieu. Par le baptême, nous participons à cette sainteté de Jésus, car l’enfance c’est l’esprit du Royaume de Dieu, c’est la sainteté.

Participants à la sainteté du Christ, nous participons donc à la charité de Jésus parce que la sainteté c’est la charité. Et par là nous participons à la charité de Dieu, à Sa Vie qui est Amour et donc à Sa sainteté.

Nous sommes ainsi engagés, immergés dans cet océan divin, dans cet océan d’amour qui nous entoure et nous donne la Vie vraie, celle qui est Don et Gratuité !

« Heureux les cœurs purs, ils verront Dieu ! »

Mais alors, quelle est l’utilité de notre vie ?

La vie, c’est le temps que Dieu me donne pour passer de la fragile participation à la sainteté du Fils à l’établissement stable dans cette sainteté qu’est la charité du Fils. C’est le temps que Dieu me donne pour que ma personne se définisse par la charité, et seulement par elle, pour que ma personne se résume à cette charité. Sans limite, sans retenue, sans mesure, sans alliage. Quel programme !

Et pourtant, Jésus nous promet dans les Béatitudes, et Jean nous le redit dans son épître : « Celui qui a cette espérance est pur et il verra Dieu tel qu’Il est « , celui qui a le cœur pur verra Dieu.

Avoir le cœur pur, c’est avoir ce désir, cette intention d’avancer dans la participation à la charité jusqu’à ce que cette charité soit en moi sans mélange, toute pure, toute simple au point d’être mon âme et que mon âme soit charité !

Il suffit de le vouloir. Il suffit de le vouloir car Jésus m’a promis la vision de Dieu si je garde en moi ce désir d’entrer de plus en plus profondément dans cette participation à Sa charité, de m’y perdre jusqu’à m’y noyer.

« Viens serviteur fidèle, entre dans la joie de ton maître… »

Les passions sont là, évidemment, pour me faire lever la tête hors de l’eau, au-dessus de l’océan de la divine charité pour prendre ce que je pense être une goulée d’air…

Le combat n’est pas facile, et c’est pour cela que Jésus vient à moi chaque dimanche, dans Son Eucharistie, pour laver ma tunique, ma robe baptismale dans Son Sang, ainsi que nous le rappelle l’Apocalypse.

Je Suis dans l’Eglise, mieux : Je Suis en ton âme, par Mon Sang que tu reçois, par Mon Corps qui te donne Ma vertu, Ma force divine… Chaque fois que je communie, je communie à cette enfance de Dieu, à cette sainteté, à cette perfection. « Ce n’est plus moi qui vis, mais c’est le Christ – c’est l’Enfant, c’est le Saint, c’est le Parfait, c’est le Charitable – qui vit en moi. » C’est pourquoi Jésus dira à Ses apôtres et à chacun de nous : « Courage, j’ai vaincu le monde … » et : « Je suis avec vous jusqu’à la fin du monde… »

Et, au moment choisi par le Père, lorsque l’horloge de la vie s’arrête, s’accomplit alors cette parole : « Celui qui m’aime, mon Père l’honorera. » Parce que tu as aimé Mon Fils, parce que tu t’es nourri de Son Amour, je vais t’honorer en te faisant héritier de Mes biens : « Viens serviteur fidèle, entre dans la joie de ton maître… »

« Là ou je suis, là aussi sera mon serviteur. »

Faisons de notre communion eucharistique de la Toussaint un acte de foi renouvelé, profond, confiant dans ce viatique que Jésus vient nous donner, sans se lasser au cours de ces années liturgiques qui se répètent sans jamais se ressembler.

Pour faire de nous des hommes, des femmes, des chrétiens, des chrétiennes, absolument configurés à ce qu’est Jésus assis à la droite de Dieu et qui nous appelle, qui nous attend, qui nous désire auprès de Lui, avec tous les saints, nos frères qui nous ont précédés dans la foi…

Mgr Jean-Marie Le Gall

Communauté Saint Martin

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