L’histoire de chacun de nous est une histoire sacrée !
Le deuxième point auquel est attachée l’histoire de chacun c’est que Dieu nous attend dans Sa maison de Vie éternelle.
Aussi, l’histoire de chacun de nous quel qu’il soit, quels que soient les âges, les époques, les civilisations, l’histoire de chacun d’entre nous est une histoire sacrée. C’est une histoire sainte qui vient de Dieu, attachée à cet amour premier et fondamental, « Dieu est riche en miséricorde », et qui retourne à Dieu vers ce deuxième point d’attache, aussi solide que le premier : la promesse de la Vie éternelle, la maison de Dieu dans laquelle nous pouvons entrer à la suite de tous les saints qui étaient comme nous des pécheurs…
La vie de chacun nous est découverte aujourd’hui comme tracée, je ne dis pas déterminée, mais orientée vers un alpha et un oméga, un point de départ, un point d’arrivée. Je dirais même mieux : un point d’origine, de naissance et un point de plénitude, d’explosion, de gloire comme le décrit la Liturgie de l’Assomption de Marie…
Je nais dans l’existence, dans le monde, comme un vase d’argile -saint Paul nous le rappelle- façonné pour recevoir l’eau vive de Dieu, pour recevoir la tendresse de Dieu, pour recevoir l’Amour de Dieu. Et je partirai du monde, à l’image de Jésus qui passe de ce monde à Son Père, rempli de cette eau vive bouillonnante qui rejaillira dans ma Vie éternelle.
« Je suis la Voie, la Vérité et la Vie… »
Voilà la description qui définit la vie de chacun, à condition de suivre, nous dit saint Paul, une route tracée, et d’accepter avec humilité de ne pas s’enfoncer tout seul dans le désert. Il y a une route tracée par le Christ. Saint Jean nous donne la synthèse de ce mystère du premier de cordée, de ce frère aîné de la multitude, de ce guide ou pédagogue, de Celui qui se dira la Lumière, la voie vers la Vie.
Il nous dit : « Dieu a tant aimé le monde… » que je ne peux pas vous le dire ! Mais ce que je peux vous dire c’est « qu’Il a envoyé son Fils pour que tout homme ait la vie », cette Vie éternelle dont il était question.
Le Christ a en effet vécu dans Son humanité parce qu’Il est vrai homme, même s’Il est Fils de Dieu. Il a vécu parfaitement cette vie que nous propose Dieu, cette vie suspendue à ces deux points d’éternité et qui fait de notre histoire une histoire sacrée ! Il a vécu parfaitement de l’alpha à l’oméga puisqu’Il est, Lui, l’alpha et l’oméga ! Il le possède en plénitude cet alpha, cet Amour de Dieu, cette richesse en Lui ; comme Il possède en plénitude l’oméga qu’est la Vie éternelle ! Ce qu’Il dira à Ses apôtres après la Cène : Il va retrouver Son Père et la gloire qu’Il avait de tout temps auprès de Lui.
« Qui perd sa vie en ce monde, la gagne pour la vie éternelle. »
Il vient seulement nous dessiner cette route entre l’alpha et l’oméga de manière visible, palpable, intelligible. Il est Lui aussi naissant de Marie, façonné dans cette chair palestinienne du peuple élu… Comme un petit bébé, dans ce vase fragile, par ce dépouillement de l’Incarnation… Ce vase façonné pour recevoir en plénitude pour Lui cet Amour de Dieu dans la consécration de l’Esprit qui nous sera signifiée lors de Son Baptême par la colombe et la voix du Père.
Et puis, à l’autre extrémité, nous retrouvons cette même présence de l’Esprit curieusement dans un contexte d’agonie, de mort, de souffrance, mais finalement de don de soi. Jésus meurt, là aussi comme nous, comme un vase fragile brisé. Il meurt et, bouleversement prodigieux du monde, bouleversement de l’histoire, Il ressuscite ! Il ressuscite à la Vie pour monter vers Son Dieu et Son Père.
Le plan divin s’applique à Lui en plénitude. Et Lui-même nous l’a décrit : « Qui perd sa vie en ce monde, la gagne pour la vie éternelle. »
Et entre cet alpha et cet oméga que Jésus a vécus comme nous, nous ouvrant à ce moment-là la porte de la Vie éternelle, entre cet alpha et cet oméga il y a Sa vie de 33 ans… Il y a cette perte de vie de 33 ans : « Qui perd sa vie la gagne pour la vie éternelle. »
« Heureux les pauvres d’esprit… »
Il a perdu Sa vie et nous en donne la clé lorsqu’Il nous parle de la Loi nouvelle des Béatitudes : « Heureux les pauvres d’esprit… »
Il a perdu Son esprit afin de gagner et vivre, recevoir et transmettre l’Esprit du Père, l’Esprit-Saint, qui n’est autre que l’Amour de Dieu, la tendresse de Dieu, la miséricorde de Dieu…
Il a été poussé toute Sa vie par cet Esprit, poussé d’abord au désert, poussé dans Son enseignement, poussé dans Ses miracles, poussé dans les guérisons, poussé jusqu’à donner Sa vie c’est-à-dire remettre jusqu’au bout le souffle ultime : « Entre tes mains je remets mon esprit… » pour n’être que l’Esprit du Père, pour n’être rempli que de cet Esprit qui Le relie au Père et qui relie le Père à Lui, qui est cet Esprit d’amoureuse tendresse.
Jésus n’existe qu’en étant et vivant l’Esprit de Son Père : « Ma nourriture est de faire la volonté de mon Père. » C’est dire que Sa nourriture est d’agir selon l’Esprit du Père. Jésus s’efface pour être l’image de la tendresse de Dieu c’est-à-dire de l’Esprit-Saint : Qui Me voit, qui voit Mes œuvres, qui voit Ma tendresse, qui voit Mon amour pour l’homme, voit le Père, la tendresse du Père pour l’homme. C’est le même Esprit qui agit en Jésus et qui est l’Amour qui relie le Père et le Fils dans la Vie trinitaire.
Jésus a vécu cette première Béatitude dans Son humanité : S’oublier Lui-même jusqu’au dernier souffle, Se quitter, S’abandonner, S’effacer, ne plus Se voir pour n’être que la manifestation, l’image, l’ostensoir, le sacrement de ce Consolateur qu’Il promet de nous donner !
« Aimez non pas en parole mais en actes et en vérité » !
Et donc nous comprenons alors, avec saint Paul, la condition pour que nos actes soient des actes bons, pour que nos actes, dit-il, soient des actes vraiment bons ! Pas un petit peu bon : j’ai fait ma petite prière, je fais ma petite aumône, je rends un petit service, je vais un peu à l’église… Pour que nos actes soient vraiment bons, comme ceux du Christ, il faut qu’ils manifestent la Bonté.
C’est la définition même de l’agapé, l’Amour de Dieu. Car l’Amour de Dieu se manifeste ; Il est visible ; Il est palpable ! Il faut qu’il soit vrai en actes, pas en paroles mais en actes et en vérité nous dit saint Jean.
D’ailleurs le Bien est diffusif de soi, donc si je ne diffuse pas le Bien, si je ne suis pas l’ostensoir du Bien, je ne suis pas vraiment dans le Bon, dans l’Amour.
L’Église, ce mystère vivant, je dirais cette « personne » vivante, née dans cette mouvance de l’Esprit que Jésus remet au Père dans cette plénitude amoureuse du don de soi sur la Croix, l’Église est l’instrument par lequel je peux vivre comme le Christ, plus exactement par lequel le Christ peut vivre en moi. Saint Paul nous le dit : « Le Christ vit en vous ». L’Église est ce lieu où le Seigneur est avec nous, comme l’annonce le prophète : « Que tous ceux qui appartiennent à son peuple, le Seigneur soit avec eux, au milieu d’eux » !
L’Église est ce par quoi passe la grâce, le don qui nous recrée dans la Résurrection de Jésus, qui nous recrée par le Baptême et puis nous recrée à nouveau, si l’on peut dire, dans la confession et puis qui nous redonne cette vie en plénitude dans l’Eucharistie ! L’Église nous engendre à la vie, elle met dans notre âme cette semence qui est Jésus, qui est Son Esprit, afin qu’Il grandisse, qu’Il prenne possession de notre corps, de notre cœur, de notre esprit, de nos facultés, pour que nous soyons à Son image ! Image de l’Esprit du Père c’est-à-dire image de l’Amour, manifestation de l’agapé de Dieu.
« Demeurez en mon amour »
Voilà le plan, le dessein que Dieu forme à notre égard et que Jésus résumera dans son discours après la Cène.
« Demeurez en mon amour », c’est à dire : soyez en Moi ; plus exactement laissez-Moi être en vous, Moi et mon Esprit. Saint Paul dira que tous ceux qui sont du Christ se laissent agir par l’Esprit.
Demeurez en Mon amour, soyez ensemencés par l’Église, renouvelez cet ensemencement dans le sacrement de Réconciliation, arrachez les mauvaises herbes, grattez votre bonne terre, arrosez-la, faites la mûrir au soleil de l’Eucharistie ! Ne nous contentons pas de notre Baptême reçu il y a 10, 20, 30, 40, 50, 60, 90 ans, pour certains. Ensemençons, faisons grandir, faisons fructifier !
Demeurez en Mon Amour, alors « vous vous aimerez les uns les autres comme je vous ai aimés. » C’est la manifestation que j’évoquais : l’agapé, un amour vrai, vraiment bon.
Faisons l’examen de conscience ce soir et essayons de voir combien d’actes vraiment bons nous avons posés dans la journée et nous serons étonnés du petit nombre trouvé !
Demeurez en Mon Amour, alors vous vous aimerez les uns les autres. « Je vous dis cela pour que ma joie soit en vous. » Voilà c’est le résultat ici-bas de ce dessein de Dieu si nous le comprenons et vivons en conformité avec lui.
Comme c’est simple l’Évangile ! Demeurez dans l’Esprit de Jésus, alors vous pourrez manifester comme Jésus cet Esprit au monde, cet Esprit d’amour, de tendresse et de miséricorde. Vous serez l’ostensoir de la richesse de la miséricorde de Dieu. Et votre joie sera grande ; nous le savons bien « il y a plus de joie à donner qu’à recevoir. » ! Et au Ciel elle sera parfaite : « …et que votre joie soit parfaite. »