Lectio divina
Une lectio divina est une commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposées par l’Église pour la Messe du jour.
Lectio divina pour le dimanche de Pentecôte
L’ÉGLISE, C’EST L’ÉVANGILE QUI CONTINUE …
A la Pentecôte nous ne faisons rien moins que célébrer notre chrétien, c’est-à-dire le jour de notre naissance surnaturelle parce que nous célébrons lanaissance de l’Église à laquelle nous sommes agrégés de toute éternité dans le dessein de Dieu et, de manière historique, le jour de notre baptême. Car, oui, déjà, en ce jour dePentecôte, lorsque les Apôtres étaient réunis avec Marie la Mère de JÉSUS au Cénacle, et que l’Esprit Saint leur était donné, déjà à cet instant étaient dans la pensée divine tous ceux quiseraient agrégés à ce Corps nouveau qui est le Corps Mystique du Fils et qui possède la même énergie qui vivifia Son âme : l’Esprit Saint !
L’Église ? Jésus répandu et communiqué…
Cet Esprit d’Amour, cette énergie qui fut le moteur, la flamme intérieure du Verbe incarné, pourquoi a-t-il fallu qu’elle soit donnée comme âme à l’Église ?
Tout d’abord parce que l’Église a été créée, pas fondée mais bien créée, par Jésus pour continuer l’Annonce de la Bonne Nouvelle, pour propager jusqu’à la fin du monde et jusqu’aux extrémités de la terre l’Évangile, l’Annonce, le Salut.
Et comme il a fallu que Jésus Lui-même soit consacré par une énergie divine pour porter la joie aux affligés, l’annonce de la délivrance aux captifs, une année de grâce du Seigneur, (« L’Esprit du Seigneur m’a consacré pour porter la bonne nouvelle aux pauvres … Aujourd’hui s’accomplit devant vous cette parole de l’Écriture »), il faut que l’Église qui est Jésus répandu communiqué (Bossuet) soit elle aussi consacrée par le même Esprit, la même force pour que l’Évangile se répande jusqu’à la fin des temps.
« Le Père et moi, nous sommes UN »
Mais il y a une raison plus profonde encore.
Qu’est-ce que l’Église annonce en effet ? Quel est son kérygme, la substance de son message initial ? C’est l’Apôtre Jean qui répond : « Nous vous annonçons ceci pour que vous soyez en communion avec le Père et le Fils. » Voilà ce qu’annonce l’Église : la communion de l’homme avec le Père et le Fils, l’entrée de l’humanité dans ce courant infini, éternel et parfait qui va du Père au Fils et du Fils au Père dans un courant d’amour parfaitement substantiel, qui s’appelle l’Esprit Saint.
C’est pour cela que l’Église, qui se définit d’ailleurs comme l’entrée dans la communion de vie trinitaire, doit d’abord être là où elle veut mener les hommes. Elle doit vivre cette communion pour pouvoir annoncer cette expérience tout à fait nouvelle de partage de vie avec Dieu ! L’Église n’annonce que son expérience intérieure, l’Église n’annonce que la grâce de cette vie trinitaire partagée.
« Ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons, afin que vous soyez en communion avec nous. Quant à notre communion, elle est avec le Père et avec son Fils Jésus… » (1Jn 1, 3-4) Voilà le message et la mission de l’Église. Or, qui mieux que l’Esprit qui est Lui-même communion du Père et du Fils, qui mieux que Lui peut donner à l’Église d’entrer en cette communion, d’être mystère de communion pour l’annoncer aux hommes ?
« Tous ceux qui reçoivent l’Esprit sont fils de Dieu »
L’Esprit ne fait pas seulement entrer l’Église dans la communion du Père et du Fils. L’Esprit, en étant l’âme de l’Église fait que l’Église EST, comme Lui, communion entre le Père et le Fils. Lorsque je reçois l’Esprit Saint le jour de mon baptême, lorsque je suis rétabli dans l’état de grâce par la Réconciliation et par l’Eucharistie, je deviens réellement un élément de cette vie intime de Dieu, de cet Amour que le Père donne au Fils et que le Fils donne au Père. Je suis plus qu’un canal ; je suis un lieu où cet Amour réciproque s’exerce. Et où, m’envahissant, Il me transforme même en Lui !
Voilà ce que je deviens par le don de l’Esprit à mon baptême : je deviens fils de Dieu, cohéritier avec le Christ, de la maison de Dieu, pour reprendre l’expression paulinienne. Lorsqu’un homme reçoit l’Esprit Saint, il devient ‘être-filial’. Il n’est plus étranger à la Maison de Dieu.
« Le Père vous aime parce que vous m’avez aimé… »
Lorsque je contemple l’être filial que je suis devenu par mon baptême, je vois combien l’Amour du Père pour Son Fils rejaillit jusque dans mon âme, puisque je suis fils dans le Fils, par l’Esprit : « Le Père vous aime parce que vous m’avez aimé… » rapporte Jean. Tout est là : à celui qui reçoit l’Amour du Christ qu’est l’Esprit, le Père confie ce même Esprit comme don de Son propre Amour paternel.
Cet Amour parfait, cet Amour infini que le Père ne cesse de porter à Son Fils, jaillit, emplit notre âme, la fait éclater, la fait vivre, la transporte, l’embellit. Et en retour, de mon âme pourtant si petite, si misérable, si humaine, rejaillit, de manière véritablement miraculeuse (comme le prophétisait Jésus au Temple), l’eau vive de l’Esprit qui déborde du cœur du fidèle. C’est le même Amour infini, parfait, éternel, qui est l’Amour que le Fils porte en moi à Son Père et notre Père…
Abba Pater !
Voilà ce que le baptême me fait devenir : parce que je suis de l’Église et que l’âme de l’Église, c’est l’Esprit, je suis être-filial et je suis intégré parfaitement dans cette vie d’Amour qui est communion incessante entre le Père et le Fils. Alors, dès cet instant, l’Esprit Saint devient l’Esprit de ma sainteté car c’est moi qui, par Lui, dis : Abba Pater ! C’est véritablement moi, poussé par cet Esprit qui m’a été donné, par cette charité de Dieu qui fut diffusée en moi, c’est moi qui me tourne vers mon Dieu pour lui dire ce mot extraordinaire : Papa !
Voilà ce que nous célébrons aujourd’hui : l’anniversaire de l’Église, notre naissance à la vie surnaturelle, à cette communion d’Amour infini dans laquelle l’Esprit Saint nous plonge.
Mgr Jean-Marie LE GALL, Aumônier catholique H.I.A Percy, Clamart