L’Incarnation nous révèle aussi que cette divinisation de l’homme, cette vocation de l’homme à vivre de la Vie de Dieu n’est pas quelque chose d’artificiel, d’accidentel. Bien sûr, ce n’est que par participation que l’homme s’intègre dans la vie divine, et vit de Dieu.
Mais cette intégration, cette participation est si totale, si parfaitement possible que le Christ nous parle de filiation comme Saint Jean le rappelle. Ce n’est pas comme des étrangers que nous entrons dans la Vie de Dieu, c’est comme des fils. Nous sommes héritiers de Dieu et donc co-héritiers du Christ. C’est-à-dire que la vie de Dieu, la Trinité, est notre héritage : « A ceux qui croient en Lui, Il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu », héritiers de la Vie divine.
Voilà le message de l’Incarnation, du Verbe. Si le Verbe s’est fait chair et a habité parmi nous c’est pour nous montrer que l’homme a une aptitude essentielle à se fondre dans la vie de Dieu comme un enfant se fond dans la vie de son père !
Noël, la fête de l’homme…
Noël, c’est vraiment la fête de l’homme, c’est la fête de l’homme-enfant, c’est la fête de l’homme enfant de Dieu. Et il nous faudra repartir et vivre après la Liturgie de Noël avec cette grâce toute spéciale que nous allons recevoir par cette Eucharistie. Il va falloir vivre cette grâce, il va nous falloir mendier la grâce d’un amour neuf vis-à-vis de notre Père. Prenons la résolution de dire avec plus de profondeur : Notre Père qui est aux Cieux…
Notre Père qui est aux Cieux, en sachant que les cieux sont les meilleures demeures, c’est-à-dire d’abord Dieu Lui-même, puis tout ce que Dieu a créé pour venir y habiter et venir s’y complaire. Prenons la résolution de ne plus rabâcher notre Pater, mais de le dire avec une pleine conscience de ce que cela représente qu’un homme puisse évoquer Dieu en lui disant Notre Père.
Et puis, dans un monde si bouleversé par les catastrophes naturelles et par la haine de l’homme, nous devons mendier la grâce d’aimer le monde, quelles que soient ses catastrophes, quels que soient les cycles de son histoire, quelles que soient les périodes d’obscurité. Parce que dans ce monde, il y a toujours des âmes disséminées discrètement ici ou là qui sont des demeures parfaites de la présence divine, des âmes immortelles qui vivent en Dieu et vivent le plus parfaitement possible : Abba Pater ! Et rien que pour ces quelques justes, pour ces saints inconnus, l’histoire du monde vaut la peine de continuer !
Aimer l’homme par amour de Dieu qui s’est fait homme…
La troisième grâce que nous devons mendier, c’est non seulement l’amour du monde, mais l’amour de l’homme qui est le temple de la divinité, qui est fils de Dieu dans lequel Dieu se complaît.
Nous ne pouvons pas repartir de la messe de Noël sans avoir renouvelé notre charité, notre amour vis-à-vis de Dieu notre Père, vis-à-vis du monde dans lequel nous sommes, parce qu’Il nous l’a donné et parce qu’il contient des sanctuaires de cette divinité ; et donc vis-à-vis de nos frères, que nous devons croire capables de vivre le plus parfaitement possible cette filiation divine.
Cet amour, il nous vient de Dieu, il nous vient de Jésus : c’est la grâce : « Nous avons reçu grâce sur grâce. » Et si la loi nous est venue de Moïse, cette grâce, cette vérité, ce regard sur notre Père, ce regard sur notre prochain, il nous vient de Jésus. Il ne dépend pas de nos sentiments ni de notre sensibilité. C’est un don de Dieu, c’est le don de Noël, c’est le don que l’Église nous renouvelle aujourd’hui. Et pour cela, chantons dans notre intériorité : DEO GRATIAS !