Lectio divina
Une lectio divina est une commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposées par l’Église pour la Messe du jour.
Lectio divina pour le trentième troisième dimanche 2015
LA VIE CHRETIENNE OU L’HONNEUR DE DIEU
Pour le dernier dimanche ordinaire qui précède la fête du Christ-Roi, clôture de notre année liturgique, l’Eglise propose à notre méditation cette phrase à la fois terrible et sibylline que le Christ adresse à Ses apôtres : » Le ciel et la terre passeront, mais Mes Paroles ne passeront pas. » Une phrase bien frappée dont Jésus a le secret, secret qu’Il nous demande de découvrir.
« Le ciel et la terre passeront »
» Le ciel et la terre passeront « : c’est l’annonce d’une transformation finale de notre monde. Non pas seulement la transformation de la sanctification dont Saint Paul nous parle, lorsqu’il dit que le monde gémit dans les douleurs de l’enfantement, mais une transformation substantielle, un changement radical. C’est ce changement radical que l’Evangéliste Jean décrira dans l’Apocalypse, lorsqu’il mettra dans la bouche du Seigneur : » Voici que je fais toutes choses nouvelles car l’ancien monde s’en est allé. » C’est cette même réalité de foi que nous chantons dans notre Credo lorsque nous proclamons « la résurrection de la chair. » Parce que : à monde nouveau, chair nouvelle, corps nouveau.
C’est une réalité de foi, certes compliquée à pénétrer dès que nous cherchons à lui donner une explication scientifique, mais que Jésus affirme pourtant à maintes reprises dans l’Evangile : le ciel et la terre d’aujourd’hui seront transformés.
« Et mes paroles ne passeront pas »
» Et mes paroles ne passeront pas « . Cette deuxième partie de l’affirmation du Christ est la promesse que les hommes pourront participer à ce monde nouveau, à cette nouvelle terre, là où il n’y aura plus ni pleurs, ni tristesse. Ceux qui participeront à ce monde nouveau car radicalement transformé par rapport à celui que nous connaissons, Jésus les nomme les » élus « . Ce sont ces élus qu’Il va rassembler des quatre coins du monde lorsqu’Il reviendra dans Sa gloire. Affirmation du changement de notre univers, promesse que des hommes pourront participer spirituellement, pourront vivre, seront partie prenante de ce monde nouveau, de cette terre nouvelle qui, puisqu’elle ne sera plus à l’image de nos corps physiques, sera à l’image de Dieu. Ce sera le Royaume de Dieu.
« Père pardonne-leur… »
Nous ne pouvons pas mettre en doute cette promesse du Christ de nous donner la Vie car cette promesse, elle a déjà été réalisée : elle est déjà en acte par l’Acte de la Croix. C’est le thème de la deuxième lecture du 33ème Dimanche, lorsque l’Apôtre nous dit que par Son Sacrifice Unique, le Seigneur a mené à la perfection ceux qui participent à Sa sainteté. Par la Croix, Dieu a donné Son Fils pour que le monde ait la Vie, pour que quiconque croit, participe à cette Vie nouvelle.
Par la Croix, déjà posée, déjà enfoncée dans le Golgotha, il y a près de 2000 ans, par la Croix, la promesse du Père s’est effectivement réalisée puisque le pardon est venu dans le monde et que là où le pardon est venu, là où le pardon est accordé, il n’y a plus besoin de sacrifice. La dette de l’homme a été effacée par le sang de l’Agneau. C’est par ce Sacrifice unique que, déjà, Jésus a amené à la perfection ceux qui participent à Sa sainteté.
Comment pourrions-nous alors mettre en doute la Vérité de Dieu ? Comment pourrions-nous mettre en doute l’affirmation du Père ? Regardons la Croix et pensons à cette phrase de Paul : » Il m’a aimé, et Il s’est livré pour moi » ! C’est vrai : c’est déjà arrivé ! Nous ne vivons pas dans une promesse uniquement eschatologique ; le futur en Dieu est déjà présent sur notre terre par le sang versé. Et il est rendu présent à chaque Eucharistie, par la consécration du Corps et du Sang de l’Agneau.
Etre un sage pour devenir un maître de justice
Voilà la fidélité de Dieu, et c’est à cette fidélité de Dieu que doit répondre la fidélité de l’homme. C’est à la foi que Dieu a mis en l’homme que doit répondre la foi de l’homme envers son Seigneur. C’est vrai que la foi est un don de Dieu parce que c’est Lui le premier qui a foi en nous. C’est Lui le premier qui a tiré un chèque en blanc sur Sa vie, signé par le Sang du Fils, et c’est avec Sa foi que Dieu peut attendre et espérer notre réponse de fidélité, foi qui s’enracine dans la Sienne.
Alors, de quelle fidélité s’agit-il ? Est-ce la fidélité de routine de notre messe dominicale, de nos Pâques, de nos confessions annuelles? Est-ce une fidélité uniquement de présence, ce qui est déjà beaucoup, mais qui n’est pas forcément suffisant ? De quelle fidélité Dieu a-t-Il besoin en réponse à la Sienne ?
Reportons-nous à la première lecture de cette liturgie dominicale : Ceux qui vont briller dans le firmament de ce monde nouveau, ce sont les sages, ce sont les maîtres de justice. Alors, posons-nous la question : sommes-nous fidèles pour briller dans le firmament de la terre nouvelle ? Sommes-nous fidèles à cette sagesse, c’est à dire à cette intelligence du monde, à cette intelligence de l’homme, à cette intelligence du cœur qui est l’intelligence de Dieu ?
Sommes-nous des maîtres de justice ? La justice est la vertu qui consiste à rendre à chacun ce qui lui est dû. Mais cette justice de Dieu consiste à rendre à chacun ce qui lui est dû dans la vision de la Sagesse de Dieu ; c’est une justice qui transcende la justice humaine, qui ne l’abolit pas, qui la dépasse, qui l’explique, qui l’éclaire.
Donner à l’autre le bien de Dieu au nom de Dieu
Pensons à ceux qui ont des responsabilités professionnelles, soit économiques ou médicales, soit morales ou éthiques… Pensons aux entrepreneurs, aux militaires, aux médecins, aux avocats, aux professeurs, aux dirigeants : quelle est la part de la sagesse de Dieu qui est insérée dans leur vie professionnelle ? Voient-ils l’homme, l’employé, le malade, celui qui vient demander conseil, avec l’intelligence de Dieu ? Voient-ils l’homme comme un fils de Dieu ? Essaient-ils de pénétrer son cœur, son être, pour y découvrir ce dont il a besoin, profondément, pour son achèvement de personne et d’enfant de Dieu ? Ou le voient-ils seulement comme une valeur, un client, quelqu’un qui rapporte, qui paye ?
Sont-ils des maîtres de justice ? Essaient-ils, après cette vision profonde de leur frère, de lui rendre ce qui lui est dû, non par démagogie, par politique, par commerce, mais ce qui lui revient selon le regard de Dieu, selon ce que Dieu veut lui donner en tant que personne libre, digne, appelée au Salut ?
Travailler à l’honneur de Dieu
Faisons notre examen de conscience pour préparer notre fête du Christ-Roi. Regardons comment cette année, nous avons été fidèles à l’intelligence de Dieu, sur l’homme, sur Son enfant : celui qu’Il a créé, celui qu’Il veut construire avec Lui… Regardons dans quelle mesure nous avons œuvré pour la justice de Dieu quoiqu’il puisse nous en coûter de rendre à celui qui est en face de moi ce que je dois lui rendre au nom de Dieu.
Rendons grâce pour les fois où nous l’avons fait dans la grâce de Dieu, dans l’éclairage de notre baptême. Parce que nous l’avons sûrement fait, de multiples fois, travaillés que nous sommes par notre conscience chrétienne.
Et demandons pardon pour les fois où nous ne l’avons pas fait. Pour les fois où, avant cet intérêt de Dieu, cet honneur de Dieu, est passé notre intérêt personnel, qu’il soit économique, affectif ou intellectuel.
C’est ainsi que nous nous préparerons à clôturer notre année liturgique, qui n’est ni l’année civile ni l’année scolaire, mais qui est l’étape annuelle de notre vie chrétienne, une année de grâce qui nous a été donnée pour recevoir de Jésus par Son Eglise réconfort et consolation afin de donner à nos frères ce réconfort et cette consolation reçus de Dieu, comme Paul l’écrivait aux Corinthiens.