Lectio divina
Une lectio divina est une commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposées par l’Église pour la Messe du jour.
Lectio divina pour le onzième dimanche 2015
ÊTRE BON !
A la Pentecôte, nous avions vu le temps arrivé, non pas seulement de contempler le mystère pascal de Jésus et de le célébrer, mais aussi de se l’appliquer à nous-mêmes.
La Liturgie est le Mystère pascal rendu éternellement présent
Or depuis la Pentecôte, nous avons d’abord célébré la Trinité. Nous avons essayé de nous évader de ce Mystère pascal en fêtant la Transcendance, la grandeur de Dieu et finalement nous sommes revenus au Mystère pascal puisque nous nous sommes replongés dans la vie de Jésus, la vie bien concrète, bien humaine de cette deuxième personne de la Trinité qui est venue justement vivre et mourir pour nous permettre de rejoindre la Trinité.
Puis nous avons célébré la fête du Corps et du Sang de Jésus, ce viatique eucharistique que Dieu nous a laissé pour rejoindre la Trinité ; et finalement nous sommes revenus encore au Mystère pascal puisque le Corps et le Sang de Jésus c’est Jésus mort et ressuscité pour nous, nous laissant Son Corps pour nous en nourrir. Enfin, il y a deux jours, nous avons célébré la solennité du Sacré-Coeur, cette grande fête mystique qui ne rappelle pas un mystère de l’histoire de Jésus, mais qui célèbre Son Amour. Et nous sommes encore revenus au Mystère pascal puisque l’Amour de Jésus c’est de donner Sa vie pour nous…
Comme on le voit, chaque fois que nous essayons de sortir de ce Mystère pascal pour nous l’appliquer à nous-mêmes, nous y retombons, et de plus belle, que ce soit par la Trinité, par l’Eucharistie, par le Sacré-Cœur de Jésus !
Le Mystère pascal, cœur de la vie chrétienne
Tout tourne dans notre liturgie autour de la mort et de la résurrection de Jésus. Ce qui nous montre que la vie du baptisé est elle-aussi centrée et se construit tout autour du Mystère pascal, mystère de la mort et de la résurrection de notre Seigneur. Le mystère de la mort et de la résurrection de Jésus est à la fois la cause de notre vie chrétienne, le moyen de notre vie chrétienne et la finalité de notre vie chrétienne. Pour vivre avec Jésus, il faut mourir avec Lui, il faut s’oublier. Il faut donc s’appliquer totalement ce mystère de la Pâque de Notre Seigneur.
Autrement dit il faut s’appliquer le principe de la vie de Jésus qui est l’amour : amour de Son Père et amour de Son prochain. Ou, si l’on veut, l’amour du prochain tout court avec le premier prochain qui est Dieu et l’autre prochain que sont les hommes. Il faut user de cet amour que Jésus nous a manifesté en donnant Sa vie et qu’Il nous donne par Sa grâce depuis le baptême par l’Eucharistie et la Réconciliation pour appliquer dans nos vies le mystère de Pâques c’est à dire ce mystère de mort à nous-mêmes et de vie pour les autres.
Imiter Jésus en mettant le Christ dans notre cœur
C’est ce que l’on a appelé, à une certaine époque, l’imitation de Jésus-Christ. Peut-être que certains d’entre vous ont encore en tête le titre de ce fameux livre écrit par un spirituel duXV° siècle, Thomas de Kempis : « L’Imitation de Jésus-Christ ». Cet ouvrage fut, avec la Bible, le livre de chevet de Thérèse de l’Enfant-Jésus : comme quoi on peut faire des grands saints avec des petits livres !
Bien entendu, il ne s’agit pas d’imiter extérieurement, comme des espèces de singes la vie de Jésus. Il s’agit de mettre le Christ dans notre cœur. Il s’agit de christianiser notre cœur. Il s’agit de rendre présent le Cœur de Jésus dans mon cœur, comme l’Eucharistie rend présent le sacrifice de la Croix de manière réelle.
Le cœur est le centre de ma vie. C’est du cœur que partent mes pensées, mes paroles, mes actions, mes gestes, mon sourire… Donc il faut que le Christ soit dans mon cœur pour que mes pensées, mes actions, mes paroles soient des pensées du Christ, soient des paroles de Jésus, soient des gestes de Notre Seigneur… Donc des paroles de tendresse, des gestes de guérison, d’apaisement, des pensées de paix… L’Évangile constitue tout ce message de douceur, de miséricorde que Jésus nous a apporté… Vivre l’Evangile par la puissance de la grâce, voilà la véritable imitation de Jésus-Christ.
« Plaire au Seigneur »
C’est d’ailleurs le mois de juin, le mois du Sacré-Cœur. Etre dévot au Sacré-Cœur ne consiste pas à rabâcher des litanies mais consiste bien plutôt à christianiser notre cœur, à faire de notre cœur une présence dans le monde de ce Cœur de Jésus plein d’un amour sans mesure. Voilà ce que saint Paul appelle « plaire au Seigneur. »
Comment plaisons-nous au Seigneur ? Jésus nous le dit dans l’Evangile. Nous plaisons à Jésus non pas en criant : « Seigneur, Seigneur… », mais en pratiquant Ses commandements : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés », c’est à dire en reproduisant en nous la vie de Jésus, les pensées de Jésus, les gestes de Jésus, les paroles de Jésus… Plaire au Seigneur, quelle devise magnifique !
Plaire au Seigneur c’est reproduire en nous la vie du Christ, c’est faire en sorte que Jésus, le petit rameau de Jessé, (on se souvient de Jessé le père de David : « de Jessé sortira un rameau »), devienne le grand cèdre comme nous dit la première lecture, ce cèdre immense avec de multiples branches… Et ces multiples branches, c’est nous.
Plaire au Seigneur c’est reproduire notre vie de manière à ce que Jésus soit partout dans le monde, dans nos familles, dans notre travail, dans notre vie de la cité, dans la vie de nos immeubles, de nos quartiers, dans la vie de notre paroisse…
De Jésus et de l’Eglise
Est-ce que nous sommes d’autres Christ ? Posons-nous la question. Sommes-nous d’autres Christ ou sommes-nous des bois secs ?
Nous entendons les paraboles et les histoires, les comparaisons et les images que Jésus utilise pour parler du Royaume de Dieu. Il parle de ce petit grain de moutarde qui va devenir grand, jusqu’à donner naissance à un arbrisseau avec beaucoup de branches. Cela est aussi une image de l’Eglise. Le Christ, petite graine tombée en terre pour mourir, pour s’oublier, pour donner sa vie, donne naissance, en ressuscitant, à cet arbrisseau aux branches étendues et multiples représentant l’Eglise !
L’Eglise est cet arbre si étendu que chaque passereau, représentant les hommes et les femmes de notre monde, chaque passereau peut venir s’y abriter, comme dit Jésus dans l’Evangile. Nous ne venons pas nous abriter dans l’église du froid et de la pluie. Nous sommes véritablement à l’abri dans l’Eglise, nous venons nous nourrir dans l’Eglise. Nous venons nous nourrir de la Parole de Dieu, nous venons nous nourrir de l’Eucharistie, nous venons nous nourrir de la charité puis de l’amitié commune entre nous tous.
« Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur »
Ce travail pour devenir et fabriquer l’arbre de l’Eglise à partir de la racine de Jésus, demande du temps et de la persévérance car c’est la christianisation de notre cœur qui est en jeu. Faire notre cœur à l’image du Cœur de Jésus est un travail qui se fait dans le silence, dans l’attention à soi (car il faut être attentif à soi-même avant et pour être attentif aux autres). Il faut être attentif à soi-même parce que dans soi-même il y a Dieu. C’est un travail qui se fait donc dans le silence et à chaque instant comme le dit Jésus dans Sa parabole : le semeur sort pour semer et le grain monte le jour et la nuit.
C’est un travail en profondeur puisqu’il s’agit de reproduire Jésus dans tous les actes de notre vie en Le mettant à la racine de notre personne. Saint Paul dira : « Quoi que nous fassions : que nous dormions, que nous mangions, que nous travaillions, que nous nous reposions, nous devons tout faire au nom du Seigneur. »
Agir au nom de Jésus c’est agir comme Jésus. ‘Comme’, un mot qu’il faut se mettre dans la tête ou plutôt dans le cœur. « Aimez-vous les uns les autres comme comme je vous ai aimés »…
Agir comme Jésus, c’est à dire être bon. Bon, voilà le mot clé de l’Evangile. Voulons-nous savoir si nous sommes chrétiens, regardons si nous sommes bons.