Lectio divina
Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.
« SI QUELQU’UN VEUT VENIR A MA SUITE… »
Lectio divina pour le Dimanche des Rameaux Année C
Is. 50, 4-7 Phil. 2, 6-11 Lc. 22, 14-23, 56
La Passion que nous allons entendre au cours de la célébration des Rameaux nous est offerte sous une lumière particulière, non comme la mémoire précise des évènements historiques, ce qui sera le cas de la proclamation du récit évangélique le Vendredi Saint. La Passion vient à nous aujourd’hui comme le chemin qui mène à la Gloire pascale signifiée par l’entrée triomphale du Christ à Jérusalem.
Prenons avec Simon de Cyrène le chemin de Jésus…
Ainsi, aujourd’hui la Passion s’impose, trône, se déploie au-dessus de nous et devant nous dans la lumière de la Vie glorieuse que les Rameaux signifient. Comme dimanche prochain, la Gloire nous apparaîtra, avec la Résurrection, marquée à jamais des stigmates de la Mort sur le Corps de Jésus.
Cette célébration liturgique est donc aujourd’hui une invitation à voir la Passion comme un chemin de vie, comme une marque divine d’amour que nous sommes invités à espérer partager, comme une chance de participer pleinement avec le Christ-Roi au triomphe de la Vie sur la Mort. C’est le chemin de Simon de Cyrène que l’Église nous propose de faire avec le Christ.
« Ouvrons l’oreille de notre cœur et laissons-nous instruire »
« Ouvrons donc l’oreille de notre cœur et laissons-nous instruire » dit Isaïe dans la première Lecture. Ne restons pas à la surface de nous-mêmes avec les mots, mais entrons dans le fond de l’âme avec la grâce. Puis, laissons remonter de notre cœur les souffrances qui ne sont jamais petites lorsqu’elles nous touchent, et nous font chuter sur notre chemin vers la Maison du Père.
Sachons voir, dans ces quelques duretés de notre vie quotidienne, la présence d’un Dieu qui s’est fait proche, l’un de nous, notre frère rappelle Paul aux Philippiens dans la deuxième Lecture.
Mieux : découvrons dans ces modestes épreuves le prolongement même de l’Incarnation qui vient ainsi jusqu’à nous, dans sa plénitude. Oui, voyons dans nos peines le lieu privilégié où nous pouvons toucher pour partager, dans la grâce de l’Esprit Saint, la plénitude de l’Amour de Dieu qui S’est abaissé pour rejoindre chacun de nous par Sa Paternité.
« C’est une grâce de supporter des choses pénibles… »
C’est Pierre qui nous l’enseigne : « C’est une grâce de supporter des choses pénibles… C’est bien à cela que vous avez été appelés, puisque le Christ lui-même a souffert pour vous et vous a laissé son exemple afin que vous suiviez ses traces » (1Pie 2,19)
Si nous voulons partager son cœur et ses fruits, la Passion ne doit pas nous rester extérieure. Elle doit trouver un lieu en nous où se placer, comme une pièce indispensable au sens de notre existence appelée à la Vie.
Il nous faut voir humblement où le Seigneur vient vivre Sa Passion dans notre vie, où Il vient nous demander de la vivre avec Lui, nous supplier de Le laisser continuer dans telle blessure de notre âme Son chemin de souffrance. Afin que ce lieu de l’âme où la mort règne soit un lieu où la Vie l’emporte désormais. Par l’amour reçu, donné, espéré…
Le Christ est venu remplir la souffrance de Sa présence…
« Le Christ n’est pas venu expliquer la souffrance ni l’éliminer, mais la remplir de sa présence » écrivit très justement Claudel.
Oui, c’est pour purifier notre cœur des germes de mort que nous entrons chaque année en Passion. Afin, non pas de supprimer la souffrance, mais de la remplir de Sa présence lumineuse et de la faire avec Lui, source de Vie.
C’est à cela que Simon de Cyrène nous invite en nous proposant de porter avec lui le « joug léger » qu’est la Croix rédemptrice de Notre Seigneur.
Mgr Jean-Marie Le Gall
Aumônier catholique
Hôpital d’Instruction des Armées de Percy, Clamart.
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