Lectio divina

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposées par l’Église pour la Messe du jour.

« TON FRÈRE QUI ÉTAIT MORT EST REVENU À LA VIE… »

Lectio divina pour le sixième dimanche de Pâques

Nous célébrons Jeudi prochain le mémorial de l’Ascension de Jésus, de la montée du Christ, du retour du Fils de l’Homme vers Son Père. Il nous faut tenir ferme, sur cette précision physique, ce mouvement de la montée de Jésus dans le Ciel parce que c’est un signe profondément utile pour notre foi. Cette montée de Jésus dans le Ciel exprime en effet, le retour à Dieu, l’ascension vers l’Invisible, la montée vers l’Inatteignable, vers le Transcendant, vers Celui qui est en haut, « au-dessus de tous. » Ce retour à Dieu est un fait essentiel de notre foi. Parce que Dieu nous le dit, nous croyons que l’homme a été créé à l’image de Dieu, que l’homme est sorti de Dieu pour retourner vers ce Père et vivre avec Celui qui, comme Créateur est son Principe.

« Galiléens, que faites-vous donc à regarder ainsi ? »

Oui, parce que Dieu nous le révèle, nous croyons que l’homme est sorti de Dieu pour vivre avec Lui et retourner en Lui. Eu égard à cette vérité, Jésus a pris la peine de nous enseigner à travers des paraboles, particulièrement celle du fils prodigue, le départ de la maison paternelle et le retour en cette maison. Le mouvement de Jésus, Son Ascension dans les nuées, Son élévation devant les apôtres est fondamental, car justement il exprime la réalisation tangible, visible de ce retour à Dieu, retour promis par Dieu mais jusqu’à présent non expérimenté.

L’Ascension de Jésus qui exprime la réalisation du retour à Dieu est la première. Le Christ, Premier-né d’entre les morts, premier homme à rentrer dans le sanctuaire céleste, le Christ est premier dans ce retour à Dieu comme le Verbe a été le premier à sortir de Dieu : « engendré, non pas créé. » Le mystère de l’Ascension est donc l’expression du retour de l’homme vers son Père et de la primauté, de la première place, dans ce retour, tenue par le Christ, Premier-né d’entre les morts.

« Là où je suis, là aussi sera mon serviteur… » Jn.12,26

Il est important d’insister sur la réalisation visible de ce mouvement de l’homme vers le monde de Dieu, mais il est aussi important d’insister sur cette primauté de Jésus dans ce mouvement de retour vers Dieu. Car dans cette primauté est inscrite une notion de causalité.

Ce n’est pas n’importe quel homme qui entre dans le Ciel. Jésus n’est pas pour nous un simple premier-de-cordée. Le lien qu’il y a entre le Christ et moi-même, entre le Fils de Dieu et l’humanité à laquelle Il s’est uni, ce lien n’est pas seulement un lien de logique mais aléatoire : le guide est passé, les alpinistes devraient passer eux aussi !

Le lien qu’il y a entre le Christ et l’humanité est d’un tout autre ordre. Le Christ est personne divine, assumant l’humanité entière. L’humanité est ainsi comme Son corps. Il y a donc impossibilité de séparer notre être d’avec celui de Jésus. Et donc, à cause de cela, nous savons que là où Jésus est allé, nous aussi, nous pouvons monter.

« Quand on s’unit au Seigneur, cela ne fait qu’un seul Esprit » 1Cor.6,17

Le lien qui crée cette unité entre Jésus et l’homme, c’est l’Esprit-Saint, sève spirituelle envoyée de manière incessante par la Tête dans le Corps, dans les membres, dans l’Église.

Jésus dit dans Son Évangile que s’Il ne monte pas vers le Père, Il ne pourra pas envoyer l’Esprit. Car si Jésus restait dans Sa personne historique, physique, nous ne pourrions pas être Son corps. Ce ne serait métaphysiquement pas possible. Il faut que Jésus rejoigne l’éternité pour embrasser tous les temps, tous les hommes et vivre en eux, continuer de vivre par eux, grâce à cet Esprit qui est Son Esprit « diffusé en nos cœurs » comme cela sera célébré à Pentecôte.

Aussi, lorsque nous célébrons liturgiquement le mystère de l’Ascension, c’est notre propre mystère que nous célébrons, par anticipation. Pour celui qui est uni à Jésus, pour celui qui vit son baptême, pour celui qui essaye chaque jour malgré les chutes, de rester véritablement le corps du Christ, alors la promesse de Dieu se réalisera. Oui, nous pouvons dire que Jésus nous précède dans la gloire, et c’est cette certitude, basée sur la Parole de Dieu et sur ce mystère visiblement vécu par le Christ, devant les apôtres, qui fonde notre espérance chrétienne.

« Je vais vous préparer une place… » Jn.14,26

L’espérance chrétienne, c’est désirer rejoindre, s’établir et vivre à côté de Celui qui a donné Sa vie pour nous, pour notre Salut.

Voilà le véritable motif de notre joie ecclésiale en célébrant l’Ascension. Dans la collecte, nous avons reconnu que Dieu le Père a élevé le Christ au-dessus de tout. Cette élévation n’est pas avant tout une élévation de gloire, d’honneur. Oui, cela est juste, Saint Paul nous le dit dans l’épître aux Philippiens : « Il lui a donné un nom au-dessus de tout nom. » Mais cette élévation, pour être une élévation de gloire et d’honneur est d’abord l’élévation dans la maison du Père, ce mouvement que Jésus inscrit le premier dans l’histoire de l’humanité pour que tous Ses frères par adoption puissent Le suivre.

Mgr Jean-Marie Le Gall

Aumônier catholique

Hôpital d’Instruction des Armées de Percy, Clamart.

Retrouvez la lectio divina quotidienne (#twittomelie, #TrekCiel) sur tweet : @mgrjmlegall