«VOICI CE QU’A FAIT L’AMOUR INVINCIBLE DU SEIGNEUR ! »

En nous approchant de cette célébration, on peut se demander si nous sommes vraiment conscients de l’Évènement que nous allons fêter.

«Voici ce qu’a fait l’amour invincible du Seigneur ! »

Dieu quand Il fait, Il crée ; nous, nous produisons. Dieu crée de toute Sa force, de toute Sa puissance, de toute Sa bonté ! Dieu, Celui qui est le Tout-puissant du Sinaï, Celui qui a appelé Abraham, Celui qui a donné les Tables de la Loi à Moïse, Celui qui a fait sortir Son peuple d’Égypte, Lui le Transcendant et l’Inabordable, Lui qui est signifié par le tonnerre, par la foudre, par la montagne ou par l’obscurité, voici que ce Dieu a un Amour sans limite, invincible quelle que soit la réponse qu’Il reçoit ! Et cet Amour, Il est là, présent dans la crèche !

Songeons-nous que lorsque cet Enfant est né, c’était le Fils de Dieu qui nous était donné ? Lorsque Jésus naquit de la Vierge Marie, c’était le Verbe, le Fils du Père, le Fils de Celui qui se révéla comme « Celui qui est », le Fils de Celui que révélèrent les Jérémie, les Ézéchiel, les Isaïe, le Baptiste… C’est Son Fils qui est là !

Alors, pendant quelques instants, oublions notre fatigue, oublions l’excitation de notre soirée, de notre pastorale ou de notre réveillon familial qui va suivre… Essayons de garder quelques secondes le silence et de nous dire : oui, effectivement, cet Enfant qui est né est le Fils de Dieu ! Faisons-le : fermons les yeux et disons-nous : Jésus est Dieu !

Dieu ne veut jamais rien prendre, mais toujours donner !

Dieu nous L’a donné ! Il ne nous Le prête pas : Il nous Le donne ! La preuve : Jésus est encore là, dans Son Église ; Il est là dans le tabernacle, Il sera là sur l’autel du sacrifice ; Il est dans notre cœur !

Dieu nous Le livre, comme nous l’enseigne Jésus Lui-même par la parabole des vignerons homicides à qui le maître de la vigne envoie son fils…

Nous pouvons nous demander : pourquoi Dieu nous donne-t-Il Son Fils sous la forme d’un enfant, d’un nourrisson même, qui a suivi la loi de la gestation humaine dans le sein d’une femme ? Puisque le Christ est le nouvel Adam, puisqu’Il est l’Homme nouveau, pourquoi Dieu ne nous a-t-Il pas donné Son Fils dans la perfection de sa personnalité physique, intellectuelle ?

Tout simplement parce qu’on ne refuse pas un enfant ! Si le Père a choisi de donner Son Fils comme un enfant, c’est parce qu’on ne refuse rien à un enfant !

Or le don du Salut, de la Paix, du Bonheur éternel que Dieu veut nous faire est tellement inimaginable à l’homme pour qui tout se vend, tout se paye, tout s’achète, qu’il fallait bien ce subterfuge pour lui enlever tout soupçon et le persuader que Dieu ne veut jamais rien prendre mais toujours donner !

Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu !

Et que Dieu veut-Il nous donner ? Qu’est-ce qui se cache en vérité sous les réalités de Salut, de Paix, de Bonheur ? Pourquoi s’est-Il fait homme ?

Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu !

Pour que l’homme acquière le mode de vie divin. Pour que l’homme soit peu à peu formé à la manière de voir de Dieu. Dieu est Tendresse, Dieu est Patience. Dieu n’existe dans Sa paternité que pour Son Fils et dans Sa filiation que pour Son Père. Et voilà ce qu’Il veut nous proposer : Il vient à nous pour nous montrer ce chemin à prendre nous aussi !

Ainsi en est-il de l’Église. Contrairement à une idée reçue, l’Église ne nous oblige nullement : comme gardienne de l’Évangile au contraire elle nous laisse entièrement libres. Elle ne fait que nous montrer la route, poser sur notre chemin d’humanité des jalons de lumière afin que nous arrivions petit à petit à vivre comme Dieu. Afin que, à l’exemple de Jésus, nous arrivions à trouver notre bonheur dans l’amour des autres au point de nous oublier nous-mêmes ! Au point d’être tendresse face aux duretés, d’être pardon face au mal, d’être douceur face à la souffrance !…

Afin que nous devenions en tout point semblables à ce Fils en qui notre nature est unie à celle de Dieu, comme nous le prierons à l’Offertoire…

Que nous devenions semblables au Fils qui a pris notre humanité !

Voilà. Il nous suffit pour cela de recevoir Jésus en nous durant cette sainte Nuit par Sa présence de grâce et, si nous le pouvons, par l’Eucharistie. Il nous suffit d’entretenir avec Lui cette présence en usant de la force qu’elle nous donne, de Sa lumière et de Son amour pour être effectivement transformés dans un « prodigieux échange » en Celui qui a pris notre humanité.

Ne serait-ce pas merveilleux de pouvoir devenir tous -dans une famille, dans une ville, dans un pays…- semblables au Fils de Dieu, devenir enfants de Dieu tous unis et s’aimant infiniment autour de notre Père, de notre Créateur, de notre Dieu ?

Autorisons-nous ce rêve, non pour quitter le réel, mais, bien au contraire, pour nous y replonger avec l’énergie de l’Esprit que nous laisserons œuvrer en nous pour faire de notre terre une préparation de la Vie céleste !

Oui, réjouissons-nous : Noël, c’est vraiment le Ciel qui vient sur la Terre !

Mgr Jean-Marie Le Gall

Aumônier catholique

Hôpital d’Instruction des Armées de Percy, Clamart.

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