L’Eucharistie est faite pour permettre à Jésus de continuer à célébrer en nos âmes Sa Pâque c’est-à-dire de continuer à célébrer en nos âmes Sa mort d’Amour pour les hommes. L’Eucharistie est faite pour donner à chacun de se transformer en accueil, en maison, en lieu de réception intime, chaud, cordial, pour que le Christ puisse y descendre comme chez Zachée et y mourir d’Amour pour le monde.
L’Eucharistie est vraiment le mystère de la foi qui nous fait devenir des instruments les plus sublimes, en prêtant notre âme mystérieusement à Jésus pour qu’Il continue d’illuminer mystérieusement le monde, de le réchauffer, et de le sauver !
Par moi et avec moi Jésus va vivre Sa charité !
Comment Jésus va-t-Il s’y prendre ? Comment Jésus va-t-Il célébrer Sa Pâque dans notre cœur ?
Eh bien il va s’y prendre tout simplement par Sa Charité et c’est pour cela que, tout en nous disant que l’Eucharistie nous renvoie à quelque chose d’autre de plus grand, l’Eucharistie est le mystère des mystères, le mystère de la foi, le plus grand des sacrements !
Parce que dans l’Eucharistie, par l’Eucharistie Jésus va vivre Sa charité, non plus par la Croix et avec la Croix, mais par moi et avec moi. Mystère eucharistique : par moi et avec moi Jésus va vivre Sa charité !
On comprend alors pourquoi le Christ dans un même repas glorieux (et glorifiant parce qu’il appelle déjà Judas), dans un même repas à la fois Il institue l’Eucharistie (qui aurait déjà suffi amplement à la méditation des apôtres) et Il enseigne le commandement nouveau appelé le mandatum, le commandement de l’amour du prochain, de l’amour le plus fou, le plus dévoué…
Cet amour le plus humble, Il va l’exprimer historiquement en lavant les pieds de Ses apôtres ; et le prêtre est appelé dans le théâtre de la liturgie (dont Dieu seul est le metteur en scène !) à reproduire cet Amour fou du Fils de Dieu « venu non pour être servi mais pour servir. »
« Venu non pour être servi mais pour servir. »
Rien de plus logique dans l’esprit de Jésus : si l’Eucharistie est faite pour Lui permettre de continuer Sa Pâque c’est-à-dire Son mourir d’Amour en nous, il est logique que pendant le repas, « il se lève, se ceint d’un linge » pour accomplir ce rite réservé aux plus bas des esclaves.
La Charité du Christ, elle est reçue par moi : ça c’est l’Eucharistie de tout à l’heure ; afin que la charité du Christ soit en action à travers moi : c’est le commandement de l’Amour ! Je reçois la Pâque de Jésus pour la transmettre.
C’est bien Jésus que je vais recevoir tout à l’heure dans la communion sacramentelle ou spirituelle. C’est bien Jésus que je vais recevoir et c’est donc Jésus que je vais pouvoir donner ! Et c’est le Christ en oblation que je reçois, ce n’est pas n’importe quel Christ, c’est celui-là : le Christ mort dans Son oblation suprême et ressuscité.
C’est donc le Christ s’offrant suprêmement pour mon frère qui va, par moi, se transmettre à mes frères. C’est Lui qui va par moi se donner immédiatement après la messe par tel acte, tel sourire, telle charité, tel service, tel dépouillement familial, communautaire…
Et c’est comme cela que Jésus peut continuer à vivre Sa Pâque jusqu’à la fin du monde à travers nous, dans nos vies, à travers ces mandatum qu’Il vit par nous…
« Je continue dans mon corps ce qui manque à la Passion du Christ. »
Réfléchissons donc, au cours de cette messe, de notre adoration au Reposoir, ou dans le secret de notre cœur dans notre chambre sur ce sens de l’Eucharistie.
C’est vrai l’Eucharistie est le plus beau des sacrements parce qu’il fait mémoire de la Croix, du sacrifice et de l’offrande du Fils de Dieu.
Mais l’Eucharistie est surtout le plus grand des sacrements, le plus ecclésial, car c’est le sacrement du Christ-total qui englobe l’offrande de Jésus pour la poursuivre, pour la communiquer, pour la diffuser. C’est ce sacrement qui permet à nos âmes de laisser Jésus diffuser Son offrande, une historiquement, plurielle et universelle mystiquement. Comme dit Saint Paul : « Je continue dans mon corps ce qui manque à la Passion du Christ. »
C’est l’Eucharistie qui permet à Jésus de continuer Son offrande à travers le don de notre corps, (commençons par-là : le poids de notre santé, de notre vieillesse, de notre chair, de nos passions, de nos fatigues, de nos maladies, de nos morts ou de celles de nos proches…), à travers le don de notre cœur, (le siège de notre être, de notre amour envers la famille, les amis…), à travers le don de notre esprit qui cherche la Lumière.
« Il faut qu’il croisse et que je diminue »
En un mot toute notre personne est vouée au dépouillement comme le souhaitait Jean-Baptiste : « Il faut qu’il croisse et que je diminue » ; elle est vouée au dépouillement pour laisser agir le dévouement infini de Jésus qui dépasse infiniment nos dévouements philanthropiques et bourgeois, humainement limités et limitants. Je voue ma personne au dépouillement pour qu’à travers elle puisse agir le dévouement infini de mon Maître !
Voilà le mystère de l’Eucharistie et nous y rencontrons de manière subtile, à la fine pointe de Sa vie qui est sur le point de se terminer, l’humilité de Jésus. En effet l’Eucharistie nous renvoie à quelque chose d’autre : elle nous renvoie à la Charité, à la définition de Dieu, à la vie de Son Père.
Seigneur, le pain et le vin dont Vous avez voulu nous nourrir c’est Vous, pour que le pain et le vin dont Vous puissiez Vous nourrir ce soit nous !
La grâce que nous vous souhaitons c’est de laisser vivre cette vérité en vous…