Lectio divina
Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.
Lectio divina
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DIEU EST DEVENU L’UN DE NOUS POUR QUE NOUS PUISSIONS ETRE AVEC LUI !
Lectio divina pour le Baptême du Seigneur
La liturgie du Baptême du Christ est bouleversante à deux titres. D’abord parce qu’elle nous dévoile le mystère de l’Amour ineffable du Père transmis à l’humanité par l’œuvre de l’Esprit en Jésus, transcrivant ainsi en acte les paroles de Jésus à Nicodème : « Dieu a tant aimé le monde qu’Il a envoyé son Fils pour que tout homme qui croit en Lui ait la vie. » Ensuite parce qu’elle montre à chaque baptisé la route qu’il doit emprunter pour parcourir cette première tranche du Temps Ordinaire qui nous sépare du Carême. C’est dans la mesure où nous suivrons fidèlement cette feuille de route que le sens du Carême se dévoilera à notre cœur et que nous y entrerons en pleine connaissance de cause.
« Celui-ci est mon fils bien-aimé, en Lui j’ai mis tout mon amour »
Ou, pour être plus littéral : « Tu es mon fils bien-aimé, Ton existence me ravit ! »
Le Père se réjouit du Fils et en Lui. Cette réjouissance est réciproque : le Fils se réjouit du Père et en Lui. Et cette réjouissance active se fait dans l’Esprit ; elle est l’Esprit ! C’est la raison pour laquelle Paul nous dit que les fruits de l’Esprit sont « Charité, paix et joie… ». Les fruits sont tels en l’homme car le tronc de l’arbre, en la Sainte Trinité, c’est ce double mouvement de complaisance joyeuse et pacifique entre le Père et le Fils.
C’est pourquoi, en célébrant le Baptême de Jésus, il convient de s’arrêter à cette présence de l’Esprit qui se pose concrètement sur Jésus, pour signifier qu’Il est consacré depuis sa conception. C’est alors seulement, dans cet Esprit qui dévoile à Son Cœur le Cœur du Père, que Jésus peut entendre la voix de ce Père s’adresser à Lui comme à Son Fils. C’est dans le même Esprit que Jésus pourra répondre à cette paternité en la recevant, en l’acceptant et en la glorifiant par le mot de Père ! « Père je te rends grâce d’avoir caché cela aux sages et aux savants… »
Ce qui est vrai de Jésus l’est aussi pour nous. C’est ce qui ressort de la deuxième Collecte proposée par la liturgie de cette fête : « Donne-nous d’être transformés par lui au plus intime de notre cœur. » Dans l’Esprit du Baptême, l’Esprit que nous avons reçu nous fait comprendre les dons qui nous sont faits dit Paul : le don de la paternité de Dieu qui se dévoile. Et c’est pourquoi nous pouvons crier : « Père », anticipant ainsi le commandement de Jésus concernant la prière : « Quand vous priez dites : Père ! »
Quand vous priez, quand vous vivez, quand vous mourez, dites : Père !
C’est d’ailleurs la troisième demande du Pater qui conclut la première Collecte et qui résume la vocation chrétienne : « Accorde à tes fils adoptifs, nés de l’eau et de l’Esprit, de se garder toujours dans ta sainte volonté. » Être accordé à la volonté de Dieu, c’est-à-dire à l’Amour du Père, c’est tout simplement recevoir cet Amour qui nous est dévoilé par l’Esprit en lequel se concentre toute la force affective de Dieu, ce que l’hébreu nomme sa hesed. Faire Sa volonté c’est accepter d’être envahi par Son Amour paternel, c’est se recevoir de Lui comme fils aimés, choyés, chéris, des fils dont l’existence ravit le Père : « Tu es mon fils bien-aimé, ton existence me ravit ! »
Il faut donc laisser l’Esprit reposer sur moi pour pouvoir entendre Dieu m’appeler fils et Lui répondre en l’invoquant comme Père. Car c’est l’Esprit, la puissance affective de Dieu qui me libère de la crainte et me fait entrer dans la confiance de l’enfant.
Et tout ceci se passe dans la réalité de notre chair comme dit la Collecte en parlant de Jésus. C’est ainsi que notre vie est transformée. C’est ainsi qu’elle trouve son sens et sa beauté. Rien ne change de notre chair (Son humanité est semblable à la nôtre, dit la Collecte), sauf qu’elle est comprise dès lors comme celle d’un enfant engendré par l’Amour divin.
Sortir de la vie par la dynamique de la charité
C’est là la transformation dont parle la deuxième Collecte et qui était prophétisée par Isaïe. Oui, avec Jésus nos yeux sont ouverts sur la réalité de notre condition d’enfants de Dieu ; oui, Jésus nous délivre des chaînes de la crainte qui liaient notre vieil homme.
C’est ainsi que s’accomplit « toute justice » comme dira Jésus à Jean, que le vrai sens des réalités est retrouvé.
C’est là aussi le vrai sens du Baptême : l’invasion de l’âme par l’Esprit et la délivrance des démons comme le rappelle Pierre en décrivant l’action de Jésus. A la lumière du Baptême de Jésus, Chef de notre foi, considérons donc notre propre vie baptismale et réfléchissons aux engagements que ce sacrement du Salut crée pour notre vie.
Voilà ce qu’en dit Augustin :
« C’est que notre charité doit s’enflammer pour notre résurrection, qu’elle doit nous séparer de l’amour du siècle pour s’élancer tout entière vers Dieu. Ici-bas, en effet, nous naissons et nous mourons ; n’aimons pas une telle vie ; partons-en par la charité, par cette charité qui nous fait aimer Dieu. Durant le pèlerinage de cette vie, ne songeons qu’à cette pensée que nous ne serons pas toujours ici et ne partirons jamais. Le Christ ne meurt plus, la mort ne dominera plus sur lui. Voilà ce qu’il nous faut aimer. » Traité sur l’Évangile de Jean.
Autrement dit, depuis notre Baptême qui nous a ensevelis avec le Christ, nous sommes morts à la vie du vieil homme pour ressusciter à la Vie nouvelle. Ce qui signifie : vivre pour Dieu en Jésus-Christ, disait Paul. Il nous faut apprendre à vivre pour notre Père et uniquement pour Lui. Il nous faut apprendre à vivre en enfants de Dieu dans la confiance et l’abandon. Il nous faut apprendre à nous adresser à Lui en laissant jaillir l’Esprit qui habite en nous et nous fait crier : Abba !
Le Pape Benoît XVI nous exhortait pareillement à vivre en Celui qui a condescendu à se faire l’un de nous, par le même Esprit :
« En Jésus-Christ, le Fils de Dieu lui-même s’est fait homme… L’aujourd’hui éternel de Dieu est descendu dans l’aujourd’hui éphémère du monde et il entraîne notre aujourd’hui passager dans l’aujourd’hui éternel de Dieu. Dieu est si grand qu’il peut se faire petit. Dieu est si puissant qu’il peut se faire faible et venir à notre rencontre comme un enfant sans défense, afin que nous puissions l’aimer. Dieu est bon au point de renoncer à sa splendeur divine et descendre dans l’étable, afin que nous puissions le trouver et pour que, ainsi, sa bonté nous touche aussi, qu’elle se communique à nous et continue à agir par notre intermédiaire. C’est cela Noël.… Dieu est devenu l’un de nous, afin que nous puissions être avec Lui. »
Mgr Jean-Marie Le Gall
Aumônier catholique
Hôpital d’Instruction des Armées de Percy, Clamart.
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