Lectio divina

Une lectio divina est une commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposées par l’Église pour la Messe du jour.

Lectio divina pour le vingt-sixième dimanche 2015

DE LA TETE AUX PIEDS EN PASSANT PAR LES REINS : L’INCARNATION EUCHARISTIQUE

La collecte du 26ème Dimanche révèle le cœur de notre foi. Puisant sa connaissance dans le livre de la Sagesse (11, 24) l’Église y déclare que notre Dieu est le Dieu du pardon. Et Il est à tel point assimilable à la miséricorde que plus Il l’exerce, plus Il manifeste Sa divine puissance ! Cette vérité sur Dieu est tellement nouvelle que l’on pourrait douter de sa justesse si elle n’était pas corroborée par l’Écriture, prouvant ainsi que Dieu Lui-même révèle cette propriété divine. Voilà la véritable révolution du Christ !

L’aveu obtient le pardon

L’Église se fonde sur cette révélation pour implorer le Seigneur de répondre une fois encore à notre appel qui n’est pas sûrement le premier pour chacun… Car la grâce que nous demandons, (« accorde-nous Ta grâce… ») ne peut être ici justement que la miséricorde. Demander le pardon au Seigneur n’est pas sans exigence. Celle de se reconnaître pécheur. Car Dieu ne sauve que si on L’appelle ; mais lorsqu’on L’appelle Il répond et agit invinciblement. Au final, notre foi est de se savoir pécheur invétéré, mais pécheur en puissance d’être toujours pardonné, c’est à dire redonné à la Vie. Sans aucune lassitude de la part du Seigneur.

Demander le pardon lorsqu’on s’est éloigné du Seigneur, c’est aussi, tout naturellement, Lui promettre de ne pas traîner en route mais d’aller « en nous hâtant vers les biens » promis. ( )Et donc, paradoxalement, de ne plus abuser de Sa patience, de ne pas mettre Dieu à l’épreuve comme dit l’Ecriture. Autrement dit, il faut être résolu de ne plus faire l’école buissonnière et de revenir sur la route qui mène à la porte étroite. Cela ne préjuge en rien de l’avenir que Dieu sait oublier pour effectivement nous accorder Sa miséricorde. Par bonheur ! Car comment pourrions-nous nous en tirer si notre pardon était soumis à la condition de ne plus jamais pécher ? Non ! Dieu est lent à la colère et plein d’amour… Il sait de quoi nous sommes faits et connaît notre poussière…Il jette loin derrière nous notre péché… Il nous libère parce qu’Il nous aime… dit le psalmiste.

Plus nous Lui faisons confiance, plus c’est beau pour Lui de nous pardonner

Le chrétien n’accomplit donc pas un itinéraire d’enfant gâté. Il n’est pas semblable à ces bambins capricieux qui déploient avec leurs parents les armes du chantage affectif. Sur la route chrétienne, ce n’est pas le caprice qui est de mise, mais la confiance, une confiance sans borne envers la miséricorde du Seigneur. Et plus nous Lui faisons confiance, plus c’est beau pour Lui de nous pardonner. Cette confiance, c’est le cœur de l’offrande que nous faisons de notre personne à la Messe, comme nous le prions avec la Prière sur les offrandes de ce 26ème dimanche : « Dieu de miséricorde, accepte notre offrande : qu’elle ouvre largement pour nous la source de toute bénédiction ». Oui, nous redisons cette certitude que c’est notre confiance qui est la bonne clé pour ouvrir le trésor de la Bonté divine.

Le pardon est un par-don, un don au-delà

Ce pardon reçu, c’est cela qui « renouvelle nos esprits et nos corps », c’est à dire notre personne dans son entièreté, ainsi que le précise la Prière après la communion. Car le pardon de Dieu n’est pas comparable à un tableau noir que l’on efface d’un coup d’éponge. C’est une véritable re-création qui nous pose à nouveau dans la Vie divine, sur la Voie vers le Père, dans la Vérité de notre relation filiale avec Dieu. Le pardon est un par-don, un don au-delà… Nous partageons à nouveau « l’héritage glorieux du Christ qui nous unit à Son sacrifice », c’est à dire la Vie du Ressuscité, mais également ce qui fait le fond de Sa vie, Son Sacrifice. Or partager le sacrifice du Christ c’est entrer dans Sa logique de médiation et de pardon ! Par cette prière nous demandons donc au Seigneur que le fruit de Son pardon sur nous soit de nous faire pardonner à nos frères qui nous ont offensés. On rejoint ainsi la demande de pardon exprimée dans le Pater.

Comment rendre notre Eucharistie fructueuse…

La colonne vertébrale de l’Eucharistie passe donc par trois points. La collecte, qui est comme la tête : elle donne l’éclairage de la messe, la direction de l’enseignement que l’Église veut transmettre dans la liturgie. Ensuite la Prière sur les oblats qui représente les reins, c’est à dire l’engagement profond que prend le fidèle en s’unissant à ce Sacrifice. La Prière après la communion enfin, image des pieds qui font avancer l’homme, signifie la démarche concrète à entreprendre avec le saint viatique que nous venons de recevoir. La messe atteindra pour moi toute sa signification dans la mesure où ces trois prières seront non seulement récitées, mais appropriées et donc habitées par ma tête, mes reins, mes pieds.

Mgr Jean-Marie LE GALL, Aumônier catholique H.I.A Percy, Clamart

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