Lectio divina
Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.
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« DIEU-AVEC-NOUS, DIEU-AVEC-VOUS, DIEU-AVEC-LES-AUTRES… ! »
Lectio divina pour le 4ème Dimanche de l’Avent Année A
Is.7, 10-16 Rm.1, 1-7 Mt.1, 18-24
Durant les dimanches précédents, l’Église a essayé par sa pédagogie liturgique de nous préparer à la fête de Noël que nous allons célébrer dans quelques jours, en nous en dévoilant les différents aspects.
La pédagogie liturgique de l’Avent
Nous nous souvenons qu’avec le premier dimanche nous avons contemplé le Royaume dans son achèvement -ce que l’on appelle le Ciel- pour raviver notre attente, notre espérance.
C’est cette attente et cette espérance ravivées par la contemplation des fins dernières, qui nous ont permis pendant le deuxième dimanche, d’orienter notre conversion par des résolutions pratiques sous le regard de Jean Baptiste.
Cette conversion, ces résolutions morales de notre agir chrétien ont été aussi stimulées par la contemplation, au cours du 3ème dimanche, du commencement du Royaume en nous. Souvenons-nous de ce dimanche de la joie où nous avons pu regarder dans la foi les richesses de Dieu déposées dans notre âme depuis notre Baptême, quelquefois cachées, mais d’une existence certaine…
L’aspect ecclésial du mystère de Noël
Il manque cependant au mystère de Noël un autre de ses aspects qui est aussi essentiel : c’est l’aspect ecclésial, regardant le mystère de l’Église. Aussi, pour que nous soyons le plus parfaitement possible préparés à célébrer la naissance de Jésus, l’Église réserve ce quatrième dimanche à la contemplation de son propre mystère afin qu’aucun des aspects de ce mystère de la Nativité ne nous manque.
Il est vrai que l’Église est déjà présente dans les dimanches précédents. Le Ciel, le Royaume dans son achèvement n’est rien d’autre que la Jérusalem céleste : l’Église triomphante. C’est déjà l’Église qui préside à notre conversion en nous donnant la Loi des Béatitudes, qui est notre règle d’agir chrétien, en nous donnant les sacrements qui nous permettent de coller de mieux en mieux à cette Loi du Christ.
C’est aussi l’Église qui est contemplée dans le 3ème dimanche lorsque nous regardons en nous notre sainteté, si petite soit-elle : c’est l’Église qui en est à l’origine lorsqu’elle nous donne la grâce que notre liberté va contribuer à maintenir et à garder le plus longtemps possible.
L’Eglise, le peuple saint appelé par Dieu…
Mais en dehors de ces touches sur l’Église, cette Société divine a sa place entière, en tant que telle, dans le mystère de Noël.
Comment peut-on définir l’Église ? Comment définirions-nous l’Église, si à la sortie de la Messe un croyant ou un non croyant, un proche ou un inconnu, nous demandait : -Vous qui sortez de l’Église et qui êtes catholique, qu’est-ce que c’est pour vous que l’Église ? Nous serions sûrement bien embarrassés pour répondre d’une manière la plus juste possible, et la moins longue !
Saint Paul nous en donne une brève définition dans l’épître que nous venons d’entendre : « Vous êtes le peuple saint appelé par Dieu. »
On pourrait alors définir l’Église comme la conjonction de deux lieux.
Tout d’abord, le lieu où Dieu réside (« Je suis avec vous… » dit Jésus), le lieu où Dieu appelle l’homme pour le sauver : « Venez à moi, vous tous qui peinez, et je vous soulagerai… »
Mais aussi le lieu où l’homme répond à cette convocation de Dieu, à cet appel de Dieu. On pourrait donc définir l’Eglise par ce nom que nous entendons chez le prophète Isaïe et qui est repris dans l’Évangile : l’Église, c’est l’Emmanuel, Dieu avec nous.
« Dieu-avec-nous. »
Nous remarquons que si la prophétie d’Isaïe parle d’Emmanuel, sa réalisation concrète décrite par l’Évangile, parle de Jésus avec l’Ange s’adressant à Marie : « Tu l’appelleras Jésus. » Quelle explication pouvons-nous donner à cela ?
L’Emmanuel c’est Dieu-avec-nous. Ce n’est pas seulement Dieu qui est, c’est Dieu qui est parmi Son peuple, c’est Dieu qui appelle les hommes et les hommes qui répondent à cette convocation de Dieu, qui se réunissent autour de Dieu. D’où « Dieu-avec-nous. »
Alors que le Christ s’appelle Jésus, c’est-à-dire : « Dieu sauve. » L’Emmanuel et Jésus ne sont pas deux notions absolument identiques. Et lorsque le prophète Isaïe prophétise la naissance de l’Emmanuel, il va plus loin que la prophétie de la naissance de Jésus, parfaitement homme et parfaitement Dieu. Il prophétise autre chose : c’est l’Église.
Marie, premier membre de l’Eglise…
Lorsque nous allons contempler la crèche dans quelques jours, que verrons-nous ?
Nous verrons Jésus le Dieu qui est, qui vient chez les hommes et qui les appelle. Et nous verrons Marie, la première des créatures qui répond à l’appel de Dieu, et qui y répond parfaitement.
Lorsque Jésus naît, et lorsque nous commémorons dans notre liturgie la naissance de Jésus, nous célébrons l’apparition de l’Emmanuel, l’apparition de cette mystérieuse réalité qui s’appelle l’Église. Elle est constituée du Dieu Sauveur qui convoque et des rachetés tous représentés en cet instant inouï par la seule personne de la Vierge Marie !
Quand Isaïe prophétise la naissance de l’Emmanuel, il prophétise plus que la naissance du Christ : il prophétise la naissance de Jésus et avec cette naissance, l’apparition de Son Corps tout entier : le peuple saint, l’Église.
De même, quand Isaïe prophétise sur la vierge qui enfante, il s’agit bien sûr d’abord de Marie. Mais au-delà de Marie, c’est l’image de l’Église !
L’Église, vierge et mère.
L’Église comme Marie est vierge et mère.
Marie est vierge dans sa foi comme elle est vierge dans son corps qui est justement l’expression de sa virginité intérieure. L’Église comme Marie qui est sa mère, qui est son modèle, son archétype, sa figure, l’Église est vierge parce qu’elle est toute donnée dans la foi à son Epoux, elle est fidèle.
Et l’Église comme Marie est mère, parce que dans cette fidélité, elle transmet la vie à tous ceux qui s’approchent, elle transmet la vie de Dieu, elle transmet la vie de son Epoux.
Voilà ce que nous sommes appelés à contempler dans ce 4èmeet ultime dimanche avant Noël.
Donnons une dimension ecclésiale à notre fête de Noël. La plupart d’entre nous allons nous retrouver en famille « église domestique » disait le Saint pape Paul VI. Profitons de ce rassemblement microscopique pour nous ressourcer, nous retrouver dans l’Église, l’Église universelle dont nous allons célébrer la naissance.
Soyons le sacrement de « Dieu-avec- nous tous » !
Nous allons célébrer dans la nuit de Noël la naissance de notre propre mystère. En nous retrouvant en famille, nous devons automatiquement regarder au-delà de nos limites charnelles. Ne soyons pas égoïstes ! Ne soyons pas familiaux au mauvais sens du mot !
Soyons, par notre cœur, ouverts à toute l’Église, à tout ce peuple saint qui a été convoqué, appelé par Dieu, et qui répond, chacun à sa manière, chacun suivant ses modalités, chacun suivant sa vocation et sa grâce, mais qui répond à l’appel de Dieu.
Nous, vous, les autres, nos frères, notre prochain, les plus éloignés, les plus marginaux ont eux aussi leur fête, leur fête de communauté, leur fête de peuple de Dieu, leur fête d’Emmanuel ! Dieu-avec-nous, Dieu-avec-vous, Dieu-avec-les-autres, Dieu avec tous les hommes de bonne volonté qui répondent, clopin-clopant, à cette vocation de Dieu !
Peu importe qui nous sommes, notre nom ou notre sainteté, notre richesse ou notre âge : le peuple rassemblé par Dieu, le peuple appelé par Dieu et représenté par la Vierge à Noël prend en ligne de compte tous les hommes…
Mgr Jean-Marie Le Gall
Aumônier catholique
Hôpital d’Instruction des Armées de Percy, Clamart.
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