La Grâce nous soutient dans l’effort et nous offre le repos
Mais cette activité spirituelle, tant du Carême que du Temps pascal, si elle sort de notrecœur parce que c’est une activité personnelle, (sur laquelle l’Église nous éclaire en nous donnant des guides; je parlais de la viande tout à l’heure, mais cela peut être le tabac, l’alcool, l’argent et les dépenses… ), libre (c’est nous qui la choisissons en fonction de la lumière de l’Église), donc si c’est une activité spirituelle qui part du cœur, et donc qui n’est pas un rite formel idiot, c’est quand même le fruit de la grâce. Nous le savons : nous ne faisons rien en dehors de la volonté de Dieu et plus particulièrement nous ne pouvons pas faire de bien sans y être mû par la grâce !
C’est cette grâce qui va colorer notre activité spirituelle quadragésimale ou pascale.
La grâce de Dieu a coloré notre Carême en nous faisant prendre conscience de notre état de pécheur, de serviteur inutile. D’où les évangiles que nous avons entendus : la Samaritaine, l’aveugle-né, etc…
Alors qu’au Temps pascal la grâce de Dieu va colorer notre activité spirituelle en nous faisant prendre conscience de notre état d’enfant ou d’époux, ces deux images utilisées dans l’Écriture pour décrire les relations de l’âme avec son Créateur !
Ce qui fait que nous avons été dans le Carême dans un état de combat, d’effort, de lutte, d’activité, face au péché, cet état de pécheur qui nous brise. Au contraire pendant le Temps pascal, nous sommes dans un état de repos, de confiance, d’amour qui est l’état propre de l’enfant qui se sait près de son père, ou du mari ou de l’épouse qui se sait près du conjoint.
Prier c’est aimer, c’est être face à son amour
Donc ce sont des colorations variées pour une activité spirituelle à la fois identique et différente elle aussi. Mais cela nous montre que le Carême et le Temps pascal ne font qu’un,tout comme le mystère de la mort et de la Résurrection de Jésus.
Enlevez un des éléments, tout s’effondre ! Enlevez la mort du Christ, la résurrection ne veut plus rien dire. Enlevez la Résurrection de Jésus, notre foi est vaine. De même, enlevez votre désir et votre finalité du Temps pascal, le Carême devient idiot et masochiste, sans signification.
Cela explique le reproche de notre prochain non pratiquant face à nos carêmes idiots qui ne nous transforment pas ! On est là à se confesser de ne pas avoir fait maigre le vendredi,mais par ailleurs on continue à mentir, à dire du mal, à être rancunier…
Et dans l’autre sens, notre Temps pascal, notre temps d’union à Dieu ne peut pas exister s’il n’y a pas eu avant l’éradication de ces mille petits riens qui font que nous n’avons pas envie de prier, que nous arrivons à ne plus savoir prier, alors qu’en fait prier c’est aimer, c’est être devant Son Amour !… Il n’y a pas besoin de sortir de Polytechnique pour savoir prier. Mais nous sommes quelquefois tellement étrangers à la prière que l’on arrive à dire : je ne sais plus prier ! Alors que nous savons encore aimer quand même !
Le Temps Pascal ou le Temps de l’Eglise
Ceci explique que notre Temps pascal, qui fait un bloc avec le Carême, soit aussi long que lui : une octave d’octaves, 7 semaines, 49 jours jusqu’à la Pentecôte !
Le Temps pascal c’est donc le pendant du Carême et nous avons exactement le même nombre de jours, si nous enlevons l’Octave pascale.
L‘Octave de Pâques est la semaine qui suit Pâques et durant laquelle on célèbre chaque jour exactement la même messe de Pâques. Cette octave de Pâques, cette rumination de la fête de Pâques, est centrée très précisément sur l’acte historique de la Résurrection d’où la répétition de la même liturgie. Comme pour un examen, j’apprends par cœur pour être dans le Cœur, pour avoir dans le cœur cet acte de la Résurrection du Christ.
Maintenant, après cette Octave, il nous reste 6 semaines, 40 jours, 40 jours qui font le pendant du Carême exactement, le Temps pascal étant le côté positif qui vient s’emboîter dans le côté négatif du Carême.
Et durant ces 6 semaines la Liturgie n’est plus orientée sur la mémoire de l’acte historique de la Résurrection. Pendant ces 6 semaines c’est déjà le temps de l’Église –d’où la lecture des Actes des apôtres-, c’est l’Église en formation qui va naître officiellement le jour de la Pentecôte.
Vous les femmes qui portez, vous savez bien que votre enfant naît à l’état civil au bout de 9 mois, mais qu’il est déjà en votre sein et qu’il existe bel et bien, qu’il est déjà une personne, que c’est déjà votre enfant ! Pour l’Église c’est identique : l’Église, elle est déjà ! La Pentecôte,ce n’est que le jour de la naissance officielle, c’est la déclaration officielle à l’état civil de notre Mère l’Église !
L’Eglise c’est le mystère de Jésus diffusé et communiqué
Ce temps des 6 semaines c’est déjà le temps de l’Église. Et l’Église qu’est-ce que c’est ?C’est ce qui diffuse et communique le mystère de Jésus. Et encore mieux, parce que cela a un petit relent prosélyte, comme si nous étions propriétaires du mystère du Christ ! Non, c’est encore plus humble que cela : l’Église c’est le mystère diffusé et communiqué de Jésus. Voilà, ce que sont ces 6 semaines.
Donc nous sommes dans la force pascale, mais nous sommes déjà tout orientés, et comme en gestation de l’Église… Et comme l’Église c’est nous, nous sommes en gestation de notre propre mystère !
Ainsi ce temps de 6 semaines nous est donné par Jésus pour que chacun puisse participer, œuvrer à cette naissance de l’Église qui est notre propre naissance : toute l’Église est en mon âme et je suis une parcelle de l’Église, voilà ce que chacun de nous peut dire.
Donc c’est un temps que Jésus nous donne pour que chacun puisse œuvrer à la naissance de l’Église qui, encore une fois, n’est pas seulement la déclaration de saint Pierre à la Pentecôte, Église à laquelle nous serions étrangers parce que nous ne sommes pas saint Pierre et parce que nous vivons 2000 ans plus tard ! Nous participons à la naissance de l’Église comme par notre foi et notre espérance et notre charité nous avons participé à la naissance de Jésus, L‘ayant attendu à Noël, plus de 2000 ans après.
Jésus nous donne ce temps pour que nous entrions dans cette naissance, pour que noussoyons partie prenante comme les Apôtres, comme Marie, « cum Maria matre Jesu », à la naissance de l’Église.
Puisque l’Église c’est Jésus communiqué et diffusé, c’est dire que Jésus me donne ce temps pour qu’Il ressuscite en moi, pour qu’Il continue Sa vie en moi, pour que ma vie soit la diffusion et la communication de Sa vie, pour que Son Cœur puisse battre à travers mon cœur…
L’Eglise est le mystère historique de Jésus prolongé à travers nous
Voilà le mystère de l’Église ! Ce n’est rien d’autre que cela le mystère de l’Église. Ce n’est pas d’aller évangéliser, à coup de sabre il y a 1000 ans, ou à coup de commissions et de micros maintenant ou à coup de dollars…
L‘Église, c’est communiquer et diffuser ce qu’est le Christ, ce qu’Il a vécu et ce qu’Il veut continuer à vivre. Tout simplement : c’est Son mystère historique prolongé à travers chacun de nous.
L‘Église c’est la merveille du mystère de Dieu, c’est le chef d’œuvre divin ! Car si Jésus aime Son Père, si la vie de Jésus c’est d’aimer Son Père, Il n’aime pas Son Père uniquement dans Sa vie historique qui est terminée, bouclée. Il brûle d’aimer Son Père à travers les millions et les millions de cœurs que sont les cœurs des hommes jusqu’à la fin des temps ! Voilà le mystère de l’Église.
L’Église c’est le Christ total, l’Église c’est le Christ uni à tous les baptisés. Il n’est pas tout Lui sans nous. Jésus n’est pas tout Lui sans nous ! Nous rendons–nous compte jusqu’où va l’Amour de Dieu, l’Humilité de Dieu ?!
Jésus n’est pas tout lui sans nous !
D’où cette nécessité de nous préparer pour vivre ce mystère de Pentecôte, pour en être acteur.
Parce que, pour que cela soit vérifié, il faut qu’effectivement ma vie soit la vie de Jésus.Donc pendant le Carême je me suis offert pour que pendant le Temps pascal ma vie soit la Sienne ; je me suis sorti de moi-même, je me suis effacé, je me suis gommé de moi-même pour y mettre à la place l’Homme nouveau c’est–à–dire le Christ, le premier des ressuscités, la première des créatures.
Alors et pour terminer, remarquons que l’union à Dieu qu’est ce Temps pascal, le temps de l’union à Dieu n’est pas une extase béate où nous resterions en face de Jésus sans rien faire ! Parce qu’à ce moment-là nous resterions étrangers, face à Face, mais sans être unis à Lui, sans communier à Lui, en étant autre que Lui… C’est comme si dans un couple les conjoints se contentaient de se regarder l’un l’autre : cela ne durerait pas longtemps !
Non, l’union à Dieu, c’est une action, c’est un agir. L’union à Dieu pour nous chrétiens est une union quasi-hypostatique comme Jésus avec le Verbe. Elle a commencé par l’ensemencement de l’Esprit Saint dans notre âme au Baptême et elle grandit au fur et à mesure, elle prend forme à chaque fois que nous mettons à la disposition du Christ notre corps, notre cœur et notre esprit.
Voilà, nous avons encore quelques semaines pour méditer sur ce Temps pascal, et la grâce que je nous souhaite, c’est que nous mettions en œuvre cette gestation de l’Église pour bien fêter la Pentecôte.
SAINT ET JOYEUX TEMPS PASCAL A VOUS TOUS CHERS AMIS !