Lectio divina
Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.
Prier sans cesse, c’est se laisser consacrer par la Vérité !
Lectio divina pour le 29e dimanche du temps ordinaire
La liturgie de ce jour nous invite à réfléchir sur le dialogue permanent que Dieu désire entretenir avec l’homme son enfant, dialogue dans lequel celui-ci est invité expressément à entrer « sans se décourager ». Et s’il est vrai que la parabole de Jésus nous invite à persister dans les demandes que nous avons à formuler à notre Père du Ciel avec confiance et ténacité, il n’est pas moins sûr que le Christ place cet échange dans le contexte bien précis de la foi : « Le Fils de l’homme, quand Il viendra, trouvera-t-Il encore la foi sur la terre ? »
Quand Dieu nous écoute-t-Il ?
Jésus ne nous invite donc pas à nous situer face à notre Père comme des êtres mal élevés et capricieux, mais comme des personnes se situant en confiance -dans la foi- par rapport à Celui qu’ils invoquent. Se situer dans la confiance face à Dieu, c’est avoir foi en Lui en tant qu’Il se révèle et que, Se révélant, Il nous indique un chemin pour Le rejoindre.
Aussi, notre prière sera-t-elle exaucée par le Seigneur lorsqu’elle sera réponse à Sa Parole ; c’est à dire lorsqu’elle exprimera notre demande d’une réalité dévoilée, promise et proposée par la Parole pour entrer en communion avec Lui, par exemple telle ou telle vertu. C’est pourquoi Jean écrit : « Il nous écoute quand nous faisons une demande conforme à Sa volonté. »
La Parole, glaive de l’Esprit qui nous perfuse Sa Vérité
La deuxième lecture nous invite à redonner à la Parole toute sa place et à la voir dans tout son mystère quasi-sacramentel : la Parole cache en même temps qu’elle dévoile et donne Dieu dans l’expression la plus radicale de sa gratuité : l’Esprit Saint, le Don.
Rappelons en effet que la Parole est fruit de l’Esprit Saint, puisqu’elle est « inspirée par Dieu. » Inspirée par Dieu, la Parole est pleine d’« Esprit qui est la Vérité. » C’est pour cela que la « Parole est Vérité » comme le dit Jésus par Saint Jean. C’est donc par elle que l’Esprit nous parle, nous éclaire, nous console et nous guide. La Parole est le glaive de l’Esprit, qui, tel une piqûre de soin, nous transfuse la Vie dont elle est porteuse comme l’écrivait Paul aux Ephésiens : « Oui, tenez bon, ayant autour des reins le ceinturon de la vérité, portant la cuirasse de la justice, les pieds chaussés de l’ardeur à annoncer l’Évangile de la paix, et ne quittant jamais le bouclier de la foi, qui vous permettra d’éteindre toutes les flèches enflammées du Mauvais. Prenez le casque du salut et le glaive de l’Esprit, c’est-à-dire la parole de Dieu. »
C’est pourquoi la Parole est « capable de communiquer la sagesse. » C’est par elle que nous pouvons « enseigner, dénoncer le mal, redresser, éduquer dans la justice »… À commencer par nous mêmes !
« Revêtez l’équipement de combat donné par Dieu… »
Car nous ne devons pas oublier que le premier et perpétuel combat spirituel est celui que nous sommes appelés à livrer contre nos « amalécites » intérieurs : les esprits mauvais à la solde du Malin, le Diable-Diviseur, qui tentent à chaque instant de s’immiscer en nous, de s’y incarner pour provoquer la division. Division du corps contre l’esprit, de l’esprit contre le cœur, de nous-même contre le prochain, de l’homme contre la création et contre son Créateur…
Voici ce qu’en pensait Paul : « Revêtez l’équipement de combat donné par Dieu, afin de pouvoir tenir contre les manœuvres du diable. Car nous ne luttons pas contre des êtres de sang et de chair, mais contre les Dominateurs de ce monde de ténèbres, les Principautés, les Souverainetés, les esprits du mal qui sont dans les régions célestes. »
Contre ces esprits mauvais, nous devons nous battre réellement et virilement, de toutes nos forces, en choisissant bien les armes appropriées. Citons à nouveau Paul qui fut un expert de ce combat : « Pour cela, prenez l’équipement de combat donné par Dieu ; ainsi, vous pourrez résister quand viendra le jour du malheur, et tout mettre en œuvre pour tenir bon. »
« La victoire dépend de Dieu. »
Mais nous savons également que la victoire finale contre le Mauvais, Dieu seul peut nous la donner. Car c’est Lui qui a vaincu définitivement le Menteur et son cortège de morts en le clouant à la Croix de Jésus. Comme l’écrit Pascal : « La vérité, nous sommes chargés de nous battre pour elle ; la victoire dépend de Dieu. » Et cette vérité dont il est question, c’est la vérité intérieure de mon être, c’est la cohérence de ma personne avec ma vocation d’enfant de Dieu.
Sur ce point le chapitre 17 de Jean, déjà cité, est révélateur. En priant Son Père de nous consacrer dans la Vérité, Jésus ne fait rien d’autre que d’intervenir dans sa fonction sacerdotale pour que l’Esprit de Vérité, contenu dans la Parole qui est Vérité, nous fasse sortir du monde et de son mauvais sens pour nous donner le sens divin de la Vie par le don. Tel est la signification du mot « consacré » : ne plus être au monde, mais à Dieu qui seul donne à l’homme le sens de la vraie Vie.
Mgr Jean-Marie Le Gall
Aumônier catholique
Hôpital d’Instruction des Armées de Percy, Clamart.
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