Le jêune
Extrait du Sub Signo Martini N° 30
Ce serait passer à côté du carême que d’ignorer le jeûne auquel il nous invite :
voici une aide pour nous y (re)mettre…
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Le carême nous fait un peu peur. Pour rassurer ses ouailles, et surtout se rassurer lui-même, le curé rappelle toujours au début du carême que le jeûne n’est pas ce qu’il y a de plus important. Le jeûne doit être « spirituel » ; ce qui compte, c’est l’amour. Moyennant quoi, les chrétiens ne jeûnent plus, et nous ne savons plus toujours très bien ce qu’est le carême.
C’est vrai, le jeûne n’est pas le plus important, dans le sens où il n’est pas une finalité. Le but, c’est effectivement la charité. Et cependant, le jeûne est nécessaire pour atteindre ce but. Il est une porte d’entrée dans le combat spirituel… Pour vous mettre en appétit, voici quelques miettes du jeûne chrétien.
La puissance du jeûne
Quand nous jeûnons avec notre cœur, notre Ennemi, Satan, est affaibli ; il est désarmé. En effet, quand on fait à Dieu une offrande qui touche à notre corps, c’est le signe que l’on s’est vraiment donné à Lui. Il est bon de donner de l’argent, du temps ou une bonne parole ou de s’investir dans un service. Mais le jeûne, lui, touche notre propre corps et aussi quelque chose de vital en nous, la nourriture, qui est une question de survie.
L’offrande du jeûne est « viscérale » !
Un révélateur
La puissance spirituelle du jeûne vient aussi du fait qu’il révèle nos tendances, nos attachements, voire nos esclavages. Quand on jeûne au pain et à l’eau, il se peut que des clignotants s’allument en nous : Café ! Cigarette ! Ordinateur… et il nous semble impossible de ne pas y céder. Le désir d’une chose inutile devient lancinant. Quel phare sur nos dépendances ! Quelle épreuve de vérité ! Un travail sur nous-mêmes peut commencer, qui va libérer notre liberté. Plus profondément, le jeûne révèle des abcès intérieurs qui n’apparaissent pas autrement, l’agressivité par exemple. Certaines personnes ne sont agressives que les jours de jeûne ! Cela permet de prendre conscience des racines du mal en nous et de les arracher humblement, avec l’aide de Dieu.
Le jeûne crée en nous un nouvel espace. Dieu va pouvoir nous « investir » ! C’est pourquoi ceux qui jeûnent ont une sensibilité, une finesse spirituelle spéciale. Le jeûne crée un espace à l’Esprit-Saint, et ceux qui jeûnent avec le cœur sont plus à même d’accueillir ses inspirations et de les suivre.
La discrétion
Notons enfin une autre spécificité du jeûne chrétien : la discrétion ! « Lorsque tu jeûnes, parfume-toi la tête et lave-toi le visage. Ton Père, qui voit dans le secret te le rendra (te bénira !) » (Mt 6, 16). Cela dit, attention à ce que cette discrétion ne soit pas un alibi – plus ou moins inconscient – pour ne pas jeûner. N’ayons pas peur d’être pris en flagrant délit de jeûne ; il y a des délits plus graves que celui-ci.
Prendre le temps…
Aujourd’hui, nous sommes souvent pressés… Voici que le jeûne me libère au moins le temps du repas pour la prière !
Avec la grâce de Dieu, avec beaucoup d’humilité, de simplicité et de douceur ; entrons dans ce carême avec le désir de partir avec Jésus au désert pour y jeûner. Une petite diète n’a jamais fait de mal à personne (au contraire disent les médecins). Le vrai combat se trouve au-delà de celui-ci.