octobre 2024
Don Pascal-André, prêtre formateur
Dans la Tradition de l’Eglise, le mois d’octobre est consacré à la Vierge Marie et plus particulièrement à la prière du rosaire. Au cours de ce mois, les séminaristes mettent à l’honneur la Mère de Dieu, notamment en priant ensemble le chapelet.
Don Pascal-André, formateur au séminaire, nous éclaire sur la place singulière de Marie dans la formation d’un futur prêtre.
La Vierge Marie n’est pas une option dans la vie spirituelle d’un séminariste. C’est en effet Jésus lui-même qui, avant de remettre l’esprit sur la Croix, a voulu donner sa propre mère à Jean, le disciple bien-aimé, et la lui donner comme une mère pour lui : « Jésus voyant sa mère, et près d’elle le disciple qu’il aimait, dit à sa mère : « Femme, voici ton fils ». Puis il dit au disciple : « Voici ta mère ». Et à partir de cette heure-là, le disciple la prit chez lui » (Jn 19, 26-27).
Dès sa première année de formation qui est le cycle du disciple, le séminariste est donc invité à imitercelui qui est le modèle du disciple, saint Jean, lequel a répondu à l’appel de Jésus en mettant ses pas dans les siens. Il l’a suivi en le regardant vivre, en l’écoutant prêcher, en apprenant à le connaître et à l’aimer toujours plus, et à faire sa volonté. Ainsi il l’a suivi jusqu’au Calvaire.
Comment n’aurait-il pas obéi encore à ce Jésus sur la Croix qui lui demande d’accueillir Marie comme sa propre mère et de la prendre chez lui, c’est-à-dire de vivre désormais avec elle. Comment un disciple de Jésus pourrait-il donc ne pas vivre avec Marie ? Comment un séminariste, qui se veut être un disciple, pourrait-il donc ne pas prendre Marie dans sa vie, ne pas l’accueillir comme la mère que Jésus lui a donnée tout particulièrement pour l’éduquer dans la vie spirituelle et pastorale ?
La Vierge Marie exerce sa maternité sur le séminariste d’abord en l’éduquant à la vie intérieure, au silence profond qui lui permet de goûter la présence du Seigneur et d’apprendre peu à peu à en vivre. Le silence fait entrer le séminariste dans le mouvement intérieur que Marie elle-même a connu en gardant toutes les choses qui concernent Jésus en son cœur et en les méditant.
Elle a porté Jésus en elle, l’a donné au monde, et elle le garde en même temps mystérieusement en elle. Le prêtre doit faire de même : donner le Christ au monde et le garder en même temps au plus profond de lui. Il doit l’avoir tellement en lui qu’il ne doit faire plus qu’un avec lui. Il doit l’avoir dans le cœur, dans les entrailles, dans la peau.
Jour après jour, Marie est là pour affiner la qualité spirituelle de l’âme du séminariste. En particulier, elle lui obtient les grâces dont il a besoin pour que son âme soit toujours plus façonnée et ciselée aux traits du Christ lui-même : l’humilité, la douceur, la patience, la compassion, la miséricorde.
La Vierge Marie apprend au séminariste à trouver sa place et à y rester. Elle l’éduque au fiat, c’est-à-dire à rechercher et consentir sans cesse à la volonté de Dieu, et donc à renoncer avec fermeté et persévérance à sa volonté propre, qui veut inlassablement reprendre la main. Elle l’éduque aussi au magnificat, c’est-à-dire à se laisser dépasser par la grâce de Dieu, qui va bien au-delà de l’efficacité qui est au bout de ses talents humains, pour entrer avec un cœur large dans la surabondante fécondité de Dieu, qui fait que rien n’est jamais comme on a pu l’imaginer.
L’action de Dieu devient alors source d’un émerveillement inouï et l’action de grâces, le magnificat, s’enracine dans le cœur du séminariste au point de devenir le mouvement même de son âme. Cet émerveillement maintient le regard sans cesse fixé sur Jésus, de qui on peut tout attendre, même l’impossible, et donc à qui on peut tout demander, car c’est lui l’unique Bon Pasteur.
Comme Marie à Cana, le séminariste apprend à intercéder auprès de Jésus pour lui présenter les âmes qui sont vides, comme les jarres du banquet de mariage, et qui attend d’être remplies du vin de son amour et du salut. Le séminariste se prépare ainsi à la mission qui sera la sienne comme prêtre : être un instrument d’amour dans la main du Seigneur qui veut sauver tous ceux qu’il met sur son chemin.
La Vierge Marie fait comprendre intérieurement au séminariste qu’il ne doit rien réclamer pour lui-même, qu’il ne peut rien s’approprier, au risque de tout gâcher, mais qu’il doit au contraire tout faire par amour de Jésus et pour le vrai bien d’autrui.
Marie, mère des séminaristes, forme-les à l’école de ton cœur !