novembre 2024
Séminaristes en 2e et 1re année, Louis et Pedro se préparent à devenir prêtres dans la Communauté Saint-Martin. Louis, originaire d’un village de Picardie, a décidé d’entrer au séminaire à 23 ans après quelques années d’études, tandis que Pedro, arrivant tout droit de Porto au Portugal, a travaillé cinq ans en ingénierie civile avant de quitter son pays pour venir à Évron à l’âge de 30 ans.
Retour sur leur entrée en propédeutique
Comment est venue pour chacun de vous l’idée de la vocation sacerdotale ?
Pedro : J’ai commencé à y penser à 26 ans, c’était la première fois, et l’idée m’aurait paru drôle quelques années plus tôt. Je n’aurais jamais imaginé entrer au séminaire et qui plus est à l’étranger. Cela a donc été un discernement rapide et long à la fois.
Louis : Pour ma part, mon entrée s’est faite plutôt rapidement. J’ai commencé à y penser un an et demi avant. Je suis ce qu’on appelle un « recommençant » : baptisé petit, je me suis éloigné de la foi avant de vivre une grande conversion lors d’une route d’été en Afrique. J’ai fait tout un parcours de foi et au bout de deux ans et demi, la question de la vocation sacerdotale est venue, à la sortie du confinement, en janvier 2021. La question ne m’a plus quitté à partir de ce moment-là.
Comment avez-vous connu la Communauté Saint Martin et pourquoi l’avoir choisi ?
Pedro : J’ai connu la communauté par un ami français proche de ma famille. Je ne connaissais pas beaucoup la France, j’étais juste allé à Lourdes et à Paris. Lorsque j’ai entendu parler de la communauté, j’ai lu le livre de Don Paul, Les prêtres, don du Christ pour l’humanité, qui m’a beaucoup marqué, en particulier sa vision de l’Église et du sacerdoce, mise en lumière avec les paroles de Jean-Paul II, Benoît XVI et le pape François à ce sujet.
Je suis allé à la Communauté Saint-Martin parce que je crois que c’est la volonté de Dieu. Arrivé à Évron, j’ai découvert de nouvelles raisons d’y rester comme le service de l’Église universelle. Nous allons là où n’importe quel évêque nous appelle. Autrement, en entrant, je ne pensais pas que la vie commune serait un motif pour choisir la communauté, mais maintenant c’est la principale raison de ma présence à Évron.
Louis : Mon premier contact avec la communauté s’est fait avec le site internet mais cela ne m’a pas trop tenté… J’ai rencontré véritablement la communauté par la suite grâce à deux prêtres en novembre 2021 lors d’un camp scout. L’un d’eux a proposé aux chefs, dont je faisais partie, de venir à la paroisse de Neviges en Allemagne. J’ai donc vraiment rencontré la communauté par les communautés locales. Par la suite, je suis venu deux fois pendant le carême au séminaire pour découvrir la formation et pour rencontrer les formateurs.
La vie communautaire au quotidien m’attirait beaucoup. L’idée d’être prêtre et de rentrer le soir en retrouvant ses frères de communauté me parlait, tout comme le travail pastoral en commun. C’est la vie de prière communautaire qui m’a le plus touché en arrivant au séminaire. C’est autant une exigence qu’une belle manière de vivre l’unité de la communauté dans la prière. C’est ce qui m’aide à avancer et ce qui me touche encore le plus.
La question s’adresse plus à Pedro : a-t-il été difficile de quitter ton pays pour rejoindre une communauté ayant sa maison de formation en France et étant principalement implanté dans ce pays ?
Pedro : C’est difficile, il faut le dire, il faut maitriser une nouvelle langue et une nouvelle culture. Mais c’est complètement possible. Il y a un an, je ne parlais pas français et maintenant c’est “fluide”. On est immergé parmi les Français, donc c’est plus facile. Je serais très content de retourner au Portugal en paroisse, mais mon oui à la Communauté Saint-Martin, ce n’est pas un oui au Portugal. Je le donne à l’Église universelle, j’irai là ou un évêque nous appellera, que ce soit en Allemagne, à Cuba ou au Portugal.
Quelles difficultés avez-vous pu rencontrer à votre arrivée en propédeutique, et, à l’inverse, quelle grâce avez-vous pu recevoir à cette occasion ?
Pedro : Curieusement, ma principale difficulté n’a pas été le français mais le nouveau cadre de vie. J’ai travaillé pendant cinq ans, j’habitais tout seul, avec mon appartement. Il m’a fallu six mois pour m’habituer au style de vie du séminaire, respecter les règles, obéir à l’horaire, alors que je n’ai pas forcément envie de faire ce qu’on me demandait. Il faut s’approprier toute ces contraintes car elles font partie de la formation à la vie commune.
Comme grâce, je retiens la joie et la confiance qui m’habitaient en arrivant au séminaire. La grâce de Dieu m’a préparé et accompagné pendant toute mon année de propédeutique qui a été une véritable aventure !
Louis : Quant à moi, ma rentrée a été vraiment compliquée car elle s’est conjuguée avec des difficultés familiales. Autrement, le fait d’être plus de cent séminaristes, de devoir construire de nouvelles amitiés a été vraiment lourd.
Nous avons eu une belle grâce avec les séminaristes de mon année. Nous nous sommes ouverts les uns aux autres, notamment grâce aux récits de vocation. Nous avons alors pu partager nos difficultés et cette simplicité de parole est encore présente aujourd’hui. Mon stage de propédeutique c’est très bien passé et m’a aidé à me « décomplexifier ». J’ai pu me reposer sur cette expérience et écrire ma lettre pour entrer au séminaire dans la paix.
Que diriez-vous à un jeune qui se pose la question de la vocation et de rentrer ou non en propédeutique ?
Pedro : Il y a tout à gagner et rien à perdre. En tout cas, viens voir et découvrir. L’apprentissage intellectuel, humain et spirituel et la vie fraternelle valent vraiment le coup, quelle que soit la réponse à la fin de l’année !