Sur la forme, l’apprentissage est sans doute un peu différent. Il y a un certain art oratoire à acquérir. Mais celui qui absolutiserait cela risquerait aussi de tomber dans l’excès de transformer la prédication en un pur exercice de style, oubliant la grâce d’état du ministre, et le travail de l’Esprit-Saint dans les cœurs… Combien de prêtres expérimentés dans la prédication peuvent témoigner que les retours de paroissiens touchés par la grâce lors de sermon sont bien souvent sur des points insignifiants. (Un prêtre racontait récemment qu’un paroissien est venu le voir pour lui dire : « ce qui m’a le plus touché touché dans votre sermon c’est quand vous avez dit : deuxièmement… j’ai compris que dans ma vie je devais tourner une page ! »)
L’art oratoire n’est pas inné. Pour acquérir certaines bases plusieurs outils sont donnés dans la formation au séminaire. D’abord, la pratique du théâtre est un élément fondamental. Elle apprend à s’exposer en public, à susciter des émotions, à tenir un discours clair et audible, à jouer sur divers registres émotionnels… c’est un exercice très complet et un immense révélateur de talents.
Au séminaire un exercice exigeant est proposé pendant le carême : en lieu et place de la lecture à table, chaque jour les séminaristes de théologie prêchent sur l’évangile du jour pendant le repas. Sitôt terminé, plusieurs frères séminaristes et prêtres formateurs ou professeurs sont interrogés pour commenter sur le fond et sur la forme le sermon qui vient d’être donné.
En prêchant sur le tas dans diverses circonstances : obsèques, mariages, baptêmes… le jeune prédicateur diacre ou prêtre peut faire ses armes. Il a devant lui des publics très divers, dont l’attention est variable : bien souvent profonde aux obsèques et superficielle aux mariages. C’est ce qui rend cette mission difficile mais attrayante. Chaque célébration est l’occasion d’attirer les âmes à Dieu. Le prédicateur se donne, s’adapte, se bat… Dieu fait le reste.
En communauté locale, le jeune prédicateur peut recevoir les critiques positives et négatives faites par ses confrères qui l’écoutent prêcher. Encore un cadeau magnifique qui, s’il est bien reçu, accélère grandement la formation et l’apprentissage d’une prédication plus ajustée. Bénéficier de l’expérience des autres c’est continuer à se former chaque jour. Cela est parfois dur et nécessite une grande humilité, mais cela contribue aux biens des fidèles et à la charité fraternelle.