Le péché des anges
La Bible ne nous parle pas de cette première faute, si ce n’est par allusion. La Tradition, à la suite des Pères de l’Eglise appela cet événement le péché des anges. Créés dans l’amitié avec Dieu, avant même la Création du monde, les anges sont des créatures spirituelles, des messagers de Dieu destinés à l’assister. Dieu a donné la vie aux anges par pure bonté et les a richement dotés pour cette mission. Mais, au premier instant de leur vie, certains se sont révoltés en préférant leur propre bonté à l’excellence de Dieu. Ils ont vu leurs qualités, leur beauté, et l’ont préféré à Dieu. Ils ont refusé de servir : « Je ne servirai pas », a déclaré leur chef de file. Le prophète Isaïe, dans un oracle contre le roi de Tyr, permet d’illustrer ce péché des anges : « Toi qui avais dit dans ton cœur : J’escaladerai les cieux, au-dessus des étoiles de Dieu, j’élèverai mon trône, je siégerai sur la montagne de l’Assemblée, aux confins du septentrion. Je monterai au sommet des nuages, je m’égalerai au Très-Haut. Mais tu as été précipité au shéol, dans les profondeurs de l’abîme. » (Is 14, 12-15)
Comme l’ange a une intelligence qui ne déploie pas dans des raisonnements successifs, il voit toutes choses par intuition dans le Verbe de Dieu et fut donc fixé en un instant dans son sort éternel, sans pouvoir se convertir. Si bien que leur faute, ou leur acceptation de Dieu, les établit pour toujours dans le bonheur définitif, ou dans le refus de l’amour de Dieu.
Le péché originel de l’homme
Le péché des hommes, tel qu’il est raconté dans la Genèse, vient donc à la suite du péché du diable. « L’homme, tenté par le diable, a laissé mourir dans son cœur la confiance envers son Créateur et, en abusant de sa liberté, a désobéi au commandement de Dieu. » (Catéchisme, 397) Le péché originel est fondamentalement un péché d’orgueil ; il ressemble en cela au péché du tentateur.
Comme descendants d’Adam, nous sommes marqués par le péché originel, qui n’est pas une faute personnelle de notre part, mais un état que nous recevons. Nous n’en sommes pas responsables mais nous le mettons en acte, en quelque sorte, à chaque fois que nous péchons. Ainsi n’y a-t-il pas de fatalité dans nos péchés, mais nous sommes, dans notre nature humaine blessée, fragilisés et nous avons du mal à faire le bien et à éviter le mal.
A la différence du péché des anges, le péché originel ne fixe pas les hommes – qui vivent dans le temps de la terre – dans leur sort éternel ; ainsi avons-nous la possibilité de nous convertir et de grandir, par la grâce du Christ sauveur, dans le bien et d’avancer ainsi, en fils de Dieu, vers la vie éternelle.
François-Régis Moreau + prêtre