Les Vacances
(Dossier Sub Signo Martini n°47)
(Dossier Sub Signo Martini n°47)
Après tout son ouvrage, Dieu célèbre sa création le septième jour ; pour nous aussi, ce temps est nécessaire. Il manifeste que nous ne sommes pas pris dans l’engrenage du travail : nous avons la possibilité de contempler la création et la façon dont nous y avons contribué, ou pas ! Le repos en Dieu nous permet de nous libérer de tous les esclavages de la communication : mails, facebook, twitter…
Dieu vient nous libérer par ce don qu’il nous faut recevoir : communiquer autrement avec ceux que le Seigneur nous a confiés, notre conjoint, nos enfants, nos parents, notre prochain. La communication/communion qui peut naître à ce moment là est loin de l’immédiateté, elle est au contraire à chercher en profondeur. Comment instaurer cette communication ?
Avec son conjoint
Les vacances sont un temps gratuit qui nous est donné pour l’offrir. Ne cherchons donc pas à le posséder : ce n’est pas grave s’il n’est pas « rempli » comme nous l’aimerions. Le temps inoccupé n’est pas forcément du temps perdu ; il peut aussi être donné et porter du fruit. Pourquoi ne pas l’offrir à son couple ? Pour retrouver la communion avec notre conjoint, il est bon de prendre du temps, une soirée, une journée, quelques jours tous les deux, de susciter en soi le désir de l’écouter, sans lui poser de questions, simplement dans le silence, à ses côtés. Pour cela, il faut avoir refermé dans son esprit tous les tiroirs débordant de questions logistiques et se mettre vraiment à l’écoute : puisque ce temps est offert, rien n’est perdu. Les vacances permettent de redire son amour à son conjoint, par une communication parfois non verbale faite de petits gestes délicats, de tendresse et d’attention. C’est aussi le moment de prier ensemble, de se dire ce qui nous a blessés, à la manière du devoir de s’asseoir cher au Père Caffarel et aux Équipes Notre-Dame. Un temps sous le regard de Dieu, où tout peut se dire avec bienveillance et délicatesse ! Un temps aussi pour nous rappeler notre sacrement de mariage et le célébrer au quotidien, dans un esprit de fête.
Avec les enfants
C’est l’occasion ou jamais de partager du temps tous ensemble, dès la voiture. Collés les uns contre les autres pendant de longues heures, nous n’avons plus de moyen d’aller bouder, nous lâchons nos écouteurs et nous nous parlons. Pendant le trajet, nous pouvons organiser un jeu en commun, prier ensemble le chapelet dans lequel chacun donne une intention, et organiser un petit conseil de famille. Chacun est invité à formuler un merci à la personne de son choix, à demander pardon pour ses manquements, à donner des suggestions pour améliorer la vie de la famille. Petits et grands peuvent prendre part et apporter des idées. Ensuite, nous prenons tous ensemble une résolution que nous nous aidons à tenir. L’Esprit peut déjà souffler dans cette voiture !
Libérés de la contrainte des devoirs qui empoisonnent parfois les relations familiales, nous avons le temps de faire des choses tous ensemble. Après les jeux en famille, les projets communs peuvent vraiment alimenter la qualité de notre communication : aider le grand-père à tailler la haie ou bien refaire un mur en changeant le chef de chantier pour que chacun ait sa place.
Avec la « grande famille »
Je viens chez mes beaux-parents, je reçois des cousins : c’est un cadeau que je suis heureuse d’offrir à mon mari et à ma famille, un cadeau que je leur fais. Je veux tout organiser pour qu’ils soient heureux, pour leur faire plaisir, en dépassant les susceptibilités de chacun. Rien ne m’empêche, pendant ce temps avec la « grande famille », de prendre un temps seul à seul avec mon mari, prendre une journée seulement avec les enfants. Tout est question de délicatesse et de bienveillance. Le secret de cette harmonie : la prière et l’humilité ! Je ne me vexe pas devant les petites réflexions désagréables qui peuvent apparaître.
Des vacances vécues dans la foi
Je n’hésite pas à vivre en profondeur les petits rituels quotidien, en changeant par exemple la manière de chanter le bénédicité chacun à son tour. Les déjeuners d’enfants, toujours un peu bruyants, peuvent devenir l’occasion de lire une vie de saint comme un roman ; le saint œuvre ensuite dans le secret du cœur de chacun.
Petits et grands se retrouvent le soir pour prier ensemble : chacun prépare à son tour un chant ou un texte, certains jouent de la guitare, d’autres apprennent des chants gestués ! L’évangélisation des parents, des enfants et de toute la famille passe aussi par là. C’est le rituel des vacances qu’on peut ensuite adopter au quotidien.
Cet été, je vivrai ces vacances comme un don dans la mouvance de l’Esprit Saint ; et je m’en réjouis déjà.
Une mère de famille
Quelques trucs pour préparer ses vacances :
– Je prie avant l’été pour que ce temps en famille notamment soit un temps de paix, un temps donné à dieu.
– Je coupe mon téléphone et tous mes esclavages (télé, jeux, ipod).
– Je profite des voyages en voiture pour jouer, discuter tous ensemble.
– J’instaure quelques rendez-vous : prière familiale, lectures, « conseil de famille ».
Paris, le 15 mai 2015
Mon cher Martin,
Ca y est, ça recommence ! On reparle des vacances ! Je ne sais pas si c’est pareil chez vous, mais ici, depuis que Bonne-maman nous a demandé au mois de janvier ce qu’on avait prévu pour cet été, tout le monde est tendu, « parce que tu comprends, si c’est pour recommencer comme l’an dernier, une semaine dans ta famille, une semaine dans la mienne, et une semaine de copains, non merci, je reste à Paris », a dit maman. « On en reparlera », a répondu papa.
Heureusement qu’il reste des semaines dont on ne discute pas. Par exemple, les louveteaux, début juillet. J’ai hâte ! Les chefs ont dit qu’il fallait rejoindre le lieu en co-voiturage, et maman a soufflé en levant les yeux au ciel, en se forçant à sourire terriblement.
Ma sœur, elle, va aux jeannettes du 24 au 28 août. Papa trouve ça ridicule. « Beaucoup moins que d’arrêter les cours le 15 juin, sous prétexte que les élèves de 3ème passent le brevet » a répondu maman. « C’est vrai, depuis qu’elle est au collège, ses vacances durent deux mois et demi, c’est scandaleux », s’est énervé papa. Moi aussi, je trouve ça scandaleux, mais je ne crois pas que ce soit pour la même raison…
Au début, maman voulait « caser les petits », pour pouvoir faire des trucs qu’on n’a pas le droit de faire, nous : « enfin user mes chaussures de sport », dîner en regardant un dvd, ou dormir au-delà de 8h. Mais comme grand-mère a proposé de les garder à Nice, il faut les accompagner : c’est cher, crevant, et on perd plus de temps qu’on en gagne. Alors ils restent là jusqu’au 25 juillet. Les pauvres.
Mon grand frère a demandé s’il pouvait aller à l’île de Ré, chez la marraine d’un cousin d’un de ses copains, après son camp. « On verra », a répondu maman. « C’est tout vu », a dit papa. « À 15 ans, tu passes tes vacances avec nous, j’aimerais bien vous voir pendant les trois seules semaines de répit que je m’octroie dans l’année. On verra quand tu seras plus âgé, si l’invitation est plus sérieuse, chez des amis que nous connaissons, et pas pendant mes propres vacances ». Mon frère aussi, il a soufflé en levant les yeux au ciel, et j’ai l’impression que de cela aussi, on reparlera.
« Trouver le bon équilibre entre loisirs en commun et espace de liberté. »
Le 13 août, notre cousin Jean se marie en Bretagne. C’est rigolo, la Bretagne, en plus on n’y va jamais. Mais nous, on voulait faire une randonnée avec un âne dans les Cévennes. Papa dit qu’on n’est pas obligé d’aller à ce mariage, maman dit que justement si, on est obligé, parce que mon frère est garçon d’honneur. « Ah ! Le piège ! » s’est écrié papa, et il est parti fâché, en criant que ce n’est pas à la belle-famille d’un cousin éloigné de nous imposer notre programme. Et il a ajouté : « Sinon, bonne idée, allons-y avec l’âne, les autres invités se sentiront moins seuls ». Alors mon frère a pleuré parce qu’il ne voulait pas salir sa belle tenue d’enfant d’honneur. Et maman s’est levée avec les yeux un peu transparents, en disant qu’elle aurait bien aimé que, pour une fois, on accepte une invitation, parce que le farniente au bord de la piscine pendant quinze jours, ça va bien, merci, elle a donné. Moi, j’aime bien la piscine, on s’amuse trop.
Mais j’aime bien aussi voir les cousins, et ça m’inquiète, parce qu’on n’en a pas encore parlé. On aimerait bien se retrouver quelques jours, au moins pour jouer dans la super cabane qu’on avait construite l’année dernière avec les plans de l’oncle Jean-Rémi. Maman dit que c’est épuisant, on est nombreux, on passe son temps dans la cuisine et il y a toujours une belle-sœur pour faire des remarques désagréables et prétentieuses. Papa dit que c’est stressant, on est nombreux, c’est bruyant, et il y a toujours un beau-frère pour proposer un plan improbable qu’on se sent obligé de suivre. Moi, je ne comprends pas, parce qu’ils s’inquiètent et, chaque été, ils trouvent que « finalement ça s’est très bien passé », et ils ont l’air bien contents de recommencer. A condition que ça ne dure « pas plus de quatre jours », a déclaré maman. « Trois », a corrigé papa.
Alors ils ont sorti un calendrier et une carte de France, et nous, on a compris qu’il valait mieux sortir du salon. Ils ont essayé de « procéder dans le calme et en ordre », comme a dit papa, qu’on écoutait sans faire exprès derrière la porte. Ils ont fait le tri entre 1) les obligations, 2) les priorités et 3) les réjouissances, même s’ils n’étaient pas toujours d’accord dans la liste. Ils ont décidé de refuser la crémaillère des copains auvergnats, « parce que ce ne serait vraiment pas raisonnable », et de profiter de la Bretagne pour faire du vélo pendant quelques jours après le mariage. Ensuite, on se reposera dans un endroit ensoleillé, a décrété papa, quitte à faire des kilomètres, tant pis. Ce qui compte, c’est de se reposer, se retrouver et se ressourcer. Ne pas se créer d’obligations familiales, sociales ou mondaines, sans non plus déroger à l’exigence de charité. « Tu parles comme l’oncle Jean-Rémi », a rigolé maman. « Je dis la vérité », a rétorqué papa.
Bref, j’ai l’impression qu’on aura besoin de vacances pour nous remettre de leur organisation ! Comme ça, on pourra se dire ce qui nous ferait vraiment plaisir, se demander pardon, enregistrer ce qui marche le mieux, et surtout, nous en souvenir pour organiser les prochaines…
Bonnes vacances à toi, et à très bientôt !
Thomas
Pourquoi ne pas profiter de ces prochaines vacances d’été pour couper avec le rythme effréné et les réflexes de notre quotidien, pour faire grandir notre âme de contemplation et habiter plus paisiblement les moments de solitude ? Au delà d’un large panel de propositions de sessions familiales, pèlerinages ou retraites personnelles, il s’agit surtout de prévoir ses vacances en donnant du temps à notre vie intérieure.
Lorsque nous pensons aux vacances, nous espérons spontanément nous retrouver, nous reposer, prendre le temps, nous aimer, découvrir, lire, etc… Appliquons toutes ces attentes à notre vie spirituelle.
Nous retrouver : profitons de toutes nos excursions pour retrouver notre place d’enfant de Dieu, avec notre Créateur.
Nous reposer : nous avons tous besoin de nous reposer physiquement et psychologiquement. Avec un bon ressourcement spirituel, notre équilibre intérieur sera encore plus renouvelé. « Je n’ai de repos qu’en Dieu seul, mon salut vient de lui. » (Ps. 61)
Prendre le temps : comme un prêtre anticipe, pendant ses vacances (la veille pour le lendemain) le créneau où il pourra célébrer la Messe, à nous de prévoir le meilleur moment pour prier. Anticipons en fonction de notre programme un temps consacré exclusivement à Dieu, dans l’oraison.
Prendre aussi le temps de regarder et d’écouter, avec plus d’intensité et de disponibilité. Notre âme contemplative et apostolique en sera nourrie et notre cœur d’autant plus attentif à ce que Dieu aura à nous dire.
Nous aimer : dans le cœur profond de notre âme, ouvrons-nous à Lui pour Le laisser nous aimer et laissons jaillir à n’importe quel instant, un petit mot doux pour lui exprimer notre amour et notre reconnaissance.
Découvrir : dans toutes les rencontres de cet été, laissons nous surprendre pour découvrir de nouveaux visages du Christ et son Esprit Saint nous enseignera.
Lire : soyons lucides, ne prenons plus le sac entier de livres que nous n’ouvrons finalement pas de l’été. Choisissons-en un ou deux et retrouvons notre bible.
Chacun peut se souvenir d’avoir été saisi par la beauté d’un paysage de montagnes ou une sortie en mer, une soirée légère entre amis ou une veillée scoute pour reconnaître que notre Créateur était bien là. Il nous tend la main. « Notre cœur n’était-il pas brûlant ? » C’est la réflexion que se font les disciples sur la route d’Emmaüs, qui viennent de vivre une rencontre décisive avec Jésus ressuscité.
Alors, saisissons sa main et laissons notre cœur brûler sur la route de ces prochaines vacances…
Élisabeth Ranvier
Liste avant de partir :
Prévoir ses vacances consiste souvent à nouer et dénouer bien des nœuds, au cœur et au cerveau. Mais entre amis, que l’audace l’emporte sur le casse-tête diplomatique !
« De l’audace en amitié, et l’été sera réussi. »
Chaque été les priorités se bousculent entre le repos et le devoir, ou entre la fidélité et la nouveauté. Ce nom de vacances doit d’ailleurs à son ancêtre latin vacare une géniale ambiguïté, il signifie à la fois le vide des obligations, et l’activité de celui qui vaque, qui soigne ce qui compte pour lui : ainsi soignons-nous notre âme, notre famille, notre santé, notre culture, nos loisirs… et nos amitiés.
Qui verrons-nous donc cet été ? À qui donnerons-nous ce gage d’amitié, un peu de ce précieux temps libre ? Aux uns l’embarras du choix, aux autres un programme tout dicté par les devoirs familiaux, les routines rassurantes ou les contraintes matérielles. Presque tous désirent mieux que du soleil et du sommeil : on a beau dire, les vacances ne seraient pas réussies sans « les autres ».
Car l’amitié s’entretient, et tous les amis aspirent à passer du temps ensemble : un des caractères de l’amitié, c’est le besoin de vivre avec ceux qu’on aime, Aristote n’est guère contredit. Bien qu’ils puissent s’en passer, de vrais amis aiment parler longuement et s’embarquer dans de communes aventures. Or, passée l’adolescence et ses bandes fusionnelles et éphémères, plus question de voir tous nos amis à la fois; il faut choisir, et les vacances nous confrontent à ces choix.
Selon quels critères ? Repoussons d’abord l’attentisme ou le chantage affectif. Hormis notre famille immédiate et ceux que nous honorons au nom du 4e commandement, il n’est personne ici-bas à qui nous « devons » quelque partie de nos vacances. Libérés des amitiés routinières ou captatrices, faisons signe en premier lieu à ceux qui ont le plus besoin de notre affection, ces amis isolés ou frappés par de mauvaises nouvelles. Osons le pari, recevons-les de bonne grâce selon cette béatitude : heureux seras-tu, parce qu’ils n’ont rien à te donner en retour (Lc 14,14).
Puis gardons aussi du temps avec ceux qui «vont bien» et dont la compagnie nous détendra, et soyons audacieux ! Il existe, dit encore Aristote, trois sortes d’amitiés selon qu’elles se fondent sur l’intérêt, sur l’agrément ou sur la vertu. Oublions donc d’emblée les amitiés de la première sorte, trions et élevons celles de la deuxième, et enfin recherchons celles de la troisième. Comment, une amitié fondée sur la vertu, quelle catégorie soporifique ?! Au contraire, il suffit d’observer que certaines amitiés nous rendent fiers, qu’avec certains amis nous partageons sans rougir ce qu’il y a de plus élevé en nous, tout en nous amusant, bien plus qu’avec ces vieux copains chez qui l’on ressasse les mêmes vieux souvenirs, faute de marcher aujourd’hui dans la même direction.
Or aucune amitié de ce calibre n’a pu naître, sans qu’un jour on se soit risqué à sortir de soi, risqué à une confidence qui engage ou à une initiative pour passer un cap. Il est toujours temps ! Risquons-nous en amitié, et l’été sera réussi.
Enguerrand de Lorgeril + prêtre
« Tu honoreras ton père et ta mère ! » Dans l’organisation des vacances, le quatrième commandement nous apprend à enrichir les relations familiales mais peut aussi devenir un véritable casse-tête. Quelques conseils pour donner du temps à chacun !
S’agissant des vacances passées chez les parents, gare aux « rituels » qui se transforment rapidement en contraintes et peuvent devenir une source de tension dans le couple. Pour cela, il faut parfois trouver des alternatives au séjour dans les maisons familiales, mais aussi s’exercer à la souplesse et à la finesse pour préserver la beauté des moments de retrouvailles en famille élargie. Une fois par an, dans la mesure du possible, il est très bénéfique de s’organiser pour prendre quelques jours de vacances en amoureux, vivre à son rythme, discuter tranquillement. Prendre un peu de temps pour réfléchir à nos désirs profonds de couple pour les vacances est un des secrets de la réussite !
Les couples ont aussi la mission d’organiser le temps libre de leurs enfants. Quand l’été approche, c’est une perspective réjouissante tout autant qu’un défi. Les parents font généralement face à une double tentation : tout organiser à la place des enfants (attention aux séjours rituels chez les grands-parents qui empêchent d’autres activités plus exceptionnelles : camps, colonies, séjours avec des amis…) et ne rien organiser du tout, avec le risque de laisser les enfants désœuvrés, à un âge où les apprentissages sont nombreux. Ces deux attitudes se retrouvent aussi pendant le temps en famille lui-même, quand parents et enfants sont réunis. Il faut alors se rappeler que les vacances offrent des moments privilégiés dans l’année pour se détendre dans la bonne humeur, éduquer aux vertus, transmettre ce qui nous tient le plus à cœur et resserrer les liens familiaux. Cela suppose de trouver le bon équilibre pour aménager un espace de liberté adapté à chaque âge et trouver des loisirs en commun.
Les vacances passées avec des amis qui ont des enfants du même âge sont souvent un vrai moment de joie, pour les parents comme pour les enfants. Pourtant, si elles deviennent systématiques, elles risquent de freiner l’approfondissement des relations personnelles entre parents et enfants, ainsi qu’au sein du couple, et de freiner certaines activités, comme la lecture ou la prière. Ici encore, l’art du bon dosage est requis ! Les vacances doivent permettre aux parents de se reposer mais aussi d’approfondir la relation avec chacun des enfants. Cela passe souvent par le fait, pour un des parents (pas toujours le même !), d’accepter de faire une activité exclusivement avec l’un de ses enfants (jeu, promenade ou sport favori de l’enfant par exemple). Il ne s’agit pas tant d’occuper son enfant que de se rendre présent à lui. Et le faire une seule fois en trois semaines de grandes vacances n’est pas suffisant : ces moments de qualité demandent aussi une certaine quantité. Les meilleures vacances en famille sont généralement celles qui sont bien anticipées dans la concertation, avec bien-sûr une part pour l’imprévu et les petites folies qu’on évoquera plus tard avec nostalgie ! Bref, organisation et souplesse pour des vacances joyeuses et réussies !
Solange et Laurent
Les vacances constituent pour les séminaristes un lieu fondamental de la formation, un test grandeur nature pour voir si l’arbre grandit bien grâce à des racines solides. Témoignage d’un séminariste quelques semaines avant l’été.
« Vivre à fond le temps des vacances qui appartient à Dieu. »
Les premières fois, l’approche des vacances de Noël ou d’été peut susciter un grand « ouf » de soulagement : à nous la liberté, finies les contraintes de l’horaire et de la vie commune !
Pourtant, plus les vacances approchent, plus les questions deviennent nombreuses : quel temps consacrer à la famille ? Quels amis voir ? Comment me reposer vraiment tout en vivant ce temps dans la gratuité et le don de soi ? Enfin, et au centre de tout, comment vivre avec le Seigneur dans ce temps de vacances ?
Au sens propre, c’est en effet le temps de la liberté, de l’exercice de la responsabilité dans un cadre moins contraignant que celui du séminaire. En dehors d’Evron, nous sommes plus que jamais séminaristes, mais nous devons vivre différemment notre relation au Seigneur, aux autres et à nous-mêmes.
On peut retenir ici trois profils-types – avec leurs bons et leurs mauvais côtés – pour décrire nos vacances :
Passant d’un modèle à un autre, nous parvenons peu à peu, en repérant nos échecs et nos réussites, à trouver notre propre modèle de vacances. Quatre maîtres-mots : fidélité, souplesse, détente et gratuité. Les vacances sont d’abord le test d’une vraie fidélité à notre vocation et à notre relation avec le Seigneur Jésus dans une prière personnelle quotidienne, appuyée sur le rythme appris au séminaire (la messe, les offices, la lecture de la Parole de Dieu et l’oraison cœur à cœur). Elles demandent encore une grande souplesse pour parvenir à maintenir l’équilibre entre notre vie spirituelle et la détente, les temps en famille, les séjours avec des amis et les espaces de solitude. Elles sont aussi le lieu où nous pouvons apprendre à discerner nos vraies détentes, ce qui nous permet de nous reposer d’une manière saine. Elles permettent enfin une vraie gratuité et un apprentissage du don de nous-mêmes librement consenti, dans des actes inhabituels et dans la présence au Seigneur et aux autres. Bref, de l’audace et de l’amour pour vivre à fond ce temps extraordinaire qui appartient, lui aussi, à Dieu !
Un séminariste de 4ème année