Pour mieux goûter la Parole

Le 30 septembre 2019, le Pape François a institué un dimanche du temps ordinaire spécialement dédié à la Parole de Dieu. On pourrait se demander pourquoi consacrer un dimanche à la Parole de Dieu, puisque chaque jour, à la messe comme à l’office, la Parole est proclamée ? En effet, la liturgie est toute tissée de Parole de Dieu, d’une manière explicite lorsqu’elle est lue au cours de la célébration de chaque sacrement et de chaque sacramental, mais aussi parce que c’est d’elle que jaillissent les chants, les hymnes et les oraisons qui ponctuent nos célébrations.

La constitution sur la liturgie, promulguée par le Pape saint Paul VI au début de la deuxième session du Concile Vatican II, affirme que le Christ est présent lorsque, dans l’assemblée liturgique, la Parole de Dieu est proclamée (Sacrosanctum Concilium n. 7). Benoît XVI, dans son exhortation apostolique post-synodale sur la place de la Parole, nous invite à approfondir le caractère sacramentel de la Parole et à approfondir comment le Christ se rend présent dans la Parole proclamée (Verbum Domini 56).

Il ne s’agit pas de la Bible, en tant que livre écrit, mais de la Parole proférée, cantillée, chantée, annoncée ; bref, de la Parole rendue vivante par la voix du lecteur ou du chantre. En 1951, lors de la réforme de la vigile pascale décidée par Pie XII, après l’annonce de la Pâque (l’Exsultet), la rubrique disait que « le célébrant et les ministres, le clergé et le peuple, s’étant assis, écoutent [les lectures] ».

Au cours du dimanche de la Parole, nous pouvons tous nous interroger sur la qualité de notre attention au moment de la liturgie de la Parole, l’écoutons-nous avec suffisamment d’attention pour que l’oreille de notre cœur (un cœur qui écoute) puisse la retenir et la méditer. La Parole est proclamée, elle n’est pas seulement lue, et cette proclamation met en mouvement d’autres sens que la vue et l’intelligence. L’audition demande un autre type d’attention, et surtout elle implique une assemblée convoquée par le Seigneur. Il peut arriver qu’un détail, une attitude, un rapprochement soit fait au cours de l’écoute attentive d’un passage de la Bible que nous aurions déjà lu mille fois. Le choix des textes, la manière dont ils s’éclairent mutuellement, soit au cours des célébrations dominicales ou des fêtes de la vie du Christ, font résonner différemment certaines pages de l’Ancien ou du Nouveau Testament, car c’est le Christ, le Verbe de Dieu est la clé d’interprétation de la Bible tout entière.

Si le dimanche de la Parole pouvait nous conduire à ce que les ministres ordonnés et les fidèles, fassent plus attention à la Parole proclamée aux messes auxquelles ils participent, le motu proprio du Pape François de 2019 aurait atteint son objectif.

Don Martin Troupeau

Diacre permanent à Laval