Deux nouveaux prêtres bientôt saints !
Vendredi 29 mai 2020
Le 26 mai dernier, le Saint Père a autorisé la Congrégation des Causes des Saints à signer 8 décrets, dont 5 concernent des causes françaises. Rencontre avec don Rémi Bazin, membre de ce dicastère.
Les bienheureux Charles de Foucauld et César de Bus
En quoi consiste votre mission ?
Actuellement mon travail dans ce dicastère consiste principalement à vérifier que les procès diocésains portés à Rome sont non seulement juridiquement valides mais aussi suffisamment complets et consistants pour pouvoir avoir une chance d’aboutir. Si ce n’est pas le cas, les éléments manquants ou un complément d’enquête sont réclamés au tribunal diocésain compétent. Le travail ne manque pas, sachant qu’en moyenne une centaine de procès venant du monde entier sont déposés chaque année à la congrégation !
Qui sont les nouveaux “candidats à la sainteté” français reconnus par le pape François ?
Il y a 3 décrets qui reconnaissent un miracle, un premier attribué à l’intercession du bienheureux Charles de Foucauld, mort à Tamanrasset le 1er décembre 1916 ; un autre à celle de César de Bus, fondateur au XVIème siècle des Pères de la Doctrine Chrétienne ; et enfin un dernier miracle attribué à la vénérable Pauline Jaricot, fondatrice au XIXème siècle du Rosaire Vivant et de l’œuvre de la Propagation de la Foi.
On compte également 1 décret reconnaissant le martyr de Simon Cardon et ses 5 compagnons, moines bénédictins assassinés en 1799 à Casamari (Italie) par des soldats révolutionnaires français. Sur les 6 martyrs, 4 s’étaient réfugiés en Italie en provenance de Meaux, Sept-Fonds, Bordeaux et Fontainebleau.
Enfin, un décret reconnait l’héroïcité de vertus de l’évêque Melchior de Marion Bresillac, fondateur au XIXème siècle à Lyon de la Société des Missions Africaines.
Ces décisions pontificales ouvrent donc la voie à la canonisation prochaine de deux prêtres : Charles de Foucauld et César de Bus, et à la béatification d’une laïque, Pauline Jaricot, ainsi que d’un groupe de moines, martyrs. Pour Melchior de Marion Bresillac, désormais vénérable, il manque encore la reconnaissance d’un miracle attribué à son intercession pour qu’il puisse devenir un jour bienheureux.
Quelle est la procédure pour aboutir à ces décrets ?
Ces décrets pontificaux interviennent au terme d’un procès instruit sur le martyr, les vertus ou le miracle selon le cas, qui se déroule toujours en deux phases : la phase de l’Instruction, qui a lieu dans le diocèse où est mort le serviteur de Dieu ou dans celui où a été constaté le miracle, et la phase de la Discussion, qui est du ressort de la Congrégation des Causes des Saints. Dans la phase diocésaine sont rassemblées les preuves (documents et témoignages), qui sont ensuite étudiées et évaluées lors de la phase romaine par différentes commissions (historiens, médecins, théologiens) et par l’Assemblée des cardinaux et évêques membres de la congrégation. Quant à la sentence finale, elle appartient au Saint Père et à lui seul.
Quel message retenir à travers la mise en valeur de ces modèles de sainteté ?
L’importance apportée au miracle, qui est, selon l’expression du pape François, le « doigt de Dieu » confirmant le jugement de l’Église, nous rappelle que les saints sont non seulement des modèles mais aussi des intercesseurs. Il appartient donc à l’Eglise de vérifier non seulement la sainteté de leur vie mais aussi « l’efficacité » de leur intercession, avant de pouvoir les proposer à l’exemple et la vénération des fidèles, à travers l’institution d’une fête liturgique, d’abord célébrée localement quand ils sont béatifiés, puis inscrite au calendrier universel une fois canonisés.
Une des préfaces de la Messe des saints nous dit bien ce qu’ils représentent pour l’Église, en nous invitant à trouver « dans (leur) vie un modèle, dans la communion avec eux, une famille, et dans leur intercession, un appui ».
« L’importance apportée au miracle, qui est, selon l’expression du pape François,
le « doigt de Dieu » confirmant le jugement de l’Église,
nous rappelle que les saints sont non seulement des modèles
mais aussi des intercesseurs. »