Confinement : comment tenir sans les sacrements ?
Lundi 6 avril 2020
Il est des situations où recevoir la communion ou se confesser n’est pas possible. C’est le cas de ce que nous vivons depuis 3 semaines, mais c’est aussi une souffrance vécue par de nombreux chrétiens à travers le monde, dans des pays où ils sont persécutés ou dans d’autres où l’absence de prêtres les empêche d’accéder aux sacrements. Dès lors, une question se pose : comment tenir sans les sacrements, plus particulièrement en période d’épreuve ? Petit manuel de survie, par Don Enguerrand, prêtre formateur au séminaire de la Communauté Saint-Martin.
L’état de grâce, c’est le nerf de la guerre, nous rappelle le Christ dans l’Evangile : « Sans moi, vous ne pouvez rien faire » (Jn 15, 5). Mais rassurons-nous, même sans avoir accès aux sacrements, comme l’immense majorité des fidèles en ce temps de confinement, nous ne sommes pas pour autant coupés de la grâce de Dieu et nous pouvons prendre des moyens qui sont à notre portée. Certes, cela ne remplace les sacrements ! Mais Dieu n’est pas limité par ses sacrements, Il ne refuse pas sa grâce à celui qui agit avec foi et selon ses possibilités.
Concernant la communion, il nous est proposé de suivre au moins chaque dimanche la messe en « live » via les nombreuses propositions qui sont faites depuis le début du confinement dans nos paroisses, mais aussi par des canaux plus institutionnels comme KTO ou Le Jour du Seigneur. En assistant à la messe par les ondes, nous nous unissons à l’offrande du sacrifice, et nous sommes portés dans l’intention du prêtre qui célèbre et communie pour nous. Si nous le souhaitons, nous pouvons faire les gestes d’adoration et de révérence au fil de la messe, bien que nous ne soyons pas physiquement présents, parce que l’attitude du corps nous aide à être présents intérieurement, et que nos gestes s’adressent à Dieu qui les voit et les reçoit. Au moment de la communion et de l’action de grâces, nous pouvons dire une prière de communion spirituelle.
Concernant la confession. Dans l’impossibilité de se confesser à un prêtre, nous pouvons entreprendre cependant une vraie démarche de pénitence et de retour vers Dieu, par exemple chaque samedi soir, en préparation du Dimanche. Pour cela, nous pouvons commencer par un examen de conscience, prier le Je confesse à Dieu et murmurer seul devant la croix ce que nous aurions dit au prêtre en confession. Écoutons alors ce que l’Esprit-Saint nous inspire en réponse, et l’encouragement qu’un prêtre aurait pu nous donner – ce réconfort, nous pouvons aussi le trouver dans la Parole de Dieu. A la fin, disons l’acte de contrition de tout cœur et concluons par la formule classique : « Que le Dieu tout-puissant me fasse miséricorde, qu’il me pardonne mes péchés et me conduise à la vie éternelle. Amen. » Puis nous pouvons choisir une pénitence pour le pardon de nos péchés. C’est ce que l’on appelle une confession de désir ; le pape François en a beaucoup parlé ces derniers jours.
Bien sûr, cette démarche n’est pas équivalente à la confession, mais elle montre à Dieu notre désir d’être pardonné, et de vouloir recevoir un jour ce sacrement qui nous manque aujourd’hui. Comme le souligne le Père Thomas Michelet, dominicain, en référence à la théologie de saint Thomas d’Aquin, « Dieu n’est pas limité par le régime des sacrements qu’il a institués, et peut accorder la grâce du sacrement sans le sacrement lui-même. À condition d’en avoir les vraies dispositions spirituelles. Ce qui implique donc une vraie conversion : regretter ses péchés avec le ferme propos de ne plus recommencer ; les détester et les rejeter par amour de Dieu. Cela implique aussi la volonté de le réparer, en faisant pour cela ce qu’il faut. Cela implique enfin d’avoir au moins le désir du sacrement et donc le désir de se confesser dès que possible, d’en avoir le ferme propos et de le faire effectivement dès que ce sera possible. »