Les Cierges de l’Autel
Histoire
Avant le christianisme, les Romains avaient pour usage de brûler des cierges devant les idoles ou pour honorer certains dignitaires de l’Empire, et ils les employaient aussi pour les offices funéraires. Dans la liturgie juive, on utilisait plutôt des lampes à huile et, au Temple, un chandelier à sept branches alimenté aussi à l’huile : la Menorah (cf. explication ci-après). S’il est vrai que les cierges ont répondu, dans l’Église primitive, au besoin pratique d’éclairer, notamment lors de la prière des vigiles, ils avaient aussi un sens symbolique important qui justifiait leur utilisation diurne dans un but cultuel. Au Vème s., à Vigilance qui se moque de l’utilisation de cierges en plein jour, saint Jérôme répond : « Dans tout l’Orient, on allume des cierges pour lire l’Évangile quand le soleil brille ; ce n’est point pour chasser les ténèbres, mais en signe de joie ». Au nombre des luminaires liturgiques, on compte les lampes, les cierges d’acolytes, les cierges d’autel, les flambeaux et, en tout premier lieu, le cierge pascal. Dans l’église primitive, suivant la majorité des archéologues, les chandeliers n’étaient pas admis sur l’autel. C’est à l’époque carolingienne qu’apparaissent les cierges d’autel. À l’époque romane, ils commencent à être posés sur l’autel-même, mais seulement durant le temps de la Messe. Ce n’est qu’à partir du XIIIème s. qu’ils y demeureront. Si les chandeliers sont de forme relativement simple à l’époque romane, au XIIIème s. leur hauteur s’accentue (cf. ci-dessus, chandelier en émail de Limoges, fin du XIIème s.) et les chandeliers seront parfois ornés de plusieurs noeuds, jusqu’à atteindre deux mètres de haut à la Renaissance.
Description
À l’origine, les chandeliers reposent le plus souvent sur trois pieds, surmontés d’un noeud et d’une bobèche destinée à recevoir la cire ; au centre de cette coupelle s’élève une pointe sur laquelle on fichera le cierge. Les cierges qui les surmontent sont de cire, blanche pour les fêtes, jaune pour les offices funèbres ou les temps de pénitence. Suivant l’usage traditionnel, les chandeliers sont placés sur l’autel même ou sur un gradin lui-même posé sur l’autel. Ils encadrent une croix qui leur est si possible assortie. Si l’on tient absolument à conserver la nudité de l’autel, et s’il s’agit de flambeaux, ceux-ci peuvent être posés symétriquement devant ou de part et d’autre de l’autel, en nombre requis. Ainsi, suivant l’usage, le nombre des chandeliers est de deux, quatre ou six, selon le degré de solennité des célébrations. Un septième cierge est requis lorsque l’évêque diocésain célèbre la Messe stationnale (pontificale), à plus forte raison le Pape, évêque de Rome. Si le chiffre sept peut bien symboliser la plénitude du sacerdoce épiscopal, le sens profond de cet usage se trouve dans la tradition romaine ancienne : à la Messe papale, sept cierges portés par des acolytes précédaient (et précèdent encore) le Pape lors de la procession d’entrée, figurant les sept quartiers de Rome représentés par leurs sept diacres. Les sept chandeliers étaient donc le signe visible de la communion de toute l’Église de Rome autour de son évêque. Une autre exception est l’exposition du Saint Sacrement, où l’on peut, outre les cierges de l’autel, ajouter des cierges en grand nombre pour signaler la présence du Christ glorieux. En principe, il ne faudrait laisser sur l’autel que deux chandeliers avec la croix. Les autres seraient ajoutés selon les fêtes. Dans un souci pratique, il est habituel de laisser les six chandeliers à demeure sur le maître-autel et de n’allumer que les cierges requis. Solution qui manque évidemment d’élégance. À la Messe basse, un cierge d’élévation était autrefois ajouté du côté de l’épître au moment du Sanctus. Cet usage est conservé dans la Communauté Saint-Martin, afin d’attirer l’attention sur la Présence Réelle à l’autel à partir de la Consécration.
Signification
Le luminaire sacré est d’abord un symbole de joie et, dans l’antiquité, elle est un signe de respect et d’honneur. Les cierges devraient être en cire d’abeille. Tirée du suc des fleurs, la cire représente la chair du Christ formée du corps virginal de Marie, chair qui sera consumée pour nous. Allumé, le cierge a des significations multiples. Il représente d’abord Jésus, la lumière sans laquelle en plein jour nous marchons à tâtons. La flamme est le signe de la divinité du Christ. Elle symbolise également la foi en ces mystères. Les cierges blancs, faits de cire purifiée, sont symboles de joie et d’allégresse, tandis que les cierges jaunes, sont un symbole de pénitence et de deuil (voir photo ci-contre).
Pour les curieux…
Dans le Temple de Jérusalem, les Juifs allumaient un chandelier à sept branches, la Menorah, à la symbolique très riche : le chiffre sept représente la plénitude des sept jours de la création ; le chandelier, l’arbre de vie du jardin ou encore le buisson ardent, signe de la présence de Dieu. Voilà pourquoi la Menorah était située près du Saint des Saints, et c’est près d’elle que le grand prêtre prononçait une fois par an le Nom de Dieu. Dans la liturgie chrétienne, ce chandelier a été d’abord repris puis remplacé par les sept cierges qui renvoient aux paroles de l’Apocalypse : « J’ai vu sept chandeliers d’or, et au milieu des chandeliers, un être qui semblait un Fils d’homme » (Ap 1,12-13). La Menorah est souvent utilisée dans maints rites orientaux (cf. ci-dessous).