Mercredi des Cendres
14 février 2024
Don Antoine de Reboul nous introduit à ce temps du Carême à travers la symbolique des cendres.
« Misereris omnium, Domine » Tu as pitié de tous, Seigneur. La liturgie de l’Eglise nous donne, dans le chant de l’introït grégorien pour le Mercredi des Cendres, le ton pour cette période qui s’ouvre à nous : Dieu a pitié de nous, et parce qu’Il a pitié de nous, Il nous donne ce temps sacré du Carême pour nous convertir et Sa miséricorde vient stimuler, vient réveiller en nous le désir de changer notre vie, le désir de nous re-tourner vers Dieu.
Ce chemin de conversion, la liturgie de l’Eglise nous le fait commencer à travers un rituel symbolique fort : l’imposition des cendres sur le front des fidèles.
Reste de l’action solennelle que l’évêque accomplissait autrefois avec les pénitents publics, l’imposition des cendres marque à la fois la fragilité de l’homme – « Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière » – et l’espérance en la miséricorde de Dieu. La cendre est ce qui reste après que le feu ait tout détruit, mais cette même cendre est aussi un fertilisant, et sous la cendre peut renaître la vie : sous la cendre de la pénitence, la vie de l’âme du pénitent est appelée à renaître.
Cette symbolique de la cendre était déjà très présente dans l’Ancien Testament : le roi de Ninive, à l’annonce faite par Jonas de la destruction de la ville, « se leva de son trône, ôta son manteau, se couvrit d’un sac et s’assit sur la cendre » (Jonas 3,6) et ordonna à toute la ville de faire de même, « que chacun revienne de sa voie mauvaise ».
Signe de pénitence, signe d’humilité, recevoir les cendres doit susciter en nous ce même désir de nous détourner de notre voie mauvaise, de nous détourner du péché qui nous éloigne de Dieu.
Comme le rite de l’imposition des cendres, les textes de ce jour nous introduisent à ce temps du Carême, en rappelant sa finalité : le prophète Joël, dans la première lecture, se fait ainsi le relais de l’invitation pressante que Dieu fait à chacun de nous « Revenez à moi de tout votre cœur », invitation que reprend saint Paul « Laissez-vous réconcilier avec Dieu ».
Se détourner du péché, revenir vers Dieu, implorer et recevoir son pardon, pour parvenir « avec un esprit purifié à la célébration du mystère pascal », tel est le programme qui nous est donné pour ces 40 jours.
Comment réaliser ce programme ? Aumône, prière et jeûne : voici les trois armes dont nous sommes dotés pour ce combat spirituel qui se présente à nous. C’est le sens de la prière de la collecte de ce jour :
Accorde-nous, Seigneur, de savoir commencer saintement par le jeûne l’entrainement au combat spirituel : que nos privations nous rendent plus forts pour lutter contre l’esprit du mal.
L’aumône, la prière, le jeûne, ne doivent pas être réalisés de façon rituelle, ni même visible ainsi que nous rappelle le Seigneur dans l’évangile. « Ce que vous faites pour devenir des justes, évitez de l’accomplir devant les hommes pour vous faire remarquer » (Mt 6,1). Cela nous concerne nous et notre Père des cieux qui voit dans le secret.
Le jeûne nous délivre des forces intérieures de l’âme et du corps pour renforcer l’homme spirituel et affermir la volonté, l’aumône nous pousse à ne pas nous renfermer sur nous-même, mais à nous donner dans la charité, et la prière nous rappelle que c’est Dieu qui nous donne chaque jour la force de nous convertir, si nous lui demandons humblement.
Don Antoine de Reboul +
Vicaire à Font-Romeu