L’idée est venue des jeunes eux-mêmes. En constatant que beaucoup d’étudiants avaient un moral très bas et que “beaucoup étaient un peu désespérés, voire au bord de la dépression, ne rien faire était impossible.” Avec le diocèse, et en particulier avec toute l’équipe du Service diocésain d’évangélisation des jeunes, l’idée est donc venue de créer un évènement fédérateur pour ces jeunes isolés, qui souffrent des cours en visio et de l’isolement social qui en découle, en particulier pour ceux qui ne sont pas en colocation ou en famille.

L’idée de ces “samedis solidaires” est originale, comme l’explique don François. “Les étudiants ont voulu créer un lieu où ils peuvent à la fois se donner et recevoir. Leur plus grande souffrance et tristesse, c’est de se dire : ‘je ne fais plus rien pour les autres, je vis derrière mon écran pour suivre les cours’. Ce qui est très démotivant et désespérant c’est de ne vivre que pour soi”, déplore don François, précisant que “toute l’initiative consiste donc à les aider, mais aussi à leur faire voir qu’ils peuvent aider les autres“. Le but est clair : “je me fais du bien en en faisant aux autres“.

Ayant constaté une très grande pauvreté parmi nombre de ces étudiants isolés dont la plupart ne peut plus exercer de petit boulot du fait de la crise sanitaire, les « samedis solidaires » permettent aux étudiants, chaque samedi, de venir faire des courses alimentaires et sanitaires, gratuitement. Un système de troc permet d’échanger des livres, des DVD… entre étudiants. Une aide individuelle est également proposée grâce à l’intervention d’un psychologue, mais aussi pour accompagner ces jeunes, souvent d’origine étrangère, dans la rédaction d’un CV, la réponse à une offre d’emploi, une recherche de stage… A leur tour, ces étudiants peuvent participer aux maraudes organisées avec l’Ordre de Malte dans les rues d’Amiens pour se retrouver et donner une tasse de café à des sans-abri. “C’est l’occasion pour eux de donner à leur tour”, se réjouit don François.

L’initiative a pu être réalisée grâce à l’autorisation de la préfecture et à l’engagement du diocèse d’Amiens, qui a notamment mis une église à la disposition des jeunes, ainsi que des ressources humaines pour soutenir la recherche de stages ou de travail auprès d’employeurs. De leur côté, les étudiants ont répondu avec “beaucoup d’enthousiasme”. Ouverts à tous, “ces samedis solidaires ont permis de toucher les périphéries, avec l’optique de prendre soin de son prochain quel qu’il soit”, raconte don François. Ils viennent de tous horizons, avec une grande majorité d’étudiants en précarité, isolés, étrangers ou nouveaux arrivants à Amiens, avec une vie sociale proche de zéro.”

Pour don François, le fait le plus marquant de cette expérience a été “l’inventivité des étudiants, la rapidité avec laquelle tout s’est mis en place. Tous les feux se sont mis au vert très vite : aumônerie, diocèse, associations, reprises par les médias locaux…, ce qui a confirmé le besoin auquel répondait l’initiative. Les jeunes ont pu ainsi éprouver la joie de faire du bien ensemble, la joie de cette fraternité à laquelle nous invite régulièrement le pape François et qui consiste tout simplement à créer du lien pour inciter à la rencontre.”