Un décor varié
Comparé à d’autres églises de l’ouest de la France, la basilique possède un décor relativement sobre. La sculpture y est de loin la plus abondante. Cependant, les murs portent encore des vestiges de peintures et des tapisseries sont accrochés dans la chapelle Saint-Crépin.
Des fragments de peintures
Le mur nord de la nef romane conserve un fragment de peinture représentant une Vierge à l’Enfant. Cette œuvre daterait du XIIIe siècle. À cette époque, un atelier de peintres itinérant a réalisé des décors à Bais et à Neau. La parenté stylistique entre les différentes œuvres permet de supposer que les trois décors ont été réalisés par les mêmes peintres. Un ange est visible dans le bras sud du transept. La chapelle Saint-Crépin est également peinte : les voûtes de la nef sont recouvertes d’un faux-appareil tandis que la voûte du chœur porte un Christ dans une mandorle, entouré du Tétramorphe et encadré de saint Hadouin et de saint Benoît. Cette dernière peinture a été malheureusement abusivement restaurée au XIXe siècle.
Le décor sculpté
Les sculptures sont beaucoup plus abondantes que les peintures car elles n’ont pas autant subi les outrages du temps. Le décor sculpté se trouve dans la partie gothique. Il se compose de chapiteaux ornés de motifs végétaux, de statues posées sur les piliers du chœur, de gisants et de hauts-reliefs à l’appui des piliers de la nef. Le premier relief se trouve sur le pilier sud de la première travée de la nef gothique. Il se compose de deux registres. Dans le registre du bas, des hommes en proie à un violent mal de dent viennent consulter l’arracheur de dent pour qu’il les soulage de leur mal. Dans le registre du haut, un moine écoute la confession d’un homme à genoux. L’arrachage de dents et la confession ont été placés dans un même relief pour illustrer la parenté de fonction : le fidèle vient soulager son âme des péchés comme il va soulager son mal physique auprès de l’arracheur. L’autre relief fait face au premier. La composition est également sur deux registres. Le registre du bas figure une adoration des Mages tandis que Dieu semble contempler la scène du haut du registre supérieur.
Les tapisseries
Quatre tapisseries d’Aubusson du XVIIe siècle sont exposées dans la chapelle Saint-Crépin. Classées Monuments Historiques, elles représentent des scènes de l’Ancien Testament : Loth et ses filles quittant Sodome, Agar et Ismaël dans le désert, le sacrifice d’Abraham et le songe de Jacob (ci-dessous).
Les vitraux
Les verrières de l’église abbatiale datent de trois siècles différents. Les vitraux du chœur ont été posés au XIVe siècle. Ils représentent la légende de la fondation de l’abbaye. Les vitraux des chapelles rayonnantes sont du XIXe siècle, tandis que les verrières des bras du transept datent du XXe siècle. Un célèbre peintre est l’auteur des cartons du vitrail du transept sud. Maurice Rocher (1918-1995) est né à Évron. Il fut l’élève de Georges Desvallières et de Maurice Denis aux Ateliers d’Art Sacré. Il commença sa carrière en réalisant des vitraux dans les églises de Normandie, détruites par la guerre. De fait, l’image de peintre religieux lui fut longtemps accolée, bien qu’il refusait ce titre. Il réalisa la verrière en 1951, pour commémorer le dixième anniversaire de l’élévation de l’église au rang de basilique. Maurice Rocher fut avant tout un des principaux peintre expressionniste de la seconde moitié du XXe siècle.
Et aussi…
Le trésor de N.-D. de l’Épine comprend plusieurs pièces d’orfèvrerie. La Vierge de l’Épine a une âme en bois de chêne, recouverte de lames d’argent et de vermeille en repoussé. Un panneau de bois peint du XVe ou XVIe siècle, autrefois posé sur un autel, se trouve près de la chapelle Saint-Crépin. Il représente le Christ de Pitié avec les instruments de la Passion, entouré de Saint Dominique et Saint François peints sur un fond d’or. Il comporte enfin une crucifixion en bois du début du XIVe siècle, 3 statues en terre cuite du XVIIe siècle : saint Benoît, saint Maur et saint Placide et deux bustes reliquaires de saint Léon et saint Hadouin.