« Vous êtes de la maison de Dieu… »
Le Christ, fondateur de l’Église, les apôtres, soubassements, premières fondations, sont suffisants pour nous montrer, nous définir ce qu’est la nature de l’Église.
Jésus, Tête de l’Église, Tête de ce qui est Son Corps, se définit par une double réalité de communion.
Jésus, c’est d’abord la demeure de Dieu parmi les hommes, l’accomplissement parfait de l’Arche d’Alliance : « Qui me voit, voit le Père. »
Il est aussi, dans le même temps et parfaitement, l’union de l’homme avec son Dieu, communion de l’Homme Nouveau dont la nourriture est de faire la Volonté du Père. Il est Celui qui peut dire dans Son humanité : « Mon Père et moi, nous sommes un… »
Or, Jésus est le Prince, c’est-à-dire le premier, le Princeps, le principe formateur, Celui qui donne la forme, Celui qui donne l’eidos, « l’idée » de l’Église. Cela nous montre que l’Église, dans cette perfection atteinte par Jésus-Christ, représente cette double réalité de communion : Dieu parmi les hommes et l’homme en communion avec son Dieu.
« Nous attestons que le Père a envoyé son Fils comme Sauveur »
Les apôtres, eux, sont ces hommes qui ont cru en Jésus-Christ, nous dit Jean : « Nous qui avons vu, nous attestons que le Père a envoyé son Fils comme Sauveur du monde… » Ils ont vu et adhéré à cette manifestation visible de l’Amour invisible, à cette double communion manifestée aux yeux des hommes, cette présence de Dieu parmi les hommes et cette communion de l’homme Jésus avec Dieu.
Les apôtres, qui ont cru en ce double mystère de communion, voilà qu’ils bénéficient à leur tour, par grâce, de la communion de Dieu avec l’humanité et la communion de leur humanité personnelle avec Dieu. C’est Saint Jean qui nous le dit : « Celui qui proclame que Jésus le Christ est Fils de Dieu, Dieu demeure en lui et lui demeure en Dieu. »
« Tous ceux qu’anime l’Esprit de Dieu sont fils de Dieu… »
Voilà le mystère de l’Église apostolique. Cette communion, cette double communion de Dieu avec l’homme et de l’homme avec Dieu qui est parfaite en Jésus-Christ (avec l’union hypostatique de deux natures divine et humaine dans une seule personne), elle est participée par les apôtres. Ils ne l’ont pas de nature, elle est participée : par grâce de la part de Dieu, grâce reçue par la foi des apôtres.
Cette double communion, parfaite en Jésus, participée dans les apôtres, est tout simplement fruit de l’Esprit qui est, dans la Vie de Dieu, l’élément de communion, puisqu’Il représente en Dieu l’Amour du Père avec le Fils et du Fils avec le Père.
Jésus, vrai Dieu et vrai homme est uni à Son Père par l’Esprit dont Il a été consacré. C’est ce même Esprit qui unit les apôtres et les croyants avec Dieu, qui établit cette double communion entre l’homme et son Dieu : « C’est la force même, la vigueur qu’il a mise en œuvre dans le Christ » écrivait Paul aux Éphésiens…
De son côté, Jean nous précise : « Nous savons qu’Il est en nous et que nous sommes en Lui parce qu’Il nous donne part à son Esprit. » L’Esprit de communion devient, selon la définition des théologiens, l’âme de l’Église, c’est-à-dire son principe vivifiant après avoir été, de la même manière, le principe vivifiant, la vie de l’âme de Jésus. C’est en effet par l’Esprit Saint que Jésus fut conçu et dans la même ligne, tout à fait homogène, c’est par l’Esprit Saint que l’Eucharistie, c’est-à-dire la présence de Jésus dans Son sacrifice est actualisée à chaque Messe.
L’Esprit-Saint est l’âme du Christ. L’Esprit-Saint est l’âme de l’Église. L’Esprit-Saint est la Vie de Jésus, le moteur, le principe vital de la vie de Jésus et de Son union au Père, comme l’Esprit-Saint est le principe vivifiant reçu au baptême, redonné dans l’Eucharistie et dans le sacrement de la Réconciliation. Il est le principe vivifiant de celui qui croit en ce mystère de la double réalité de communion de Dieu à l’homme et de l’homme à Dieu, mystère englobé dans la Personne de Jésus-Christ, unique médiateur entre Dieu et l’homme.
« Puisque l’Esprit nous fait vivre, laissons-nous conduire par l’Esprit… »
Donc l’apôtre ou le croyant, celui qui croit, qui a foi au témoignage, est véritablement, par l’Esprit, une demeure de Dieu. Dans notre âme, lorsque nous sommes en état de grâce, lorsque nous proclamons notre foi en Jésus, lorsque nous proclamons notre foi en cette manifestation de l’agapè du Père, rendue visible par le Fils, nous sommes réellement et de la même manière que Jésus, par le même Esprit, tabernacle du Très-Haut. Nous avons en nous tout le mystère de la Vie de Dieu, le mystère de Son être comme de Son Amour : « Celui qui m’aime, mon Père l’aimera et nous viendrons demeurer chez lui… »
Autrement dit, Dieu nous considère en Son Fils comme Ses fils. Et nous allons être appelés, (et c’est le deuxième aspect du mystère de l’Église), à manifester Dieu visiblement dans le monde, de la même manière que Jésus a manifesté Son Père au monde.
Jean nous précise : « Personne n’a jamais vu Dieu » et pourtant : « Ils ont vu et ils ont touché le Verbe de Vie… », « Ils ont vu et ils ont cru en l’amour… » Ils ont vu et ils ont cru dans ce mystère historique de la Vie de Jésus alors que personne n’a jamais vu Dieu !
« Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. »
Dans notre histoire, dans notre temps, en cette année 2024, personne ne voit Dieu. Il nous est impossible de montrer du doigt notre Dieu à un incroyant, à une personne qui n’est pas encore agrégée au Corps de Jésus. Il nous est impossible de lui montrer vraiment notre Dieu. Nous pouvons lui montrer une reproduction statique : icône, tableau, crucifix…, mais nous ne pouvons pas lui montrer Dieu parce que personne n’a jamais vu Dieu.
En revanche, cette personne peut arriver à voir Dieu de la même manière que les apôtres ont vu Dieu en Jésus-Christ. Rappelons-nous ce dialogue significatif et émouvant entre Jésus et Son apôtre : « Seigneur, montre-nous le Père ! -Voyons Philippe, cela fait tant de temps que tu es avec moi et tu ne sais pas encore que je suis dans le Père et que le Père est en moi ? Qui me voit, voit le Père ! »
C’est pourquoi Jésus précise que s’Il envoie Ses apôtres, comme Il fut Lui-même envoyé par le Père, s’Il envoie Ses apôtres avec le même Esprit, c’est pour la même finalité : pour manifester l’amour de Son Père : « Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. » Oui, parce que le chrétien dans son état de grâce participe à cette double communion de Dieu avec l’homme et de l’homme avec Dieu, il manifeste, comme Jésus, la présence et le mystère de l’Amour de Dieu dans le monde et pour le monde.
« Vous serez mes témoins… »
Rendons-nous compte que Dieu nous appelle, avec notre petitesse, avec nos misères, avec nos faiblesses, nos péchés, nos dérapages, nos limites, et c’est le mystère profond de l’Église, Dieu nous appelle à poursuivre, dans le même être que Son Fils -être que nous avons par l’Esprit-Saint-, la même mission que ce Fils ! C’est-à-dire à manifester aux hommes le mystère de la Vie et de l’Amour divin que nous pouvons contenir en nous car c’est dans notre âme que Dieu demeure !
Contemplons cet appel merveilleux et rendons grâce pour cette sublime vocation : être les ostensoirs de l’Amour divin pour amener les hommes à comprendre que le Père céleste les aime de manière totale, infinie, et inconditionnelle…
Réfléchissons à la manière dont jusqu’ici nous avons vécu cette vocation et à la manière dont nous pourrions mieux la vivre.
La Pentecôte sera le mystère de la régénération de l’Église, le mystère de notre propre régénération pour que nous puissions comme le dit Jésus à Ses apôtres, « être des témoins jusqu’aux extrémités de la terre. »