« Je suis la vigne, vous êtes les sarments… »
Et les sarments qui sont-ils ? Le sarment, c’est ce qui reste enté au cep, c’est ce qui demeure dans le pied. D’où les paroles des Actes à prendre au sens littéral : « Paul, pourquoi me persécutes-tu ? Qui es-tu Seigneur ? Je suis celui que tu persécutes. »
Dans ce discours imagé de la vigne, Jésus nous révèle le lien indissoluble et transcendantal qui L’unit à l’homme. Nous savions, avec le discours sur le Bon pasteur, comment le berger était proche de son troupeau, ne faisant qu’un avec lui par la connaissance de l’amour.
Aujourd’hui, Jésus insiste : « Je suis la vigne. » Donc Je Suis cep et sarments tout à la fois. Vous êtes sarments : donc vous êtes sarments ne faisant qu’un avec le cep. Nous sommes unis de manière indissoluble, la Tête avec le corps, le corps avec la Tête, par ce qui fait la jointure avec tous les membres, dira Saint Paul, cette sève, ce flux vital qui passe d’une jointure à l’autre pour permettre à tous de se mouvoir et de vivre et qui n’est autre que l’Esprit Saint, la Charité de Dieu. Voilà que nous sommes un avec Lui comme Il est Un avec le Père. C’est le plus grand souhait du Christ : « Qu’ils soient un comme nous. »
« Afin que quiconque croit ait par lui la vie éternelle… »
Le sarment qui est donc uni au cep pompe sa sève Le membre pompe le sang de Jésus, pompe la Vie du Fils, et ce faisant aspire la Vie du Père, la Vie divine. A condition d’abord d’avoir foi en Jésus. D’où l’injonction du Christ : « L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qui l’a envoyé. »
La deuxième condition pour vivre sous perfusion de la Vie divine est de nous aimer les uns les autres car, nous rappelle Jean, pour demeurer en Dieu « il faut avoir foi en son Fils, et nous aimer les uns les autres comme il nous l’a commandé… » Voilà la raison du commandement que Jésus nous donne dans Son discours sur la Vigne : « Si vous gardez mon commandement vous demeurerez en Moi, et Moi je demeurerai en vous… » C’est la condition nécessaire et suffisante pour porter du fruit : « Celui qui demeure en moi, celui-là porte beaucoup de fruit. »
Quel commandement merveilleux pour notre vie que celui d’adhérer à Jésus, de ne faire qu’un avec Lui pour vivre de Sa vie ! Quel commandement essentiel que celui-là puisque c’est par cette union à Jésus que nous respirons du même Esprit ! Nous inspirons le même Esprit et nous expirons, comme Jésus sur la croix, le même Esprit : « Ceux qui vivent de l’Esprit sont fils de Dieu. »
« Celui qui demeure en moi, celui-là porte beaucoup de fruit. »
Ce commandement est important non seulement pour notre personne, pour notre salut, mais parce que si nous demeurons en Lui, nous portons du fruit.
Or, nous sommes l’Église qui est appelée à transmettre, à porter du fruit. Jésus nous le dit Lui-même : « Allez, enseignez toutes les nations, et baptisez-les. » Transmettez-leur la Vie ! Ce qui faisait dire à S. Jean-Paul II : « Celui qui ne porte pas de fruit n’appartient pas à l’Église. »
Pour comprendre l’importance de l’Église dans nos vies, regardons saint Paul. Il a vu le Christ, dans cette expérience mystique du chemin de Damas, et pourtant, il doit se faire baptiser parce qu’il n’a pas vécu avec Jésus, il n’a pas demeuré en Lui jusqu’à cet instant où il reçoit le baptême des mains d’Ananie.
Il doit passer par l’Église qui est chargée de transmettre la Vie divine. Comme Jésus nous transmet la Vie de Son Père, ainsi l’Église nous transmet-elle la Vie du Fils, en commençant par le Baptême. L’Église est le corps intermédiaire nécessaire pour créer notre relation à Dieu, pour la construire.
Y pensons-nous ? Songeons-nous que la foi qui anime notre vie chrétienne, nous est transmise par l’Église et dans l’Église ? Réalisons-nous que c’est l’Église qui nous a transmis la foi, ne serait-ce que par la présence autour de nous de nos parents et grands-parents, de nos amis, d’une communauté paroissiale ? Nous ne croyons pas en Dieu tout seuls ! Car pour croire il faut que l’on nous ait enseigné et pour que l’on nous ait enseigné, il faut qu’il y ait eu quelqu’un d’envoyé : « Comment croire sans d’abord l’entendre ? Et comment l’entendre sans prédicateur ? » écrivait Paul aux Romains.
« N’aimons ni de mots ni de langue, mais en actes et en vérité… »
Si l’Église transmet la foi, elle transmet aussi la charité par le biais de tous les exemples de sainteté qui jalonnent et éclairent son histoire à travers le monde. Nous avons certainement déjà eu l’occasion de voir autour de nous ces exemples d’une charité vécue, dans toute la force vive de l’Esprit… Et même avons-nous pu profiter de ces charités rencontrées en cherchant à les imiter… N’est-ce pas comme cela d’ailleurs que l’enfant peut grandir et découvrir l’amour : en regardant et voyant de quel amour ses parents essayent de développer leur amour conjugal ?
Quand nous aimons en actes et en vérité comme nous le demande Saint Jean, nous témoignons de notre adhésion à Jésus, nous témoignons que nous sommes greffés sur Lui, que c’est le même Esprit, la même sève, le même sang qui passe du Père au Fils et du Fils en nous. Nous portons alors du fruit pour la gloire du Père, « car c’est la gloire de mon Père que vous portiez beaucoup de fruit… »
Que veut dire porter du fruit ? Si j’aime en actes et en vérité, c’est que mon être est greffé sur l’être de Jésus qui dépend Lui-même de l’être du Père. De sarment que je suis vis-à-vis du Christ, je deviens cep vis-à-vis de mes frères par cette charité divine que je transmets et qui contribuera à leur donner lumière, chaleur, confiance, espérance, joie enfin d’un cœur qui se découvre aimé par Dieu et Ses enfants.
Et la chaîne de sainteté dans l’Église se transmet ainsi de génération de fidèles en génération de fidèles…
Redécouvrons le mystère de l’Église, non pas seulement comme une institution qui a bien entendu ses défauts et ses misères, mais comme une Mère, une Mère qui donne la Vie comme Marie : « Femme, voici ton fils, fils, voici ta mère. »
Saint Temps Pascal à chacun !