Pour toutes les nations le Christ est devenu porteur de Vie, pardonneur du péché. C’est le message rappelé dans la lecture des Actes des Apôtres. Bien entendu, dans notre vie, les deux états sont mélangés : nous sommes à la fois demeure de Jésus-Christ pour une part plus ou moins grande qui varie au fil des jours, et donc nous avons, dans la grâce de Jésus-Christ (Sa Vie en nous) le pouvoir d’extraire doucement telle ou telle faute, telle ou telle passion, telle ou telle tendance du vieil homme ; et puis pour la part de nous dans laquelle Jésus ne réside pas encore et ne nous permet pas de vaincre le mal, nous avons le recours au pardon de ce Christ qui, de l’extérieur, vient nous pardonner.
Jésus est l’Intercesseur éternel de l’homme devant Son Père
D’où l’importance de ce que Jean nous révèle du sacerdoce éternel de Jésus-Christ dans sa première épître : « Petits enfants ne péchons pas, ne vivez pas avec le péché – c’est l’exhortation de Jésus qui est reprise par la bouche du disciple bien-aimé – mais s’il vous arrive de retomber dans la faute, sachez que vous avez un défenseur auprès du Père. » Cette phrase fonde la joie de l’Église parce que Jean nous affirme que Jésus est à jamais devant Son Père, ressuscité, dans Son état d’intercession et de défenseur qui est propre à la personne du Christ, particulièrement à la Croix.
Aussi, Jean nous révèle qu’éternellement Jésus intercède pour, diront les Actes des Apôtres, toutes les nations de la terre c’est-à-dire toutes les générations humaines qui viennent à l’existence en notre monde, afin de leur pardonner et de leur donner la Vie. Nous sommes dans le temps de la Résurrection qui se fonde sur l’acte de la Résurrection de Jésus-Christ, moteur de la Résurrection du peuple de Dieu, de l’Église, de l’humanité qui vit ainsi comme suspendue à l’éternisation de l’acte sacerdotal de Jésus-Christ et de Son état d’intercession, devant le Père.
L’Église est le Corps de la Tête…
Avec la Résurrection pascale, nous sommes entrés véritablement dans un temps nouveau qui est ce temps de l’ecclésia, de la communauté des croyants, Corps de la Tête. L’Église ce n’est pas seulement nous, c’est le Corps de la Tête ; et le Corps est relié à la Tête par cet influx, la grâce qui part de la Tête : grâce de la vie, grâce du pardon, grâce de la Résurrection, grâce de l’homme nouveau, vie de l’Esprit…
Cette foi en Jésus ressuscité, et donc en Jésus Prêtre des biens à venir, Prêtre éternel dira l’épître aux Hébreux, Intercesseur éternel, est fondée sur le témoignage des apôtres. Comment notre foi est-elle fondée sur le témoignage des apôtres ? L’est-elle au même titre, au même niveau que, dans un livre d’histoire, notre confiance, notre adhésion est fondée sur le récit de tel biographe ? La foi n’est pas une adhésion purement humaine de l’intelligence à un message par la volonté.
« Mes paroles sont esprit et elles sont vie »
La foi est mue par la grâce qui, seule, nous permet de dépasser notre propre horizon d’homme, notre horizon de créature, notre horizon naturel. Seule la grâce de foi nous permet de dépasser l’horizon humain pour accéder à quelque chose qui, de nature, est hors de notre portée, mais nous est révélé dans l’Écriture : cela s’appelle la vie intérieure de Dieu.
La Bible n’est pas seulement un écrit et n’est surtout pas d’abord un écrit ; elle est d’abord Parole. En tant que Parole, l’Écriture est Souffle, elle est Vie. Jésus dira : « Mes paroles sont esprit et elles sont vie. » En tant que Parole, la Bible est insaisissable pour celui qui ne renaît pas de cette Vie c’est à dire du Souffle, de l’Esprit. Jean rapporte le discours de Jésus à Nicodème : « Pour celui qui ne renaît pas de l’Esprit, il n’est pas possible d’entrer dans le Royaume. » Le Royaume c’est bien la Vie de Dieu, c’est l’intimité de Dieu. Celui qui accepte de renaître dans l’Esprit peut, non pas capter ou saisir la Vie de Dieu, mais entrer en Elle, se laisser séduire par cette Vie, se laisser prendre par cette Vie… Jusqu’à finalement La garder, La mettre en pratique, s’établir dans un phénomène d’osmose entre lui et la Vie, renaître, co-naître, naître avec Dieu.
« Nul ne peut nommer Jésus Seigneur s’il n’est pas né de l’Esprit »
« Celui qui connaît Dieu c’est celui qui garde Ses commandements » nous dit Jean, c’est-à-dire celui qui garde la Parole, qui est en Elle. Ce n’est pas celui qui La maîtrise intellectuellement, qui La possède, qui La capte, mais c’est celui qui, au contraire, se fait dépouiller, s’élimine, s’oublie en Elle. Celui-là alors connaît Dieu comme Père et s’établit en Lui dans la relation d’intimité propre à l’enfant.
Au contraire celui qui n’accepte pas de renaître dans l’Esprit, qui n’accepte pas ce don de la grâce, celui-là ne peut rien dire sur Dieu, il est un menteur, il n’est pas dans la vérité. Pour pouvoir parler de Dieu, il faut être enfant de Dieu, il n’y a que l’enfant qui puisse nommer son Père, qui puisse décrire son Père, qui puisse se laisser posséder par cette relation du Père. Saint Paul le dira dans son épître aux Corinthiens : « Nul ne peut nommer Jésus Seigneur s’il n’est pas né de l’Esprit. »
Encore une fois, il ne s’agit pas tant de posséder techniquement la Bible comme on possède un document sanscrit ou le code d’Hammourabi. Il s’agit de se laisser capter, posséder par Elle, d’accepter de recevoir la Vie propre de la Parole qui s’appelle l’Esprit et qui, infusé dans mon intelligence, prend le nom de Foi et me permet d’adhérer à la Personne, à la Vie intime de Dieu.
Saint Temps Pascal à chacun !