Calendrier d’Avent
MÉDITATION
Un Avent existentiel avec Isaïe
Parmi les particularités liturgiques du temps de l’Avent nous trouvons le chant du Rorate caeli. Il s’agit d’une composition de différents textes tirés du livre du prophète Isaïe, caractéristique pour la liturgie de l’Avent. Dans le Rorate, nous traversons en quelque sorte le drame de l’histoire du salut d’Israël. Regardons donc d’un peu plus près ce chant et le message du prophète Isaïe.
I Le feuillage ballotée
Israël, coupable devant Dieu, vaincu par l’ennemi, humilié et exilé, est décrit par le prophète comme un feuillage flétri, ballotté par le vent (Is 64,5). Aussi simple que cette image puisse nous paraître, elle semble digne d’un prix Nobel de littérature : La vie l’a quitté. Il suffit d’un coup de pied pour que tout se réduise en miettes sèches. Oui, il s’agit de l’expérience de l’hiver. Les phénomènes naturels de cette saison nous confrontent inévitablement au rythme de la vie et de la mort. Dans un autre passage, Isaïe l’exprime ainsi : « Toute chair est comme l’herbe, toute sa grâce, comme la fleur des champs : l’herbe se dessèche et la fleur se fane… » (Is 40,6-7).
II Consolamini
C’est dans cette situation que Isaïe proclame son message de consolation : « Consolez, consolez mon peuple, – dit votre Dieu – parlez au cœur de Jérusalem » (Is 40, 1-2). Dieu lui-même s’engage : il s’est choisi Israël, il ne le laissera pas tomber, il n’oublie pas le peuple dans sa misère. Non, il ne le peut pas, car « c’est moi, le Seigneur ton Dieu, qui saisis ta main droite, et qui te dis : Ne crains pas, moi, je viens à ton aide » (Is 41, 13). Un peu plus tard, le prophète exprime cette expérience de manière encore plus touchante : « Une femme peut-elle oublier son nourrisson, ne plus avoir de tendresse pour le fils de ses entrailles ? Même si elle l’oubliait, moi, je ne t’oublierai pas » (Is 49, 15). C’est peut-être ici que s’exprime l’une des expériences les plus importantes du peuple de Dieu, à savoir celle de l’amour fidèle de Dieu, source d’espoir pour Israël, ancrée dans la mémoire collective de ce peuple. Ces versets ne sont-ils pas parmi les plus beaux que l’Écriture Sainte nous offre ?
III. Une joie humble
Il faut que nous nous retrouvions dans le chant du Rorate. Nous sommes, nous aussi, confrontés à notre propre fragilité. Pas besoin d’une pandémie pour cela, chaque petit coup de froid nous le rappelle. Et c’est exactement dans cette constitution que Dieu prononce sa venue. Plus encore, il nous assure déjà de sa présence. Dieu a déjà commencé à célébrer son Avent en nous. Mais il ne devient vivant que par notre foi. Il ne s’agit pas du tout d’une foi triomphante. Mais d’une foi silencieuse, modeste, pleine d’espoir, voire d’une foi joyeuse. Le théologien allemand Karl Rahner, en caractérisant la foi de l’Avent, parle d’une joie humble. Il utilise pour cela l’image suivante : c’est la joie d’un prisonnier qui, se trouvant encore dans son cachot, se lève parce que la clé de la serrure de sa porte est déjà tournée. Il se sent déjà libre, mais il porte encore ses chaînes. C’est ainsi que nous commençons à comprendre que l’Avent nous place devant un choix tout à fait existentiel : Est-ce que je choisis le désespoir hivernal et je me laisse emporter comme les feuilles mortes ? Ou vais-je choisir la joie humble de la foi qui sait que le grand Dieu est déjà présent dans ma vie ? Comme le dit Isaïe : « Il est grand au milieu de toi, le Saint d’Israël ! »