« DIEU SAIT TOUT, DIEU PEUT TOUT ET DIEU M’AIME. »

« Lui en qui nous avons la vie, le mouvement et l’être »

Voilà ce que l’Eglise nous fait demander à Dieu.

D’abord la demande de la vie. Or nous existons. Nous demandons donc, non pas seulement d’exister, puisque nous sommes là ; mais nous demandons d’être conservés, soutenus dans l’existence.

Dieu est non seulement le Créateur mais Il est le conservateur de notre être, c’est « Lui en qui nous avons la vie, le mouvement et l’être » dit la Parole dans le livre des Actes des Apôtres. C’est Lui qui nous soutient de Son souffle. Donc nous demandons d’abord cette vie ; même si nous sommes en bonne santé, nous demandons d’être conservés, comme l’Univers, comme tout ce qui est suspendu aux mains de Dieu, au Souffle divin.

« Vivre dans l’amour et le respect de son saint nom »

Et puis nous demandons aussi de « vivre dans l’amour et le respect de son saint nom » c’est à dire de Sa Personne.

Le nom, nous le savons, représente, chez les Sémites, la personne.

Nous le demandons parce que c’est effectivement, d’après la Révélation, ce qui nous distingue de l’animal. Ce n’est ni notre rapidité, ni notre ruse, ni notre mobilité, c’est cette relation d’Amour que Dieu veut établir entre Adam, et Eve, la mère des vivants, et Lui. C’est à cela que nous sommes appelés. C’est à Adam que Dieu s’adresse, c’est à Adam que Dieu donne aussi une compagne pour qu’il ne soit pas seul dans son cheminement vers Lui.

Nous demandons donc à Dieu de vivre dans cet Amour qui est le Sien et qu’Il nous propose de partager dans cette relation que Dieu Lui-même décrira comme sponsale par Sa Parole.

« Ton Créateur t’épousera… »

Alors nous pouvons nous poser la question : pourquoi Dieu nous demande-t-Il de lancer cet appel  à travers la prière de l’Eglise : Fais-nous vivre,… fais-nous vivre dans cet Amour, fais-nous vivre dans le respect de Ta Personne, de Ton plan mystérieux de Créateur… Fais-nous vivre avec Toi qui es notre Créateur, notre Conservateur donc qui es au-dedans de nous et avec lequel nous devons entrer en relation… ?

Car c’est bien là tout le cri du Prophétisme : « Ton Créateur t’épousera… » dit Isaïe. « Réjouis-toi fille de Sion parce que le Seigneur est en toi, au milieu de toi… » dit Zacharie.

C’est avec Dieu dans mon âme en tant qu’ll est l’être de mon être, la Vie de ma vie, le Souffle de mon souffle, l’Âme de mon âme, c’est avec ce Dieu-là que je suis appelé à entrer en relation, et non pas avec un Dieu qui serait à l’extérieur de mon être.

« Dieu pourvoira ! »

Mais, encore une fois, pourquoi Dieu me demande-t-Il de lancer cet appel puisque la Collecte continue et précise qu’ « Il ne cesse de guider, d’accompagner ceux qu’Il a enracinés dans son amour » ?

Puisqu’en effet Il me donne la Vie, puisqu’Il me rachète par le don de Son Fils, puisqu’Il me donne l’Eglise et les sacrements, qu’ai-je donc besoin de Lui demander quelque chose ?

Dieu pourvoit. C’est vrai, c’est ce que dit Job et avec lui tous les grands maîtres spirituels de l’Ancienne Alliance : « Dieu pourvoira » ! Souvenons-nous d’Abraham à l’occasion du sacrifice d’Isaac : « Mais où est l’agneau pour le sacrifice, père ? Dieu y pourvoira mon fils. »

« Tout est grâce ! »

Malgré cela Dieu nous demande cette prière. Il nous demande de L’appeler, de toute notre force. Il nous prie de Lui demander, de tout notre cœur, la vie et la relation d’Amour établie avec Lui. Il le fait pour nous rappeler que cette Vie, que cette relation amoureuse vient de Lui ; c’est Lui qui nous la donne !

Je ne me situe pas seulement au plan ici de l’éthique et du combat fantastique que l’Eglise est obligée de mener actuellement pour préserver la vie, préserver la vie des enfants, préserver la vie des vieillards. Je me place à un niveau encore plus profond, universel, cosmologique, en même temps que spirituel. C’est de Dieu que nous tenons la vie, c’est de Dieu que nous tenons cette relation amoureuse qu’Il établit dans la création d’Adam.

Dieu demande que nous nous rappelions que tout est grâce, que le don de la Vie de Dieu est grâce, que le don de l’Amour de Dieu est grâce, que tout ce qui touche à la vie, à la vie la plus quotidienne, la vie la plus simple, que tout ce qui touche à notre relation à Dieu en tant qu’homme, en tant que créature, tout cela est grâce comme le rappelait sainte Thérèse. Dieu nous demande de faire cette prière pour nous rappeler notre état de créature.

Creuser dans notre âme le sillon de l’humilité…

Nous en avons bien besoin de nos jours… Et cela, plus nous montons en puissance dans la compréhension de l’univers, dans la compréhension de l’infiniment grand et de l’infiniment petit qui bientôt n’auront plus de secret pour les savants ! C’est vrai, l’infiniment grand et l’infiniment petit bientôt seront dévoilés à notre regard…

Et pourtant nous restons des créatures ! Pourtant l’infiniment grand reste créé tout comme l’infiniment petit ! Dieu veut nous remettre dans notre état de dépendance de créature.

Tout d’abord pour creuser en nous ce sillon d’humilité qui nous permettra de recevoir le plus profondément possible, à la bonne place, la semence : le don de Dieu, le don de la Vie, le don de l’Amour, afin que cette semence germe au maximum. Qu’est-ce que c’est que le don de la Vie ? C’est immense, c’est extraordinaire ! Qu’est-ce que c’est que le don de l’Amour ? C’est inexplicable.

Donc pour que cette semence tombe à sa bonne place, il faut que soit creusé dans notre âme ce sillon, ce sillon de l’humilité dans lequel sera déposée la graine de Dieu.

La dépendance apporte la paix et la paix apporte la liberté.

Mais ce n’est pas seulement pour cela ; comme ce n’est surtout pas pour nous mortifier. La dépendance de créature que Dieu veut nous remettre en conscience ce n’est pas pour nous enfermer, nous rendre esclave…

Il y a quelque chose d’autre que le message de Jésus-Christ apporte avec l’Evangile : la dépendance apporte la paix et la paix apporte la liberté.

C’est surtout pour cela que Dieu nous remet en face de notre état d’enfant, notre état de dépendance de la créature qui doit tout demander au Créateur et au Père. Car quoi de plus rassurant pour nous, pour notre vie d’hommes et de femmes, que de savoir que cette vie, que le sens de cette vie, que l’aboutissement de cette vie ne dépend que de Dieu ?

Non pas de nous, non pas de nos richesses, de notre intelligence, non pas de notre culture, ni de notre monde qu’il soit bon ou mauvais, qu’il soit occidental ou oriental : nous aurions la chance d’être français, anglais, catholiques, orthodoxes, juifs, musulmans ? Justement non ! Tout de notre vie, du sens de notre vie, de l’aboutissement de notre vie ne dépend, n’est suspendu qu’à la volonté de Dieu c’est à dire l’Amour de Dieu.

« Puisque Dieu est pour nous, qui peut être contre nous ? »

Et rien ne peut nous séparer de cet Amour dira saint Paul : « Puisque Dieu est pour nous, qui peut être contre nous ? » !

Dieu est fidèle ! La seule chose qui puisse briser la vie et la relation à Dieu c’est mon refus.

Dieu respecte ma liberté. Mais tout le reste est dans Sa dépendance, la dépendance de Celui qui m’a créé. « Va-t-il me supprimer la vie puisqu’il m’est apparu à travers son ange ? » disait la mère de Samson. Il lui a donné la vie, Il lui a donné un fils, va-t-Il donc la faire mourir maintenant ?

Est-ce que Dieu va nous briser ? Est-ce que Dieu va nous abandonner ? Est-ce que Dieu ne va pas essayer au contraire de protéger, de faire grandir cette graine, cette semence, cette humanité qu’Il a lancée dans l’Univers pour entrer en relation avec Lui ?

Oui, comme disait Paul : « Dieu est fidèle, lui qui vous a appelés à vivre en communion avec son Fils, Jésus-Christ notre Seigneur. »

« Dieu est fidèle ! »

Il faut donc revenir à ce regard, et c’est le sens de cet épisode de la tempête apaisée.

Le Christ reproche aux apôtres leur aveuglement. Le Christ est près des apôtres dans la barque, Il est avec eux et ils ne le voient pas. Ils ne le voient pas comme tel c’est-à-dire comme Tout-puissant, avec une Toute-puissance d’Amour, avec une Toute-puissance de protection.

Alors Jésus connaissant l’homme et la faiblesse humaine -puisqu’Il voit l’expérience de Ses pauvres apôtres à qui il manque ce regard clair qui pénètre l’humanité de Jésus pour y toucher le Fils de Dieu Tout-puissant d’Amour- nous met en garde à notre tour.

« Ne craignez pas, ayez la foi. »

Nous aussi nous avons nos souffrances, nous aussi nous avons nos bourrasques… Qui n’a pas de bourrasques dans sa vie ?… Qui n’a pas de tempêtes : tempête de cœur, tempête d’esprit, tempête de santé, de souffrances et de mort, tempête de soucis familiaux ou professionnels ?…

Nous aussi nous avons ces vagues qui viennent se briser sur la coque de notre âme. Parce que la barque représente l’Eglise et donc elle représente notre âme. Nous aussi nous avons ces tempêtes intérieures qui viennent sur nous de manière très brutale (comme dans le lac de Tibériade, si petit que le moindre vent y provoque une tempête !)

Jésus nous met en garde : « Ne craignez pas, ayez la foi ! », c’est-à-dire ce regard pur, ce regard aigu qui au-delà de l’humanité de Jésus touche la Personne du Verbe, Fils de Dieu Tout-puissant.

« Dieu sait tout, Dieu peut tout et Dieu m’aime. »

Dieu sait tout, Dieu peut tout et Dieu m’aime. Avec cette certitude, on peut aller jusqu’au bout du monde ! La foi n’enlève pas les souffrances, ni les tempêtes ; elle les apaise, en nous donnant un regard autre sur ces souffrances et leurs causes.

Vous êtes pécheurs : le Christ est là pour vous pardonner.

Vous êtes limités : le Christ est là avec Sa Toute-puissance.

Vous êtes en conflit : le Christ est là avec Sa paix.

Souvenons-nous de cela : Dieu peut tout, Dieu sait tout et Dieu m’aime. Croire en cela, voilà la foi chrétienne !

Mgr Jean-Marie Le Gall

Communauté Saint Martin

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