La Communaute Saint-Martin : choix du coeur ou de la raison ?
Qu’il est délicat de parler de soi ! Depuis longtemps nous entendons la question : « Qu’est ce qui conduit des jeunes dans votre Communauté ? » Inspirée de ce qu’en disent les « arrivants », voici une tentative d’expliquer ce qui peut l’être…
Difficile de circonscrire en quelques lignes les raisons qui poussent aujourd’hui des hommes à quitter le monde pour servir le Christ et l’Église dans et par la Communauté Saint-Martin. Mais nous avons tous le désir de savoir comment la Communauté peut servir au mieux l’Église, parce que c’est son unique raison d’être. Essayons donc de dégager les motivations essentielles qui ont conduit les séminaristes à choisir la Communauté, dressons une liste qui ne saurait être complète, en sachant que ces raisons, bien présentes dans le coeur, ne sont pas toujours nommées au premier abord par l’intelligence.
L‘appel du Christ et la rencontre de l’Eglise, d’une famille
Osons le dire, le plus humblement possible : si des hommes rentrent aujourd’hui dans la Communauté, c’est parce que le Christ le veut. C’est la cause essentielle. Ce n’est donc pas une question de mérite ou de réussite en communication. La Communauté Saint-Martin forme aujourd’hui des futurs prêtres pour l’Église parce que Jésus-Christ entend former dans cette institution des serviteurs. C’est donc Lui qui les appelle et les confie à la Communauté Saint-Martin. Monsieur l’Abbé Guérin, fondateur de la Communauté, a toujours eu conscience de cela. Il s’est toujours considéré comme l’instrument, parmi tant d’autres, de cette volonté particulière de Dieu. L’Esprit a été et demeure l’acteur principal de cette oeuvre de Dieu. Dans son origine comme aujourd’hui, la filiation et l’obéissance de la Communauté à l’Église ont toujours voulu garantir ce regard de foi.
Dans la logique du mystère de l’Incarnation, l’appel qu’adresse le Christ à un homme pour rentrer dans notre communauté passe toujours par la rencontre avec des prêtres amoureux du sacerdoce et de l’Église. Les séminaristes le disent tous. Identité sacerdotale explicite, amour du Saint-Père, docilité au Magistère suscitent et favorisent ce désir de servir l’Église. Plus mystérieusement, c’est aussi l’esprit de famille régnant dans la Communauté qui ouvre le cœur de ces hommes au mystère de l’Église. En effet, la joie visible, un sens de l’accueil, une humanité réaliste, une virilité assumée sont autant d’ingrédients qui aident celui qui est appelé et qui se trouve pour une retraite à Candé, à découvrir qu’il ressemble aux séminaristes, qu’il peut devenir comme eux, c’est-à-dire qu’il peut s’épanouir comme homme en devenant prêtre. Cela rejoint d’ailleurs une conviction forte de notre fondateur qui disait souvent : « avant de faire des prêtres, il faut faire des hommes décomplexés, libres et responsables. » Rentrer dans une famille, avec son esprit et son identité, où les différentes générations semblent s’épanouir, est un motif d’espérance. Dans un monde où beaucoup ont peur de s’engager, l’esprit de famille est un excellent appel à la confiance.
Cet esprit de famille se construit dans et par une vie liturgique qui saisit tout. Prendre Dieu au sérieux sans se prendre au sérieux, et faire filialement ce que l’Église nous demande. Ces devises pourraient caractériser notre manière de vivre la liturgie. Belle et sobre, la liturgie est un des espaces sacrés dont tous les retraitants se nourrissent. La liturgie apaise et rassure, élève l’âme et conduit ceux qui sont appelés à dire oui. L’Eucharistie apparaît effectivement comme la source et le sommet de la vie de notre maison de formation.
Vivre comme les apotres
Comme notre nom l’indique, on choisit aussi Saint-Martin pour vivre… en communauté. En effet, toujours en se projetant comme prêtre dans l’avenir, celui qui discerne se voit souvent mieux vivre et exercer son ministère avec d’autres que seul. Ce désir positif de vivre le ministère en commun, mêlé à une peur de se retrouver seul dans son presbytère, devra au cours de la formation être purifié de la peur de la solitude, qu’il s’agit de regarder en face. C’est à ce prix que la décision de vivre en communauté prend sa valeur et son sens : celui de vivre le ministère à la manière des apôtres. En outre, cette dynamique, créée par la mobilité et par la diversité des ministères, rend réaliste le désir généreux de se donner sans condition. Le séminariste quitte le monde, sa famille, ses amis, son travail ou ses études, se met à l’écart et construit son amitié avec le Christ et avec ses futurs frères de ministère.
Une « alchimie » heritee et a transmettre
Certains diront que nous vivons comme des religieux. Il ne me le semble pas. Nous essayons simplement de répondre à cette invitation du Concile Vatican II qui exhorte les prêtres séculiers à adopter un style de vie communautaire. Celui qui prend la décision définitive de rentrer dans la Communauté devra connaître les renoncements qu’il fait. Il saura qu’il les fait dans un souci de sanctification pour suivre plus concrètement le style de vie des apôtres autour du Christ. En définitive, si c’est le Christ qui appelle certains à rentrer dans la Communauté, ce sont la cohérence et l’unité de la formation qui attirent. Le séminariste qui choisit notre maison de formation veut simplement servir le Christ et l’Église en sentant qu’il peut s’épanouir comme homme, comme chrétien et comme prêtre. Il sent qu’il rentre dans une famille où la confiance et le bon esprit sont des conditions essentielles pour se former.
Amour du sacerdoce, liturgie, vie en communauté, docilité au Magistère dans les études, autant d’éléments qui constituent cette « alchimie », héritée de notre défunt fondateur, qui s’avère correspondre à l’attente de beaucoup de jeunes aujourd’hui.