Je dirais que « marcher en présence de Dieu », comme y invite souvent la Parole, c’est tout simplement être vraiment conscient que Lui est le Père toujours présent à Son enfant. Nous prierons la Collecte en pensant à cette communion filiale au divin Présent.
Cela nous évitera d’y voir une invocation déiste ou théiste au Grand Horloger. Si Dieu régit l’univers du ciel et de la terre, nous savons par Sa Révélation en Jésus qu’Il est le Père de toutes les créatures visibles et invisibles. Il leur est présent non seulement au titre de Créateur mais au titre de cette paternité d’amour. C’est pourquoi Il peut exaucer les prières de Son peuple (peuple choisi pour lequel Il est Dieu-avec).
Exaucer nos prières n’est pas une soumission de Dieu à nos volontés capricieuses. C’est au contraire nous donner la grâce de construire, devant Lui, en Sa Présence, dans l’Amour, un monde de Paix. C’est à cette fin d’ailleurs que le fidèle s’approche de la table eucharistique. Le fruit de la communion est en effet la greffe toujours renouvelée de chacun à la Personne du Christ et, automatiquement, la communion à tous les frères de Jésus par le lien de la Paix que l’Esprit unique renforce en venant en chacun, comme le rappelle Paul dans la deuxième lecture. Telle est notre démarche rappelée par la Prière sur les offrandes et par la Postcommunion.
A Noël, Dieu se fiance à l’humanité
Le Temps ordinaire est donc un temps donné pour savourer les grâces de l’union célébrée par le mystère de Noël. En naissant parmi les hommes Dieu se fiance à l’humanité. Il consommera ces épousailles en donnant Sa vie pour elle sur la Croix.
Les lectures rappellent donc à juste propos le sens mystique de l’Incarnation. La terre n’est plus désolée, car l’humanité est l’épousée de son Créateur. Le plus merveilleux étant que cette appellation n’est pas une qualification générique : chaque âme humaine doit se voir comme la préférée de son Dieu, comme la jeune fille choisie délicatement par Celui qui veut se donner à elle.
En contemplant ce très pur amour de Dieu, l’homme et la femme peuvent réajuster la manière dont ils s’aiment dans le mariage, signe de l’union du Ciel et de la terre. Comme le suggère Isaïe, il n’est pas question de « prendre » une femme comme le langage nous le suggère. Il s’agit pour le conjoint de « mettre en son épouse sa préférence », le suc de ce qu’il est, la fine pointe de son cœur. Ce n’est pas d’abord la semence engendrante, c’est le sommet de son amour le plus chaste et donc le plus libre !
Versez, puisez, donnez…
Cana est l’image la plus délicate par laquelle Dieu nous signifie Son désir de s’unir à chacun de nous. C’est probablement pour cette raison que Jésus accepta l’invitation de venir aux noces.
La réalité de ce premier signe de Cana, derrière le prodige du miracle, c’est la manifestation que Dieu aime l’humanité d’un amour fou qui ne se reprend pas et se donne jusqu’à la mort ! Pour participer à cette union, pour répondre à la demande en mariage du Seigneur, il suffit de déposer dans les cuves de pierre notre vieille humanité, de puiser à la source des sacrements l’Humanité nouvelle du Christ et de se présenter ainsi à nos frères pour qu’ils puissent à leur tour venir se désaltérer à la source de l’Amour !
« Versez, puisez, donnez ! » : telle pourrait être notre devise pour la deuxième semaine du Temps Ordinaire !