Qu’est-ce que l’esprit d’enfance ? L’enfance c’est la petitesse, c’est l’humilité qui provoque l’admiration, l’étonnement, l’émerveillement devant celui qui est plus grand, le père, la mère, l’éducateur… Et cet émerveillement entraîne spontanément la confiance et l’amour. Voilà ce qu’est l’esprit d’enfance. Dieu, dans ce mystère où Il se fait homme, accomplit en fait le premier et véritable acte de l’enfance du monde, cette enfance éternelle, dont parlera Claudel.
Ne voyons-nous pas que c’est un Dieu-enfant ce Dieu qui est don entier, qui est oubli de soi, qui est toute humilité pour regarder l’homme si bas ? Ne voyons-nous pas que c’est un Dieu-enfant ce Dieu qui est toute humilité et tout émerveillement devant la grâce de Marie : « Réjouis-toi Marie pleine de grâce, le Seigneur est avec toi » ?
Réfléchissons à cet émerveillement de Dieu devant la jeune Marie, devant ses 15 ans de pureté, de pure capacité du Père… Et voilà qu’après l’émerveillement qui est là, Dieu, toujours comme un enfant, va se confier : le Père va confier Son Fils à Marie ! Alors que nous, les humains, faisons bien attention à ne pas confier nos enfants à des inconnus, voilà que Dieu tout confiant, tout émerveillé de la grâce de Marie, va lui confier Son Fils, pour qu’elle Lui donne la vie et L’éduque, y compris dans la vie surnaturelle.
Et plus encore que Son Fils, le Père va confier à Marie tous Ses fils et leur salut. Saint Bernard dira : « Marie, je t’en supplie, dis-oui ; à tes lèvres est suspendue toute la re-création, toute la grâce, toute notre rédemption ! »
« Dieu vit que cela était bon »
Si Dieu est venu en enfant, c’est pour nous apprendre, pour nous réapprendre, pour nous faire redevenir des enfants, pour nous faire redécouvrir ces qualités de petitesse, de l’émerveillement, de l’admiration, de la confiance…
Regardons comme nous sommes blasés, quels que soient nos âges, du plus petit avec ses jouets qui remplissent sa chambre, jusqu’au plus savant qui se demande jusqu’où et comment il va pouvoir ‘transhumaniser’ la vie…
N’est-ce pas maintenant, en la nuit de Noël, le moment de crier pour la sauvegarde de la vie ? Sommes-nous encore capables de nous émerveiller devant une vie humaine, devant une semence qui grandit, plutôt que de vouloir l’étouffer parce qu’elle nous gêne ?
Voilà ce que Dieu cherche à provoquer en nous, en venant en nous, comme un enfant : nous faire découvrir l’émerveillement devant les merveilles du monde, donc, devant les merveilles de Dieu, et devant la merveille des merveilles de Dieu qu’est l’homme.
« Il vit que cela était bon » : pourquoi ne serai-je pas en admiration devant ce que Dieu a admiré quand Il créa l’homme à Son image, quand Il y mit Son sceau avec le Verbe et quand Il y mit Son Souffle avec Son Esprit comme cela apparaît en perfection dans l’âme de la Vierge Marie ?
Dieu est, en moi, plus moi que je ne suis moi-même…
Pourquoi, bien que pécheurs, ne serions-nous pas capables nous aussi de redécouvrir dans notre âme cette présence de Dieu-Créateur, voire de Dieu dans Sa paternité ? Dieu est en moi plus que je ne le suis moi-même, aimait à dire St. Augustin !
Oui, Noël est la Fête de l’Emmanuel, parce qu’Il vient, mais surtout parce qu’Il est déjà là ! C’est ce que Jésus veut nous montrer du doigt avec Ses petites menottes dans Son humble berceau, à la crèche…
Soyons enfants pour être pleins d’émerveillement comme Dieu quand Il regarde Marie et apprenons de Lui : comme Lui, regardons l’homme comme une capacité de Dieu… Oui, découvrons en chacun d’entre nous la présence divine du Créateur et répondons-y avec une foi confiante pour qu’elle se transforme en présence du Père.
« Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu ? »
Comment voudrions-nous attaquer l’année nouvelle qui va commencer dans une semaine ? Dans la crainte de l’avenir ou dans le réconfort de Sa Présence inamissible, si nous savons que nous sommes le temple de Dieu et qu’en Lui, nous pouvons tout ? Il n’y a pas de crainte à avoir, lorsqu’on pense que Dieu, comme s’Il était trop à l’étroit dans Son infinité, S’est construit des habitations de surcroît en chacun et chacune d’entre nous pour S’y glisser, pour y être bien, y pouvant être comme chez Lui …
Voilà ce que Jésus veut nous faire découvrir. Alors, émerveillons-nous, ne serait-ce qu’une minute, devant ce qui est dans notre âme : Dieu le Père que le Fils vient de me révéler.